Au revoir, Lapiro de Mbanga!
Tiens !
Il y a quelques semaines à peine, je consacrais un « Sabala détente » à ce grand homme. Ce très grand artiste connu de tout le Cameroun, hélas ! un peu méconnu en dehors des frontières de cet enclos colonial, mis à part le Nigeria où, à la fin des années soixante-dix.
A la question très souvent posée (et légitime, par ailleurs), de savoir à quoi servent les artistes, Lapiro de Mbanga né Lambo Pierre Roger (dans le village de Mbanga, d’où son pseudo) avait le long de sa carrière apporté la plus belle des réponses.
L’artiste est une sorte de porte-voix de la plèbe, qui par ses chansons, par ses textes, par ses sculptures, par ses tableaux.
Il m’est arrivé de travailler une demi-journée ou toute une journée même en écoutant les chansons de cet artiste – un vrai ! –et c’était chaque fois un régal. Il ne se contentait pas des Chérie je t’aime et autres paroles du même acabit que les paroliers et autres chanteurs nous servent le plus souvent.
Lapiro de Mbanga avait compris que si le peuple ne pouvait expliquer à grande échelle, l’artiste non seulement peut le faire mais aussi et surtout, doit le faire. Selon une conception des choses que je partage complètement mais que je défends ardemment aussi.
Ses chansons parlaient du peuple, pour le peuple et c’est tout à fait normal que cet artiste était populaire. Une popularité pas du tout volée. Il suffit de parcourir le Web pour voir à quel point Lapiro de Mbanga faisait corps avec le peuple, son peuple. Ce peuple dont il était issu, lui, né le 7 avril 1957.
Pendant que l’opposition camerounaise donnait des maux de crâne au régime de Paul Biya dans les années 90, il était de la partie, prenant part aux réunions publiques de l’opposition, faisant des propositions et pas des moindres.
L’homme était vraiment intelligent et les paroles de ses chansons l’illustrent à merveille. Sa chanson Constitution constipée (2007) lui vaudra un séjour en prison (2008) où il contractera la fièvre typhoïde. Il prendra le temps d’un rédiger un ouvrage qui ne trouvera hélas ! pas d’éditeur.
Après sa sortie de prison, il s’exilera en 2012 en Amérique du Nord où il a trouvé la mort, hier… RIP !
Obambe GAKOSSO, March 2014©