Nominations politiques: et si on passait au crible…?
J’ai eu hier jeudi 8 mai 2014 un échange fort intéressant avec un aîné qui est tombé sur le site mediapart.fr où un de mes billets a été repris sans que je n’en sois informé. Par correction, quand je reprends intégralement le texte d’autrui, je prends le soin non pas d’avertir la personne, mais de lui en demander l’autorisation par écrit.
Que cela se fasse par email, par sms ou via un réseau social, je le fais et tant que l’accord ne m’est pas parvenu, je ne reprends pas ledit texte. Á la rigueur, j’en parle et je mets un lien vers le site ou le blog qui contient ce texte.
La situation du Congo est dramatique à bien des égards mais c’est parfois aussi l’occasion d’n rire car je ne crois pas que pleurer sur cela tous les jours nous ferait du bien. Et encore moins au Congo ni à l’Afrique. Le Congo et l’Afrique ont vu assez de larmes de tristesse couler des yeux de leurs enfants. Un peu plus de larmes de joie ne leur feraient pas de mal…
Les questions liées à la gestion de la cité ont été au centre de nos échanges puisqu’il a pu voir combien cela me tenait à cœur dans mes écrits et, malgré les risques que les gens pensent que j’encours en mettant ainsi non pas un doigt dans la plaie mais les deux mains et ce, jusqu’à l’épaule. Nous avons ensemble revisité les concepts de « République », de « Nation » et d’« État ».
Je persiste à penser que la majorité de nos élites ne savent pas ce que recouvrent ces notions. Et quant à la plèbe, malgré tout le respect que j’ai pour elle, c’est encore pire. Nous mélangeons tout et il suffit de lire les commentateurs et les analystes à la petite semaine de la chose politique pour s’en convaincre. Sortis du cadre des insultes, des injures, des idées reçues, des fourre-tout, la grande majorité de ces gens n’ont rien à proposer, rien de consistant à dire et ensuite ils se plaignent que rien ne marche. Quant aux élites, le moindre micro qui leur est tendu doit avoir envie de s’enfuir tant la légèreté du discours et du propos frise non pas le ras des pâquerettes, mais vraiment le sous-sol !
Je lui ai dit que pour clouer le bec aussi bien aux fanatiques des présidents Pascal Lissouba et Denis Sassou Nguesso, concernant les divers cadres que nous avons eus aux affaires et que nous avons encore, il faudrait que chaque nommé et chaque nommée passe devant une commission du Parlement (mixte, Assemblée nationale et Sénat, puisqu’au Congo nous avons les deux chambres). Sa vie sera passée au crible. Ses états de service seront épluchés et, pour finir, il lui sera demandé quel projet a-t-il pour diriger la SNE, la SNDE, la SNPC, la BCH* et je ne sais quelle autre structure en place. Peut-être aurions nous évité les catastrophes industrielles qu’ont été les disparitions des fleurons de notre économie comme la BCC, l’usine de textiles de Kinsoudi (Sotexco) ** etc. Bien entendu, on ne peut avoir de garanties à 100% de réussite, car sous d’autres cieux ù cela se pratique, des échecs sont tout de même observés. Il faudra donc ajouter à cela des organes de contrôle (sérieux, pas de la poudre aux yeux) car non seulement il s’agit d’argent public, mais n’oublions jamais qu’un homme, une femme qui a un revenu, en nos contrées, c’est au minimum dix personnes à charge.
Cet aîné m’a alors répondu que c’est une pratique qui est en usage chez les francs-maçons car il a suivi récemment une émission télévisée où il en était question. Bien que n’ayant pas suivi cette émission, je me souviens avoir déjà lu ce genre de choses et les journalistes d’investigation qui travaillent sur le dossier nous fournissent des articles et des livres de qualité. Or, souvenons-nous que dans quasiment toutes nos capitales à Kama, il est devenu monnaie courante de voir un président, un ministre, un Directeur général ou un conseille (d’un ministre u d’un président) qui appartienne à une obédience maçonnique. Même quand ils ne le disent pas publiquement, les vidéos et les photos de leurs réunions avec leurs tabliers, en Occident parlent très fort à leur place. Ce qui signifie que ces gens connaissent très bien ces pratiques de passage au crible des vies et des carrières des candidats avant qu’ils ne soient admis dans ces cercles.
Que ne les mettent-ils point en place dans nos administrations dans le cadre de la sélection ?
Ces gens ne sont pas aussi bêtes que la populace et surtout les opposants politiques croient. Non, bien au contraire ! Ils savent très bien ce qu’ils font et ils ont de ce fait conscience que si jamais ils appliquaient cela, ils n’auraient plus non seulement la possibilité de nommer leurs amis, leurs enfants, leurs maîtresses, leurs beaux-parents, mais, pire encore, eux-mêmes seraient les premières victimes de cette pratique pourtant très belle et même noble.
Souvenons-nous de cette période que nous appelons monopartisme. De la présidence de l’abbé défroqué Fulbert Youlou à 1991 quasiment, certains cadres ont traversé trois décennies et, avec la création du PCT (Parti congolais du travail) en 1969 (sous la présidence de Marien Ngouabi) on a retrouvé quasiment les mêmes cadres jusqu’en 1990, année où de courageux ministres se mirent à démissionner quand le navire PCT prenait eaux de toutes parts. Avec la victoire de Pascal Lissouba en 1992, on retrouvera de nombreux cadres qui avaient servi sous Ngouabi (1968-1977), sous Jacques-Joachim Yhombi-Opango (1977-1979) ainsi que sous Sassou Nguesso I (1979-1991). Si cette méthode, cette règle que j’appelle de tous mes vœux était appliquée au Congo, les voleurs et assassins des années soixante n’auraient pas sévi dans la décennie soixante-dix. Les pitres et pervers de la décade soixante-dix auraient été arrêtés avant de faire le même mal lors de la période 80-89. Et ainsi de suite.
Aujourd’hui, nous en avons encore, malgré un relatif rajeunissement des membres du gouvernement : il y a des vieux briscards et des vieilles peaux qui ont fait énormément de mal au Congo par le passé et qui continuent à tuer cet enclos colonial qui n’en peut mais.
Je vais encore me faire des amis ce vendredi…
Obambe GAKOSSO, May 2014©
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* : Société nationale d’électricité ; Société nationale de distribution d’eau et Banque congolaise de l’habitat.
** : Banque commerciale congolaise et Société des textiles du Congo