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1 mai 2014

Premier mai 2014, hommage à nos morts, avec Birago Diop

Classé dans : Histoire — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 15 h 27 min

Premier mai 2014.

Encore un jour pour fêter les travailleurs.

En ce jour, pluvieux dans le coin où je me trouve, je pense à ces hommes et à ces femmes qui ont donné leur vie pour que ce mot travail perde son sens original (tripálĭum, instrument de torture à trois poutres, en latin).

LCDK

Je pense à Raphaël Massamba (né en 1929), Gaston Lenda (né en 1934) et à Pierre Ntsiété (né en 1935), tués le 13 août (les deux premiers) et le lendemain (pour le troisième), après avoir reçu des balles de l’armée, en août 1963. Tous trois furent des syndicalistes.

Je pense à Thomas Joseph Odhiambo Mboya dit Tom Mboya (1930-1969). Il fut un grand leader syndical au Kenya, avant de se lancer en politique. En 1967, il échappe à deux tentatives d’assassinat. En 1969, alors qu’il occupe le poste de ministre de la Planification économique et du Développement, le 5 juillet, peu avant 13 heures, sortant d’une pharmacie…

Je pense aux mineurs Sud-Africains, en grève, en août 2012. 34*d’entre eux seront abattus le 16 août 2012 par la police sud-africaine. Une police ont on pensait (naïvement ?) qu’elle était au service de la sécurité intérieure du pays, donc du peuple.

Je pense à cette dirigeante syndicale sud-africaine (dont le nom m’est inconnu), membre du NUM (National Union of Mineworkers), qui ont été abattus par la police

Je pense à Basile Mahan Gahé, dont nous avons parlé sur le site Internet de la Ligue Panafricaine – UMOJA (LP-UMOJA) en octobre 2013. Nous disons merci à l’intervention de l’Armée française à qui nous devons encore aujourd’hui cette hécatombe que vit l’Eburnie.

Quand on me dit Premier mai, fête des travailleurs, je pense à tous ces morts, illustres, mais surtout inconnus, qui ont donné leur vie pour un travail digne, payé en rapport avec leur force (physique, intellectuelle, temporelle) de travail.

Je leur dédie ce poème de Birago Diop (1906-1989), un de mes modèles dans le domaine de la nouvelle. Le poème est intitulé Souffle** :

 

Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des ancêtres.

Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire
Et dans l’ombre qui s’épaissit.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans l’Arbre qui frémit,
Ils sont dans le Bois qui gémit,
Ils sont dans l’Eau qui coule,
Ils sont dans l’Eau qui dort,
Ils sont dans la Case, ils sont dans la Foule :
Les Morts ne sont pas morts.

Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots :
C’est le Souffle des Ancêtres morts,
Qui ne sont pas partis
Qui ne sont pas sous la Terre
Qui ne sont pas morts.


Ceux qui sont morts ne sont jamais partis :
Ils sont dans le Sein de la Femme,
Ils sont dans l’Enfant qui vagit
Et dans le Tison qui s’enflamme.
Les Morts ne sont pas sous la Terre :
Ils sont dans le Feu qui s’éteint,
Ils sont dans les Herbes qui pleurent,
Ils sont dans le Rocher qui geint,
Ils sont dans la Forêt, ils sont dans la Demeure,
Les Morts ne sont pas morts.


Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C’est le Souffle des Ancêtres.


Il redit chaque jour le Pacte,
Le grand Pacte qui lie,
Qui lie à la Loi notre Sort,
Aux Actes des Souffles plus forts
Le Sort de nos Morts qui ne sont pas morts,
Le lourd Pacte qui nous lie à la Vie.
La lourde Loi qui nous lie aux Actes
Des Souffles qui se meurent
Dans le lit et sur les rives du Fleuve,
Des Souffles qui se meuvent
Dans le Rocher qui geint et dans l’Herbe qui pleure.
Des Souffles qui demeurent
Dans l’Ombre qui s’éclaire et s’épaissit,
Dans l’Arbre qui frémit, dans le Bois qui gémit
Et dans l’Eau qui coule et dans l’Eau qui dort,
Des Souffles plus forts qui ont pris
Le Souffle des Morts qui ne sont pas morts,
Des Morts qui ne sont pas partis,
Des Morts qui ne sont plus sous la Terre.


Écoute plus souvent
Les Choses que les Êtres
La Voix du Feu s’entend,
Entends la Voix de l’Eau.
Écoute dans le Vent
Le Buisson en sanglots,
C’est le Souffle des Ancêtres.

 

Obambe GAKOSSO, May 2014©

 ____________________________________

* : 36 morts selon d’autres sources.

** : In Les contes d’Ahmadou Koumba, Présence Africaine, 1961, page 180

 

 

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