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2 avril 2014

Ministre, DG, etc. Et si on revenait aux fondamentaux?

Classé dans : Politique — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 9 h 41 min

Les langues offrent des choix très intéressants quant à l’usage des mots, avec des sens très précis. Quand on manque de rigueur (ce qui peut arriver à tout le monde), on se retrouve à utiliser des mots à tort et à travers, sans savoir ce qu’ils veulent dire et souvent, devant des gens qui eux-mêmes n’en savent pas grand-chose.

SERVITEUR

Je ne suis pas linguiste. Je ne suis pas spécialiste de grammaire en lingala ou en français. Non, loin de moi ces spécialités mais on n’a pas vraiment besoin d’une valise ou d’une malle de diplômes pour comprendre certaines choses.

Je discutais récemment avec un frère qui m’a dit être choqué par l’attitude des hommes politiques congolais (ministres notamment) et par d’autres, hauts-fonctionnaires, lorsqu’ils sont face à la plèbe. En gros, pour lui, ils sont arrogants, hautains, distants, prétentieux. J’arrête là car le vase du frère a largement débordé. Il est clair qu’il y avait du dégoût dans son propos. Pour lui, c’est une « attitude nègre » et il est même persuadé que l’on ne retrouve ces comportements qu’en milieu congolais.

Si je ne partage pas son point de vue sur le fait que ce comportement soit une exclusivité de chez nous (je ne développe pas à ce sujet aujourd’hui), je pense que l’une des raisons est que les gens ne savent pas pourquoi ils sont nommés ou élus à leurs postes de responsabilités. Trop souvent. Le responsable qui choisit les collaborateurs ne sait pas toujours pourquoi il doit les choisir et ne sachant pas pourquoi, il ne peut donc pas expliquer en quoi consiste la mission de celui qui est nommé.

C’est un fait qui est constant dans le domaine politique et de la haute administration et cela se vérifie malgré le temps. On ne peut que donner raison, encore une fois, à Lénine qui dit que les faits son têtus.

Étymologiquement, ministre vient du latin minister. C’est une concaténation des mots minus (inférieur) et de magister (maître). Ce mot signifie serviteur. Nos ministres savent-ils qu’ils sont nos serviteurs ? Savent-ils qu’ils sont au service du peuple ? Ont-ils conscience qu’ils se doivent de servir cette même plèbe qu’ils méprisent si royalement ? Je doute très fort de cela et je suis même sûr qu’ils s’en foutent totalement.

Dans le cadre de ses activités, ce frère a eu l’occasion de rencontrer deux ministres et un haut-fonctionnaire. Leurs échanges par contre furent cordiaux. Ils lui remirent leurs cartes de visite afin de continuer ce qui avait si bien commencé. Hélas : pour lui, il eut beau envoyer courriels sur courriels, il se retrouve en plein dans cette magnifique pièce de théâtre, En attendant Godot.

Je pense que pour lui, Godot ne viendra pas. Et j’insiste, ce n’est nullement une « attitude nègre », pour reprendre son expression (que je ne partage pas non plus).

Pourquoi ont-ils été cordiaux avec ce frère alors que souvent, ils sont comme décrits plus hauts (hautains etc.) ? Il arrive à ces gens, devant les micros et les caméras de se montrer humains, avenants, sympathiques et courtois. Même quand il n’y a ni caméras ni micros, mais qu’une foule est là (cinq personnes suffisent largement), ils sont souriants, ouverts à la discussion, promettent des rendez-vous, exposent leur « vision » (sic !) de la société, se montrent émerveillés par tout ce que nous leur disons. Quand je dis « nous », je parle de toutes ces personnes qui ont des sacs pleins de projets, mais qui savent combien il est difficile d’avancer, de les faire avancer et qui voudraient profiter de certains contacts (c’est humain et il n’y a aucune honte à cela) pour aller soit vite soit à vitesse « normale ».

Les cartes de visite distribuées, ces frères et sœurs s’empressent, rentrés chez eux, d’envoyer des mails bien faits, avec la plus grande des courtoisies. Et souvent, des années après, il n’y a ni retour, ni même un mail qui dit qu’il y a erreur d’adressage…

Je terminerai par une note rigolote. Un ancien député (battu) a bénéficié de la part d’un de ses grands-frères d’une nomination très intéressante dans un pays africain où il pas mal d’avantages liés à sa fonction. Il avait besoin d’un médecin et il lui en a été recommandé un. Il appelle donc le praticien, c’est tout simplement savoureux :

-      Allo ! Tu es où ?

-      Pardon ?

-      Vous êtes où, là ?

-      Monsieur, mais qui êtes-vous ?

-      Vous êtes où ?

-      Monsieur, je ne sais pas qui vous êtes. Vous savez à qui vous vous adressé ?

-      Vous savez à qui vous avez affaire ? Je suis l’honorable [il donne son nom]

Á l’autre bout du fil, le médecin a raccroché.

Voilà où nous en sommes, en ce bas-monde où on ne sait pas vraiment ce qu’on a à faire alors que des compétences, ce n’est pas ce qui manque.

 

Obambe GAKOSSO, April 2014©

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