Doumbi Fakoly : « Quand on déçoit les ancêtres, on paie cash ! »
Doumbi Fakoly fait partie de ces Africains qui ont le courage chevillé au corps.
Il n’a pas l’habitude de s’embarrasser de fioritures pour exprimer sa pensée, d’autant que cela concerne un point extrêmement crucial à ses yeux : le devenir de son peuple. Le devenir des Africains.
Pour cela, cet homme qui a été formé dans la science de gestion, qui a exercé comme gestionnaire et financier, s’est lancé dans l’écriture il y a quelques années de cela (1994 avec La révolte des Galséniennes, roman, chez Publisud, 17€38) avec pour décor le continent africain. Les Hommes qu’on y retrouve sont Africains. Qu’ils appartiennent à notre passé ou qu’ils fassent partie, physiquement, de notre présent.
Doumbi Fakoly est ce qu’on appelle un auteur polygraphe. Il manie aussi bien le roman que l’essai. Et ses essais sont très bien documentés, extrêmement fouillés.
J’ai d’abord fait sa connaissance par ses livres avant de le rencontrer pour la première fois à l’occasion d’un salon du livre. L’interrogeant sur sa production aussi bien intéressante sur le plan de la qualité que de la qualité, il m’a répondu qu’il n’avait aucun mérite à ce niveau, mais que c’est plutôt les ancêtres qu’il faut remercier et féliciter car ces derniers sont ses guides et ses inspirateurs.
J’étais resté sans voix mais la fermeté de son propos, l’assurance de ses mots avaient commencé à instiller un certain doute en moi, sur les relations entre les vivants et les morts.
Les ancêtres…
Combien de fois n’entend-on pas un Africain jurer au nom de son père disparu ou au nom de sa grand-mère qui, elle non plus n’est plus de ce monde ? Qu’ils soient chrétiens ou musulmans, les Africains, pour la plupart, gardent un lien très fort et sacré avec leurs morts. C’est encore une preuve que tout ne peut être perdu au sein d’un peuple, surtout le nôtre, malgré le trafic négrier, la colonisation, les massacres et la néocolonisation. Il demeure en chacun d’entre nous, que ce soit à dose homéopathique ou en grande quantité, ce quelque chose qui nous rattache aux nôtres et qui, lorsqu’on a dévié de notre chemin, nous pousse à y revenir quand ça ne va pas.
Ce n’est pas pour rien que les imams, les pasteurs et les prêtres font tout pour pousser les Africains à dévier de ce chemin et nous menacent des pires foudres de l’enfer (pardon, de « leur » enfer). Ces gens savent très bien qu’en se lançant à corps perdus dans les religions abrahmiques, le contrôle sur nous par leurs maîtres (qu’ils soient à la Mecque ou à Rome) est total et que nous ne pouvons plus alors avoir la moindre prise sur notre présent et encore moins sur notre futur, puisqu’il suffit d’attendre sagement la mort physique pour mériter de s’asseoir à la place de Dieu. Pardon, de leur dieu…
J’ai assez parlé et je m’en avais donc laisser la parole à Doumbi Fakoly qui, dans cette vidéo, nous parle de nos ancêtres avec des mots bien à lui. Quand on a déjà lu cet homme sage et fort instruit, on n’est ni surpris ni étonné par son propos. Ce n’est pas pour rien que l’homme, à l’âge de 14 ans, avait claqué la porte de l’islam…
Bonne visualisation et bon dimanche !
Obambe GAKOSSO, May 2014©