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2 mars 2014

Et si on mettait autant d’ardeurs à défendre notre continent qu’on défend les religions?

Classé dans : Société — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 11 h 17 min

Des politiciens africains, qui se disent hommes politiques et opposants, ont une capacité de mobilisation extraordinaire lorsqu’ils ont besoin, disent-ils, « d’élections libres, transparentes et démocratiques ».

 

Prières

Ils sont capables pour cela de remplir des stades entiers. Mais aussi curieux que cela puisse paraître, ils ne le font jamais pour les questions d’eau, d’électricité, de santé, d’école et de la monnaie (en ce qui concerne les pays-CFA, pour ce cas de figure).

Pourquoi ?

J’ai tendance à penser qu’en réalité, ils n’ont pis que pendre de ce peuple au nom duquel ils prétendent parler. Certains membres de ces oppositions étaient d’ailleurs hier, avant-hier encore, des membres éminents des pouvoirs politiques chez nous… C’est dire !

J’ai lu ceci sur un réseau social : Si certains mettaient la même hargne et science qu’ils ont quand ils défendent l’islam, à défendre notre Patrie, le Mali, notre pays serait première puissance mondiale.

Je sais que je vais encore subir les foudres des adeptes des religions abrahamiques, mais cette phrase, dont la taille est inversement proportionnelle à sa grandeur d’esprit, à sa puissance. Il faut le reconnaître !

Il suffit de regarder comment, combien nos stades se remplissent lors des campagnes d’évangélisation, et lors des prêches d’imams. Nous, Africains, sont en majorité devenus des champions, des experts quand il faut chercher des sauveurs ça et là, pour nous délivrer du mal que nous subissons ici, sur terre. Nous sommes des pros quand il faut implorer le pardon du Très Haut, afin qu’il nous réserve une place de choix auprès de lui, mais une place que nous aurons, d’après la bible et le coran, seulement après notre mort physique. C’est dire que pour celui qui souffre (donc la majorité d’entre nous, puisque les stades, églises et mosquées sont pleins à craquer chaque jour) et qui vivra longtemps, je n’ose imaginer la patience dont il faut faire preuve…

En août 2009, alors que le président Ahmadou Toumani Touré était encore en place, au Mali, il avait promulgué un nouveau Code de la famille, plus favorable que le précédent, pour les droits des femmes. Á ma très grande surprise et à mon grand désarroi, des associations religieuses musulmanes ont réussi à mobilier des milliers de Maliens et ont organisé une grande marche (qui a été un véritable succès) afin non seulement de manifester leur désapprobation contre ce texte qui, selon eux, va à l’encontre de leur religion, mais aussi pour demander que ledit texte soit retiré : la femme est inférieure à l’homme et aucun homme ne peut changer ce dogme divin !

Laisser de côté des inepties et posons-nous donc la question de savoir, comme cette courrte phrase que j’ai piquée sur un réseau social : et si nous mettions la même hargne, la même rage, la même détermination à nous saisir des problèmes qui nos minent nos sociétés et empêchent les nôtres de nous épanouir comme il se doit ?

Ces problèmes et questions sont connus de tous et de toutes. Je les ai cités plus haut, mais je me ferai un vrai plaisir d’y revenir, là, dans ce billet :

  • Combien avons-nous d’hôpitaux, de personnels soignants ? Pas besoin d’être expert en la matière pour voir combien les nôtres meurent pour une petite ordonnance ou parce que les rares médecins que nous avons sont allés suivre le président de la République dans son village ! Pour ça, nous ne marchons jamais, nous ne manifestons jamais !
  • Quand les enseignants de nos enfants et de nos cadets et cadettes font grève pour l’amélioration de leurs conditions de travail, combien sommes-nous à les soutenir très vivement ? Pourtant, nous savons qu’aujourd’hui, sans 15.000 francs coloniaux/mois, un enfant n’a plus la garantie d’avoir des cours réguliers (peu importe le contenu de cet enseignement). Au privé, évidemment !
  • L’eau et l’électricité sont devenues les plus grands voyageurs de nos pays, même devant ceux qui nous servent de présidents. Comment peut-on décemment vivre sans eau courante, des mois durant et sans électricité, sur la même période ? Là non plus, ces fameux opposants sont aux abonnés absents ! Pas un meeting, pas une marche.

Au Sénégal, l’imam Youssoupha Sarr, en 2010 avait lancé un mouvement qui avait fait enrager et la Senelec (Société nationale d’électricité du Sénégal.) et le régime du président Abdoulaye Wade. En effet, il en avait appelé à la grève des factures d’électricité, à juste titre, car le service qui devait être rendu par la Senelec, ne l’était pas du tout !

Voilà un citoyen qui a pris à cœur et qui a compris que son rôle d’imam ne doit pas se limiter à préparer les âmes à avoir une place de choix auprès d’Allah, demain.

Frères et sœurs qui, sur le continent, aurez à prêcher aujourd’hui, prendriez-vous cinq minutes pour édifier vos ouailles sur ces questions au lieu de les bassiner sur l’amour du prochain, thème largement éculé depuis des siècles

Obambe GAKOSSO, March 2014©

2 réponses à “Et si on mettait autant d’ardeurs à défendre notre continent qu’on défend les religions?”

  1. Ralphël ADJOBI dit :

    Zut ! il m’a devancé. Et pourtant c’était si simple…. mais il fallait y avoir pensé. Bravo !

Répondre à Ralphël ADJOBI Annuler la réponse.

 

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