Le napalm sur les Camerounais? « Ouais! c’est pas important! » (Pierre Messmer)

Pierre Messmer est né en région parisienne en 1916. Il y mourra 2007, à l’âge de 91 ans. En Hexagone, il aura eu une belle carrière politico-administrative en occupant notamment le poste de Directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur Gaston Deferre (années 50), de ministre des Armées et de Premier ministre.

C’est après avoir été collaborateur de Deferre, le père de la tristement célèbre loi qui a plus encore opprimé nos parents, que Messmer a débarqué au Cameroun, alors en pleine guerre d’indépendance.

A celles et ceux qui croient encore aujourd’hui que les Africains souffraient et s’ennuyaient tellement à Kama qu’ils sont allés se poster sur nos côtes pour attendre tranquillement que les Occidentaux débarquent, il sied de rappeler qu’une guerre d’indépendance a eu lieu au Cameroun.

Cependant, le pouvoir colonial avait tellement bien fait les choses qu’en France, personne ne savait ce qui se passait dans ce territoire si loin de Paris où, pourtant, du bois de très bonne qualité et de l’hévéa était allègrement exploité, récolté par des Nègres quasiment esclaves malgré l’abolition officielle de cette pratique qui avait tant enrichi l’Occident.

Dans le film, Messmer ne passe pas par quatre chemins au sujet de sa mission : « Je savais ce que j’avais à faire ! » Ce film a été tourné alors que le colon Messmer était déjà en âge avancé. Pourtant, on voit dans son regard toute la détermination dont il avait dû faire montre en ce temps pour aller déverser le napalm sur les Africains qui refusaient la soumission et l’esclavage, revendiquant simplement leur liberté.

Et quand Messmer est interrogé au sujet de ce napalm, il faut voir combien il s’en fout, mais royalement !!!

Il y a beaucoup, beaucoup de choses à dire et à redire au sujet de ce film où l’on regrettera notamment qu’Ossende Afana soit complètement absent. On voit des héros qui ont survécu, qui ont été torturés, simplement parce qu’ils voulaient être libres.

Il y a deux questions que je vous pose, rien que pour vous qui avez lu mon billet et qui peut-être allez suivre ce film :

-      Comment la France pouvait-elle prendre nos parents et nos grands-parents pour, disait-elle, aller combattre la barbarie nazie et à la fin de cette guerre ethnique eurasiatique et ensuite tuer nos parents et grands-parents car ces derniers ne réclamaient rien d’autre que la même liberté au nom de laquelle ils étaient allés se battre en Europe ?

-      Après avoir vu le film, pensez-vous réellement que Pierre Messmer et ses maîtres considéraient les Africains comme des humains ?

Les deux questions se rejoignent. Moi, j’ai ma réponse. Et vous… ?

Bonne visualisation !

 

Obambe GAKOSSO, February 2014©