Congolais, Africains, et si on reprenait une dose de courage?

J’ai eu un échange fort intéressant avec un compatriote africain, au cours duquel les questions de « développement » ont été abordées. Je lui ai dit que les notions de souveraineté et de Liberté étaient à mes yeux plus importants et même plus compréhensibles que celui de développement. Ce mot que je ne comprends point du tout.

D’ailleurs, lui-même, quand je l’ai interrogé sur ce mot, il m’a fait tout un discours que je n’ai vraiment pas intégré.

Le gars est Congolais et, avant que nous ne discutions lui et moi, il avait un échange très vif – trop vif même ! – avec un autre Congolais. Ce que j’ai pu en tirer : pour lui, l’opposition congolaise n’est pas crédible. Elle est même nulle et il ne voit pas à quoi servirait le départ d’un Denis Sassou Nguesso, du pouvoir. L’autre en face, évidemment, lui répondait sans cesse que, eux, dans l’opposition, ils avaient de quoi faire pour diriger ce pays, le Congo-Mfoa, bien mieux que l’actuel président de la République et son gouvernement.

Bien entendu, ce genre de débats ne m’intéresse guère. Mais vraiment, c’est loin de me provoquer le hérissement du moindre poil.

Il me dira ceci, pour manifester sa désapprobation par rapport aux questions de souveraineté. Son propos : J’entends tout le temps chez les Panafricains qu’il suffit d’avoir notre propre monnaie pour que nos problèmes soient réglés. Question de ma part : Quels Panafricains ? Il finira par me dire que ça le réjouit de savoir que tous les Panafricains ne pensent pas ainsi. Et moi d’enfoncer le clou en lui disant qu’aucun Panafricain ne peut avoir la stupidité de tenir pareils propos. J’ai insisté en lui disant que si la monnaie est un instrument de souveraineté essentielle, fondamentale, elle ne saurait être la clé magique qui rendrait tous les Africains heureux, libres et souverains.

Qu’à cela ne tienne, il avait beau me dire J’en ai marre qu’un petit pays comme la France nous dicte leur loi, mais en attendant, on n’a pas le choix. Il faut faire avec.

J’ai failli bondir en entendant cela.

Je lui ai demandé quels livres sur la monnaie il avait déjà lu. Il me dira d’abord zéro et ensuite, quand je lui citerai des auteurs, dont Nicolas Agbohou, il me dira Lui, je l’ai déjà lu.

Pas facile, croyez-moi…

Il se met à me parler de l’euro et il pense qu’il nous faudra beaucoup d’années pour passer du franc CFA à notre propre monnaie (dix ans, selon lui).

Il me cite le Nigeria qui, selon lui, est la première économie africaine*, qui a sa propre monnaie mais qui a plein de problèmes sociaux.

Bref ! encore une fois, vous l’aurez constaté, toutes les raisons sont bonnes pour justifier notre couardise. Les Africains en général, ressortissants des pays-CFA, et les Congolais en particulier font preuve d’une incroyable lâcheté dès qu’il est question de voler de nos propres ailes.

On manie un chiffon de je ne sais quelle couleur pour dire qu’il ne faut pas faire ci, qu’il faut prendre son temps, comme si nos ennemis eux, se posaient ce genre de questions pour nous asservir. Comme si nos ennemis mettaient 107 ans avant de se décider à nous frapper là où ça fait mal.

Vraiment, le Congo, l’Afrique, il y a du boulot pour nous désaliéner…

 

Obambe GAKOSSO, April 2014©

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* : L’expression est à la mode depuis que le PIB de ce pays a dépassé celui de l’Afrique du Sud