Makaïla Nguebla, une voix tchadienne, une plume africaine
Au mois de décembre 2013 dernier, je rencontrais un journaliste-blogueur dans les studios de la chaîne de TV 3A Télé-Sud. Après un bref échange, nous en étions à l’échange des coordonnées et, apprenant qu’il était tchadien, je lui ai dit : « Tiens ! Il y a un journaliste tchadien du nom de Makaïla qui a été expulsé du Sénégal, à la demande du Tchad et s’est retrouvé en France… »
Et l’homme, en face de moi, de me répondre, « C’est moi. Je suis Makaïla Nguebla ! »
Je ne vous dis pas l’émotion que j’ai ressentie à ce moment-là.
Certains s’extasient lorsqu’ils rencontrent des bruiteurs appelés chanteurs ou musiciens. D’autres deviennent fous comme des groupies en serrant la main d’un politicien, surtout quand c’est un voleur, menteur et bandit de grand chemin. Dans mon entourage, tout le monde sait que je n’ai aucune estime pour ce genre d’individus et il suffit de voir sur mon mur FaceBook : ces gens sont inexistants, sauf erreur ou omission de ma part. Je ne comprends pas et ne comprendrai jamais qu’on les érige en modèles. Mais bon…
Makaïla Nguebla est un homme libre.
C’est un homme courageux.
Très courageux même.
Lui, il sait ce que c’est que le journalisme. C’est un métier qui ne consiste pas à caresser dans le sens du poil. Makaïla Nguebla n’est pas un griot. Il ne fait pas partie de cette caste de journaleux qui passent leur temps à dire du bien :
- Du bien de nos potentats même quand ces derniers commettent les pires forfaits ;
- Du bien de cette Afrique qui dit-on a une superbe croissance car n’oublions pas que cette croissance ne nous profite guère. Sauf si on m’a trompé ;
- Du bien de cette relation entre la France et son pré carré.
La France !
Tout le monde sait quel rôle ce pays a joué lors du putsch d’Idriss Déby (pas encore Itno en 1990) en lieu et place de l’ex-protégé de la France, le président Hissein Habré. Ce dernier est depuis un quart de siècle réfugié à Dakar où après avoir arrosé une part pas du tout négligeable de l’élite sénégalaise, a gagné une paix qui l’empêche à ce jour de goûter aux joies de la prison.
Makaïla Nguebla, véritable poil à gratter du régime de Ndjamena, par sa plume bien acérée qu’il sait tremper dans l’encrier, avec un venin qui fait très mal à certains et qui en même temps nous fait le plus grand, nous qui ne rêvons que de voir ce peuple s’épanouir. Avec sa plume donc, Makaïla Nguebla a donné des maux de tête à Déby Itno, à ses affidés et à la France. Même depuis le Sénégal où il vivait et exerçait, ce trublion n’a cessé de secouer le cocotier. Du coup, le Sénégal, Ô ! divine surprise l’a expulsé alors que le pauvre n’avait violé aucune loi locale. Et vous savez où on le retrouve ? En France !
Quel pied de nez !
Quelle ironie de l’histoire !
Je fous la merde, je sème la zizanie mais quand même quand tu es plus bas que terre, je t’ouvre mes bras et t’accorde l’asile politique car tu es persécuté et moi, grande, belle et douce France, je suis la « patrie des droits de l’homme ! »
Tel est le destin de nombre de ces combattants de la liberté qui ne commettent que le crime que de se battre pour les leurs, pour leur terre.
Samedi 23 mars dernier, quand je l’ai revu au Salon du livre de Paris, j’étais en même temps ému et heureux. Heureux car ce frère m’a reconnu aussitôt et m’a dit qu’il prend un certain plaisir à me lire. Il m’a rappelé la conversation que nous avions eue dans la salle de maquillage de 3A Télé Sud, après avoir quitté le plateau.
Ému car il ne baisse pas les bras et de toutes les façons, nous croyons que nous sommes vivants alors qu’en réalité nous sommes des zombis, vu l’état dans lequel se trouvent les nôtres sur le continent.
Il avait son appareil photo, toujours prêt à capturer des visages, pour son blog. Nous avons échangé cinq bonnes minutes sur son actualité, son travail colossal, ses rencontres pour avancer.
Je lui tire encore une fois mon chapeau car je ne compte plus les Africains qui se moquent des blogueurs en disant que cela ne sert à rien. Certains prônent la lutte armée pour soi-disant prendre le pouvoir, alors qu’en réalité, ils sont pires que les potentats en place. Ils nous disent qu’écrire ne sert à rien car selon eux, non seulement nos compatriotes ne lisent pas, mais qu’en plus, nous perdons notre temps car le temps de l’écrit serait passé, pour eux.
Si vous ne connaissez pas le blog de Makaïla Nguebla, je vous invite très vite à y jeter un œil. Vous verrez et regarderez sans doute le Tchad avec un autre regard. Le lien vers son blog, ici.
Obambe GAKOSSO, March 2014©
Votre article,je l’ai lu du début jusqu’à la fin. Il est très beau,mais il n’est pas l’objectif pour qu’il soit crédible. Car,Makaila Nguebla, vous n’aviez que rencontré que dans les locaux de la télévision Télé-sud. Ce n’est donc pas suffisant pour faire éloge et dire qu’il n’est pas comme d’autres journalistes qui ne racontent que du bien. Il y a bien d’autres journalistes tchadiens qui font plus que lui et d’ailleurs collaborent avec lui et avec d’autres médias internationaux. Vous êtes certes libres de dire tout ce que vous voulez. Mais abstenez-vous des idées précoces ou des préjuges qui mettent en doute l’engagement de certains journalistes que vous pensez qu’ils ne font que du bien ou ne disent que du bien. Il l’art et l’art. Tout comme il y a journalistes et journalistes.
Bonjour Monsieur Ahmat Zeïdane Bichara,
Bienvenu dans cet espace qui est aussi le vôtre et surtout merci pour votre contribution à la discussion.
Vous dites: Il y a bien d’autres journalistes tchadiens qui font plus que lui (…) Ai-je dit une seule fois le contraire? Le texte porte bel et bien sur Makaïla Nguebla et sur personne d’autre. Si vous souhaitez nous donner des nouvelles d’autres journalistes tchadiens qui mieux ou autant que lui, je suis preneur et ne dirai jamais non.
collaborent avec lui et avec d’autres médias internationaux. Je ne le sais que trop bien car Makïla Nguebla, ce n’est pas d’aujourd’hui que je le connais.
Vous êtes certes libres de dire tout ce que vous voulez. Encore heureux !
Mais abstenez-vous des idées précoces ou des préjuges qui mettent en doute l’engagement de certains journalistes que vous pensez qu’ils ne font que du bien ou ne disent que du bien. Je suis consterné par une telle charge qui à mon avis cache des éléments dont je n’ai aucune connaissance. La bienséance et la bonne éducation, dans un cas comme le nôtre, pour de la sérénité dans la discussion car nous sommes lus, voudrait que vous disiez clairement de quoi il en découle.
. Il l’art et l’art. Je n’ai rien compris.
Tout comme il y a journalistes et journalistes. Décidément…
Obambe
Bonjour Obambe!Je n’ai pas su que vous m’aviez déjà répondu à ma réaction. Je le découvrir au hasard,bien que je sois en revanche heureux de le lire.Je découvre aussitôt en vous une personne honnête dans ses mots tout comme dans son côté oral du terme. Vous êtes beaucoup intéressé sur les dernières phrases de ma réaction. Sachant que je constate avec faste que vous disposez une compétence à saluer.Aussi,je m’empresse de vous dire que je reste dans l’optique qu’il existe des journalistes tchadiens qui combattent le régime en place plus que ou comme Makaïla que vous défendez corps et ongles.Peut-être que j’ai mal compris vos écrits.Je retire mes mots si vous vous sentez vexé. Moi,qui vous parle,je suis journaliste,prix Lorenzo Natali 2006 de l’Union Européenne et écrivain. Je suis le cousin de Makaïla,malgré que je ne partage pas certains de ses analyses que je trouve précoce ,voir accusatoire. Certains diront qu’elles sont accusatrices avec un manque de professionnalisme aggravé.Une fois de plus merci de votre réponse très diplomate et originale surtout.