Le temps béni des colonies

Les dirigeants africains sont d’une servilité vis-à-vis de leurs maîtres occidentaux, à un point qui explose les sommets de la démence. Il leur arrive certes d’avoir de temps en temps des poussées d’urticaire et ils sortent des termes comme Néocolonialisme, ingérence dans les affaires de nos États etc.

Je suis un peu méchant en disant « les dirigeants africains »  car j’ai plutôt tendance à penser que ce phénomène s’observe le plus souvent en zones d’influence française. Dans le fameux pré carré, sorte de surface de réparation où la France est reine et ne permet à personne à aucune tête de dépasser, au risque d’être coupée.

Je ne me souviens pas, du temps où je vivais au Maroc, avoir vu pareils spectacles où on s’aplatissait devant le premier dirigeant politique français débarquant, qu’il soit conseiller général d’un obscur département français, ou ministre des Affaires inutiles de l’Hexagone… Ces choses qui peuvent paraître bêtes, banales aux yeux de nombre des nôtres ont pourtant leur importance dans le cadre des relations entre États.

Enfin, quand je dis « États », on se comprend…

Il y a quelques années, le président de la République du Niger, « démocratiquement élu ».. (selon la belle formule consacrée, devenue magique), Mamadou Tandja, était en visite officielle en France. J’avais souri et même rigolé en apprenant dans la presse que cet homme, à la tête d’un grand producteur d’uranium avait eu pour hôte, lors du dîner officiel offert par la France, un certain Guy Hascoêt. Ce nom ne vous dit rien? Normal. Je vous invite à aller sur vos moteurs de recherche et de chercher à savoir qui c’est…

La France était en pleine cohabitation et ni Jacques Chirac (président), ni Lionel Jospin (Premier ministre), ni… n’Avaient eu du temps à accorder à cet homme. Question: il avait pris l’avion pour quoi, finalement?

Chez nous, les « dirigeants » ne s’embarrassent pas d’autant de scrupules. Même nos présidents » ont du temps à consacrer aux ministres français qui débarquent chez nous, sous nos merveilleux 20-40°C. C’est à croire qu’ils ‘ennuient ferme dans leurs palais présidentiels… Comment est-ce possible? De quoi parlent-ils donc au point que nos ministres, les homologues des ministres français ne peuvent les recevoir? Chez nous, sait-on ce qu’est le parallélisme des formes? Chez nous, a-t-on une certaine idée de ce qu’est un État? Il y a vraiment de quoi en douter…

Il y a peu, Brice d’Auvergne, ami de Nicolas Sarkozy et alors, ministre de la France, était en visite « officielle » au Congo. Quelle ne fut pas ma stupéfaction de voir cet homme pénétrer dans les locaux de la commune de Talangaï (arrondissement 6 de Mfaa). Bien entendu, Bwana était là et il fallait que les caméras de TV Congo, la Pravda locale soient là pour immortaliser cet événement de portée plus que historique. Quand les ministres du pré carré français arrivent à Paris, combien de chaînes de TV locales s’y intéressent?

Comment peut-on être aussi gaou?

Ce jour, vendredi 14 février 2014, le Congo a montré à quel point il était très, extrêmement, très hautement amoureux de la France car le sieur Le Drian, Jean-Yves de son prénom, ministre français de la Guerre, a eu les honneurs de visiter le port de Ndjindji, capitale économique du Congo-Mfoa. Le but? J’aurai du mal à vous en parler sérieusement tant des boutons sont en train de me sortir au moment de taper ces mots et la fièvre gagne mon corps en même temps.

Il y a plusieurs années, ya Omar, comme j’aime à l’appeler (paix à son âme), avec le franc-parler qui le caractérisait, avait demandé à un de ses homologues français, le pourquoi de cette situation. Et ce dernier de lui dire que c’était parce que chaque semaine quasiment, il y avait des ministres africains qui débarquaient à Paris et qu’il était matériellement impossible à leurs homologues de les recevoir.

Chiche alors!

Les ministres français n’ayant pas le don d’ubiquité, je repose la question: à quoi servent les voyages de nos soi disant excellences à Paris, chaque jour? Dans le cadre du Congo, si vous avez une semaine, je dis bien seulement une semaine de repos, prenez une couette, une brosse à dents etc. Installez-vous à l’aéroport Roissy-Charles-De-Gaulle et vous serez impressionnés de voir que pour chaque vol provenant de Mfoa, il y a un ministre, un directeur de cabinet, un conseiller ministériel/présidentiel etc. qui arrive. Pour faire quoi? Eux seuls doivent le savoir. C’est sans doute pour ça que nos pays seront émergents en 20XX.

 

Obambe GAKOSSO, February 2014©..