Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

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18 février 2014

Ces « présidents » africains qui font du théâtre

Classé dans : Politique africaine,Santé - Médecine et autres sciences — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 18 h 26 min

Depuis plus de deux ans, l’ONU et la France ayant décidé que le président de la République de Côte d’Ivoire (CI) était désormais Alassane Dramane Ouatttara, les Ivoiriens en particulier et les Africains en général ont accepté cet état des choses, comme nous avons pris trop souvent l’habitude d’accepter tout ce qui vient de l’Occident, surtout en matière de gouvernants.

Africa

Qu’on accepte ces choses ou pas, il y a des moments où l’actualité s’impose à nous et nous pousse à rectifier le tir de nos analyses ou à les conforter. Hélas ! à mon grand désespoir, c’est vers la deuxième tendance que je me dirige : nous sommes loin, mais vraiment très loin d’avoir traversé le fleuve.

Mais vraiment.

Ainsi donc, cet homme de Ouattara est actuellement en France, en soins ou en convalescence, selon les sources d’information. D’après ce que j’ai lu hier, lundi 17 février 2014, il aurait subi une opération et ne rentrerait en Côte d’Ivoire, pays dont il dit être le président, qu’au mois de mars prochain.

Les lignes, ces lignes que je viens de taper ne surprendront pas grand-monde, parmi les habitués des arcanes de la Françafric. Cependant, pour le profane et pour ceux qui sont pourvus d’un bon sens, la question toute simple, toute bête même je dirais, consisterait à se demander pour un homme qui dit être chef d’Etat d’un pays africain, va se faire soigner en Europe, en plein vingt-et-unième siècle.

Pour mémoire, Alassane Dramane Ouattara a été Premier ministre de la CI de 1990 à 1993. Des membres de son parti, le RDR (Rassemblement des républicains) ont été ministres après le putsch ayant entraîné le renversement du président Henri Konan Bédié en décembre 1999. Ensuite, après la tentative de putsch de ses dozo en 2002, des hommes à lui ont fait leur retour aux affaires, obligeant le président Koudou Gbagbo à une cohabitation, jusqu’à ce que des soldats français aillent l’arracher de sa résidence présidentielle. C’est dire que lui, Alassane Dramane Ouattara et des membres de son parti connaissent au moins un peu la réalité sanitaire. Pourront-ils un jour nous en dire un mot ? Ont-ils seulement une politique sanitaire globale pour les Ivoiriens et les autres Africains résidant en CI ?

Qu’est-ce qui peut pousser un homme politique africain en fonction, vivant sur le continent, à prendre l’avion pour aller subir une intervention chirurgicale en France, puissance coloniale dont le rôle dans la déstabilisation des enclos de son pré-carré n’est plus à démontrer ? La CI manquerait-elle à ce point de chirurgiens ?

Je dis non.

Si le RDR, le gouvernement ivoirien et Alassane Dramane Ouattara pensent le contraire, il est plus que jamais temps alors de se pencher sur cette question afin d’arrêter cette humiliation qui est devenue d’une banalité affligeante : voir nos hommes politiques aller se faire soigner en France, en Espagne ou en Italie. Même pour un rhume, des fonds sont débloqués et nos élites se téléportent vers l’Occident pour grever encore de plus belle nos budgets qui déjà n’en peuvent plus.

Le président (1984-2008) Lansana Conté (1934-2008) de la Guinée, à ma connaissance, malgré de multiples pépins de santé, n’est jamais allé se faire soigner en Europe. Á la rigueur, il s’arrêtait au Maroc qui, jusqu’à preuve du contraire, est en territoire africain, même si plus membre de l’OUA/UA depuis trente ans. Il mourra chez lui, en Guinée et cela n’a pas changé grand-chose au destin du monde : la terre tourne encore, aux dernières nouvelles… Cerise sur le gâteau, quand ses médecins voulaient l’amener en Europe, il disait non et rentrait chez lui. On peut tout reprocher à cet homme, mais il savait qu’il n’aurait pas été convenable pour lui d’aller offrir son corps à l’Occident. Hassan II (1929-1999) lui-même, roi du Maroc, est mort à l’hôpital Avicennes, à Rabat, dans le pays où il a été souverain quasiment 40 ans.

Omar Bongo Ondimba (1935-2009) lui a rendu l’âme en Espagne, à Barcelone, après avoir sans doute oublié de doter on pays d’un système de santé digne de lui. On pourra en citer plein d’autres, et nous ne manquerons pas de noms à présenter.

Nos dirigeants, au-delà de la honte que cela constitue pour le milliard d’Africains que nous sommes, se rendent-ils seulement compte qu’en mettant les pieds dans les hôpitaux et cliniques occidentaux, ils livrent ainsi leurs dossiers médicaux aux Services occidentaux qui n’ont même pas le moindre effort à effectuer pour avoir les dossiers médicaux des gens qui, dit-on, doivent prendre des décisions pour nous. Comment les Américains réagiraient-ils en apprenant que leur président, Barack Hussein Obama allait se faire soigner au Kenya, pays de son père, pourtant? Comment réagiraient-ils si jamais ils apprenaient qu’il allait subir une opération en Indonésie, pays où il passé une partie de son enfance et aussi pays de l’époux de sa maman?

En Chine, les choses sont simples: il est interdit au chef de l’État d’aller se faire soigner hors du pays. Point. Et, il me semble même que cette interdiction s’étende à d’autres dirigeants, donc tous membres du Parti communiste chinois. Pendant ce temps, certains de nos dirigeants prétendent ne jurer que par la Chine, soit depuis les années 60, soit depuis les années 2000. Il faut dire que ces gens qui sont aux affaires ou qui l’ont été hier et qui nous bassinent avec leur Chine du soir au matin, sont de véritables escrocs car ils aiment la Chine sans essayer de comprendre comment la Chine a fait pour arriver à ce niveau. Ils aiment la Chine pour faire du chantage à l’Occident, pour que cette dernière cesse de leur casser les pieds avec les questions de droits de l’Homme (qui au passage, rappelons-le sont une vraie fumisterie, aussi).

Si réellement ils aimaient tant que ça la Chine, il y a longtemps qu’ils auraient changé leur fusil d’épaule. Non pas que je sois partisan de ce pays, mais ce texte de loi devrait, aurait dû en inspirer plus d’un. Si ces gens aimaient tant que ça leur continent, notre alma mater, il y a belle lurette qu’ils nous auraient mis en place un minimum de services de santé afin que le dernier des Africains, de par ses revenus, ne soit pas obligé de crever la gueule ouverte faute de trouver un infirmier à côté de chez lui.

Au Congo-Mfoa récemment, le DG du CHU (Centre hospitalier universitaire) a été victime d’un banal accident de la route comme il en arrive hélas! tous les jours sur cette terre. Comble de l’ironie, il a été évacué rapidement sur la région parisienne, en France, pour y être soigné. Si le patron d’un hôpital de santé n’a même pas confiance en son propre personnel soignant, comment pourrait-on lui accorder le moindre crédit? Je veux bien que cet homme se considère comme un malade précieux, mais là, ça dépasse tout simplement l’entendement.

Les Alassane Dramane Ouattara et consorts se moquent tout simplement des Africains. Puisqu’ils adorent tant que ça l’Occident où ils ont des logements, que n’y restent-ils point, les 12 mois de l’année? Dans leurs pavillons et autres hôtels particuliers, personne n’irait les y déranger. François Marc Bozizé Yangouvounda a élu domicile en France depuis sa chute à Bangui, quels sont les Africains qui vont lui réclamer le moindre compte là où il crèche? Idem pour Didier Ratsiraka, Pascal Lissouba et j’en passe qui, après avoir quitté le pouvoir (défaite électorale pour le premier et putsch pour le second) passent des jours paisibles en France où Dame Nature dans son extrême bonté les garde encore en vie, malgré leurs âges avancés (78 et 83 ans).

L‘Afrique a plus que jamais besoin de patriotes, de Panafricanistes qui croient dur en ce continent et en ses enfants, au point de leur créer les conditions pour une bonne éducation et pour une bonne santé. Tant que nous continuerons à garder ces véritables bras cassés aux affaires, on aura toujours des députés, des préfets, des maires qui seront abonnés aux établissements de santé occidentaux où l’on rit de nous tous les jours, à tel point que ces praticiens n’ont à vrai dire pas besoin d’aller au théâtre car le théâtre en réalité vient à eux.

Obambe GAKOSSO, February 2014©  

2 réponses à “Ces « présidents » africains qui font du théâtre”

  1. Angela Ivoire dit :

    Ils n’ignorent pas que les hôpitaux sont vétustes. S’y faire soigner ? Bien sûr que non, ils sont des rois, que dis-je des empereurs. Ils ne vont certainement pas se trouver aux mêmes endroits que leurs sujets !

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