Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

Kemet (l'Afrique), les Kamit (les Africains), leurs relations avec le reste du monde, les essais qui me frappent, etc., voilà les sujets de cet espace

11 février 2014

RCA: des morts, des putschs, des morts, des putschs

Classé dans : Politique africaine — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 9 h 43 min

Les jours passent et l’impression qui se dégage est que la poudrière à laquelle une étrange mèche est attachée, en RCA (République Centrafricaine) n’est pas prête de s’éteindre… En tout cas pas maintenant. Aussi curieux que cela puisse paraître, je ne suis ni étonné ni surpris. Le drame centrafricaine est pris, encore une fois, à la légère, par les Africains. Une fois de trop, hélas!

Bangui

Hier donc, nous apprenions que le député Jean-Emmanuel Ndjaroua, membre du Parlement (CNT, Conseil national de transition) a été abattu devant son domicile par « des inconnus ». Vu l’état de déliquescence totale dans laquelle se trouve l’administration centrafricaine, héritée de Michel Am-Djotodia et François Marc Bozizé Yangouvonda (pour ne citer que ces deux-là). La veille de cet acte crapuleux, il avait fait un discours devant les autres membres du CNT, condamnant les violences et exactes dont étaient victimes les ressortissants « cosmopolites » depuis quelques semaines dans le climat d’insécurité dans lequel se trouve plongé le pays.

Par « cosmopolites », apparemment, il faut entendre « musulmans ». En effet, depuis la chute de Djotodia et de ses hommes, chaque jour qui passe nous donne des informations concernant les assassinats des « musulmans ». Ce discours au Parlement et son meurtre sont-ils liés? L’avenir nous le dira. Peut-être.

Deux semaines auparavant, cet homme avait déjà été frappé dans ce qu’un homme peut avoir de plus cher, de plus sensible: deux de ses fils, entre les localités de Sibut et de Damara (au Nord de Bangui, la capitale).

On n’a même pas le temps de s’apitoyer sur le sort de sa famille et de ses amis car avant même la chute de Bozizé Yangouvonda, des Centrafricains tombaient comme des mouches face à l’avancée de la coalition de la Seleka. Avec l’arrivée de cette dernière aux affaires, en mars 2013, certains avaient eu la naïveté de croire que la RCA et ses 4.000.000 d’habitants retrouveraient – enfin! – la paix!

Leurre!

Leurre!

Leurre!

Que les masses soient enthousiastes, je puis le comprendre. Que les foules soient toujours exaltées au point d’applaudir le premier venu, tel un enfant tombant dans les bras du premier à lui offrir des bonbons, je puis aussi le concevoir. Mais l’élite.

Quid de l’élite africaine?

Quid de ces élites qui ont en mains, ou qui nous disent qu’ils ont en mains notre destin?

Que se passe-t-il donc au quotidien dans les crânes de toutes ces personnes qui aiment à se faire appeler « Excellence! » comme si c’était le prénom que leurs papas avaient omis de leur donner à la naissance et auxquels ils finissent par s’accrocher comme l’Africain qui se découvre une foi chrétienne ou musulmane à l’âge adulte et qui change par la même occasion de nom?

Je veux bien que nos présidents, nos ministres, nos députés et nos sénateurs, sur ce continent soient naïfs, mais à ce point, cela demande un ou de nouveaux épithètes que j’ai du mal à sortir. Qui a oublié que toutes les années Patassé (1993-2003) n’ont été que soubresauts, violences, mutineries et un putsch réussi (mars 2003)? J’en connais qui me disaient que le drame de ce pays se résumait à l’arrogance et à l’incompétence de cet ingénieur dont la barbichette et la canne étaient même devenues plus célèbre que lui, sans oublier sa variété de maïs (Ngakoutou, du nom de son papa), créée par lui-même, mais qu’aucun Africain n’a sans doute dû manger. Sobn départ a-t_il changé quoi que ce soit? Non, l’armée de la RCA est demeurée aussi déliquescente que l’Etat dont il est censé dépendre et Bozié Yangouvonda a lui aussi dû essuyer maintes attaques jusqu’à rendre son tablier.

Ce que j’écris ici est connu et su de tous nos dirigeants ou en tout cas de ceux qui prétendent l’être. Jusqu’à quand vont-ils mettre des pansements sur des jambes de bois avec des opérations militaires qui visiblement ont montré leurs limites depuis belle lurette? Les soldats africains présents en RCA sont en nombre insuffisants. Tout le monde le sait. Mais nos élites politiques font comme si…

Je crois qu’il serait vraiment temps de faire le point et le décompte des pays qui envoient des soldats se battre pour sauver nos compatriotes africains et concentrer le travail avec ceux-là. On ne peut pas continuer ainsi à faire semblant. Le pire est qu’aucune, je dis bien aucune région de notre continent n’est épargnée par ces questions de violence.  

Imaginons que demain, dans 6 ou dans 60 mois, que la paix revienne en RCA, ensuite, on fait quoi? Chacun reprend ses paquetages et rentre chez lui en se disant « Mission accomplie, ouf! »? Là, ça serait un remède bien pire que le mal, j’en suis sûr car, les mêmes causent provoquant les mêmes effets, je ne donnerai même pas 365 jours à la future présidente (ou au futur président), « démocratiquement élue » (« démocratiquement élu ») connaisse à son tour les mêmes soubresauts, dans les mêmes conditions que les pauvres aventuriers cités plus haut.

L‘armée africaine! 

Tant que nous n’aurons pas mis sur pieds une armée continentale, nous aurons à l’ouest du continent des rebelles, au centre des milices armées, à l’Est des fous d’Allah qui investiront encore des centres commerciaux pour transformer nos parents en chair à canons.

Bien entendu, nous sommes tous conscients que nos dirigeants sont tellement égoïstes que l’idée même de créer une armée continentale les effraie au point qu’ils sous-traitent la défense de nos populations à l’Occident. Bilan des courses: des casques Bleus en RDC, des soldats français au Mali, au Tchad, au Gabon, en Côte d’Ivoire, en RCA, à Djibouti et j’en passe, à telle  enseigne qu’en un claquement de doigts, si Paris décide de se débarrasser d’un dirigeant africain têtu, c’en est fait de lui: le président Koudou Gbagbo ens ait quelque chose et il doit y méditer, à mon humble avis, chaque jour que Dame Nature fait!

Nous avons donc des gens qui préfèrent être soumis à autrui plutôt qu’à leur propre peuple, sachant que du jour au lendemain, autrui les jettera comme il avait jeté leurs prédécesseurs: dans les poubelles de l’histoire. Il est vrai que la schizophrénie ne se soigne pas…

Deux pays, s’ils le décrètent, peuvent lancer les États-Unis d’Afrique, en commençant par mettre leurs forces armées en commun: on aura déjà là une réduction sérieuse du risque de coups d’État qui sans cesse endeuillent nos familles alors que déjà le FMI (Fonds de la misère instantanée), les aliénations de tous types, nous massacrent au quotidien.

Les cas de la RCA et de la RDC (pour ne citer que ces deux exemples) sont des cas qui ne nous augurent rien de bon car aussi bien à Kinshasa qu’à Bangui, il ne me semble pas voir un seul homme ou une seule femme à même de dire à un seul de ses voisins: Je suis prêt à mettre ma souveraineté dans la même corbeille que toi, afin que nous ayons une armée commune! N

Pourtant, les USA  avaient commencé à 13 et on a vu le résultat: combien de putschs ce pays a-t-il déjà connus?

 

Obambe GAKOSSO, February 2014© 

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