Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

Kemet (l'Afrique), les Kamit (les Africains), leurs relations avec le reste du monde, les essais qui me frappent, etc., voilà les sujets de cet espace

8 avril 2014

Savoir lire les temps présents

Classé dans : Politique africaine — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 0 h 15 min

L’homme est Africain.

Des années durant, Une mitrailleuse Kalachnikov au pied, il a assuré la sécurité d’une très grosse légume africaine.

Future

Rappelons qu’en général les militaires chez nous n’ont pas bonne réputation, surtout quand ils sont gardes du corps. Lui, il faisait aussi partie de ces hommes armés qui n’avaient pas forcément bonne réputation… D’’autant que son chef non plus n’était pas vraiment populaire…

Et voilà qu’un jour, un frère, étudiant, aura la surprise d’avoir ce militaire comme enseignant. Titulaire d’une thèse*, ses cours sont passionnants et ses étudiants en redemandent. Avant les cours, après les cours, entre deux cours, c’est un véritable régal d’entendre cet homme parler des relations internationales, des rapports de force régissant ce monde. Des erreurs et fautes de nos enclos coloniaux avec leurs choix stupides de vendre tel que nous le savons nos matières premières, pire même qu’une maman qui vendrait sa pâte d’arachide.

Les Africains ne manquent guère d’experts, d’érudits, d’hommes et de femmes attentifs à ce qui se passe dans le monde et capable de l’expliquer à leurs contemporains. Avec un brin de curiosité, on peut les rencontrer. Avec une dosette d’honnêteté, on peut reconnaître leurs compétences. Curieusement, quand on observe comment son gérés nos services consulaires, nos ministères des Affaires étrangères, de la Coopération et toutes ces choses apparentées, on se demande ce qui se passe dans les crânes de nos décideurs. La légende qui voudrait qu’on ne nomme pas les hommes qu’il faut aux places qu’il faut, je n’y crois pas toujours : il arrive que de vrais techniciens soient placés aux postes clés, en rapport leurs formations de bases. Mais bien souvent, ils ne sont pas décideurs et là, ils ont souvent au-dessus de leurs pauvres têtes des gens que la décence m’interdit de qualifier comme il se devrait, ici.

L’Afrique est le continent le plus aimé au monde. Notre continent est adoré, voire idolâtré. Pas nous. Ce qui est tout à fait normal. Ce que les autres aiment le plus chez nous, ce sont nos eaux, nos forêts, nos magnifiques paysages, nos matières premières, comme nos climats. Quel est le dirigeant occidental ou oriental qui ne rêve point d’Afrique ? Alors que des bandits coupaient des mains au Nord du Mali, les dirigeants marocains sont tranquillement demeurés chez eux, ne faisant même pas jouer une quelconque solidarité confessionnelle. Pourtant, dès qu’un semblant de paix est arrivé, le roi Mohammed VI a débarqué à Bamako avec tout plein de chefs d’entreprises pour arracher de nouveaux contrats. Ça, certaines de nos élites ne sont pas à même de gérer cela et d’expliquer la chose aux masses africaines. L’opération des Marocains a fini par ressembler, aux yeux des Maliens à une vaste opération de charité (avec de belles oranges marocaines offertes). Et le tour est joué !

C’est un peu ce qu’on observe dans le faux conflit ethnique qui oppose la Russie et les USA. Oui, il faut le dire : en réalité, ce qui se passe en Ukraine est le prolongement de la Guerre froide qui en réalité n’est jamais terminée. L’UE (Union européenne) sert plus de valet aux USA qu’autre chose. J’ai déjà pris le pari et je suis prêt de nouveau à parier ma moustache (Dieu sait combien j’y tiens, à mes bacchantes…) que l’UE n’attaquera pas la Russie. La France qui n’a pas osé attaquer la Syrie ne va quand même pas le faire avec la Russie, non ? Qui est fou ? Quant à l’Allemagne, c’est leur légendaire pragmatisme qui les guide : ils ont besoin et du marché russe et du gaz russe. Fermez les bans ! Quant aux USA, soyons un tantinet sérieux : qui peut décemment croire, ne serait-ce qu’une once de début de commencement de tierce de temps qu’ils pourraient oser guerroyer militairement face à l’empire russe ? Même un fou à peine admis dans un asile n’oserait formuler une chose pareille. Pour le président russe Vladimir Putin, pour les dirigeants russes, l’Ukraine n’est rien d’autre qu’un appendice de l’immense Russie. Le démantèlement de l’URSS il y vingt ans ne semble être qu’une parenthèse qui se referme petit-à-petit car il faut voir comment certaines de ces ex-républiques socialistes soviétiques regagnent le giron russe.

Ce que je viens de dire, il y en a des Africains qui le savent, qui l’ont compris et qui savent très bien que nous, les damnés de la Terre, n’avons rien à attendre des dirigeants de Washington, de Paris, de London, de Berlin ni encore de Moscou. Voilà encore une faute que certains d’entre nous commettent : si objectivement la manière dont Putin et ses hommes tiennent tête à l’Occident semble réjouir certains d’entre nous, nous n’avons par contre aucune raison de nous jeter à corps perdus, les yeux fermés, comme une midinette, dans les bras de Putin. Ce serait une nouvelle faute grave que nous commettrions en posant un tel acte. Putin est autant l’ami des Africains que mon village se situe entre les planètes Mars et Jupiter. Que nenni !

Pendant les guerres, pendant les conflits, on peut avoir des alliés objectifs, des alliés de circonstances, mais faisons attention. Faisons extrêmement attention d’éviter ces équations qui voudraient nous obliger à choisir soit le tout Chinois ou encore le tout-je-ne-sais-quoi ! Depuis que le Mur de Berlin est tombé, je ne me souviens pas qu’une seule fois Boris Eltsine ou Putin ait envoyé des troupes pour nous protéger des soldats français. D’ailleurs, pendant que certains Africains baignaient dans la naïveté de croire que Putin allait envoyer de solides gaillards faire le coup de feu à Abidjan afin que nous libérions notre territoire de l’Eburnie du joug français. François Fillon, alors collaborateur de Nicolas Sarkozy était allé à Moscou et le sort ivoirien était scellé : c’est ainsi que les puissances (grandes et moyennes) de ce monde décident du destin des damnés de la terre. La courageuse armée française qui venait de passer des décennies à perdre toutes ses guerres (Algérie, Indochine etc.) avait enfin l’occasion d’en gagner une : et avec quelle facilité !!! 

Quand l’Occident souffle dans les braises en Afrique, les Russes n’interviennent pas: pourquoi devraient-ils accepter que l’Occident se mêle de ses problèmes avec ses satellites? Voilà ce que nous devrions comprendre. La jouissance qui nous prend soudainement à chaque coup de boutoir donné par Putin ne doit pas nous enivrer au point de l’admirer de manière béate comme si deux secondes après il allait débarquer chez nous pour régler tous nos soucis, même domestiques!  

Le sort des Africains, notre destin ne dépendra que de ce que nous voudrons en faire. Que les hommes et les femmes qui savent lire le monde investissent la sphère politique, mais vraiment là où les choses se décident. Nous pourrons, enfin ! élaborer de vraies stratégies militaires afin que plus personne ne se comporte avec l’Afrique tels ces pervers qui violent toutes les filles et toutes les femmes qui se refusent à eux.

Sont-ce les matières premières qui nous manquent pour mettre sur pieds cette armée continentale que les patriotes africains appellent de tous leurs vœux ?

La première des matières premières, nous en avons en abondance : ce sont aujourd’hui les mille millions d’Africains que nous sommes. Ensuite, notre sous-sol est là, avec des minerais extraordinaires que nous ne transformons quasiment jamais mais qui font le bonheur de toutes et de tous ceux qui aiment l’Afrique mais sans les Africains.

Pendant que le Soudan du Sud se déchire, les puits de pétrole sont pompés par d’autres que nous, pour leurs bénéfices encore et encore.

Pendant que la RCA se déchire avec un risque réel de partition, notre uranium y est en toute discrétion pillé et celle qui doit diriger la transition centrafricaine n’a pas d’armée pour défendre cet enclos colonial ni sous pour payer les fonctionnaires centrafricains.

Si nous avions mis il y a dix ans, il y a cinquante ans les hommes et les femmes qui savent lire les temps présents, on n’en serait sûrement pas.

Les Congolaises ne se feraient pas violer dans le Sud-Kivu au nez et à la barbe de tous les dirigeants africains.

Ebola, ce poison fabriqué en laboratoire ne serait – encore une fois ! – en train de décimer des Africains.

Pour qu’il y ait les Hommes qu’il faut aux places qu’il faut, il faut investir le champ politique pour décider car c’est celui qui décide qui imprime le rythme !

Ah ! je l’ai déjà dit, ça ? Je le redirai un autre jour. D’autres jours…

Obambe GAKOSSO, April 2014 ©

_________________

* : Je tais délibérément son domaine de spécialisation

 

2 réponses à “Savoir lire les temps présents”

  1. Grace Bailhache dit :

    Ah sacré Obambé toujours ce bel emphase qui te caractérise, j’apprécie.

    Heu…Pourquoi taire son domaine de spécialisation ? Ne me dis pas que cet homme craint la fatwa ? SouRIRES !

    Aujourd’hui je change de signature pour clore mon commentaire. Ce sera Aspro Quinine mabe !

    De l’article, je ne retiendrais que ceci pour ma part !

    Le sort des Africains, notre destin ne dépendra que de ce que nous voudrons en faire. Que les hommes et les femmes qui savent lire le monde investissent la sphère politique, mais vraiment là où les choses se décident.

  2. Grace Bailhache dit :

    Ouiiiiiiiiii j’ai enfin réussi à citer la partie qui m’intéressait. Bon d’accord, ce fut au prix de plusieurs tentatives.

    Tu serais vraiment un ange de supprimer mes deux premiers commentaires. Merci d’avance cher Obambé et bonne journée !

    Grace aka Aspro Quinine mabe !

Répondre à Grace Bailhache Annuler la réponse.

 

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