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3 janvier 2014

Le Prince Dika Akwa nya Bonambela et les descendants des pharaons

Classé dans : Lectures — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 21 h 50 min

« L’œuvre de toute une vie ».

Ou encore « L’œuvre de mille et une vies ».

C’est ainsi que je pourrais présenter, en quelques mots, le livre colossal du prince Dika Akwa nya Bonambela.

Ce livre, je l’ai lu peu après 2009.

Livre de

Je l’ai relu les semaines qui viennent de s’écouler et c’est un véritable régal que de s’y plonger et de s’y replonger. Relire un livre n’est pas mon fort, mais je fais des exceptions pour les essais et autres récits.

Le travail accompli par ce prince, cent-neuvième descendant d’une très vieille dynastie kamit. Cet homme était pluridisciplinaire, comme nombre de nos aînés de cette génération qui avaient réussi à s’intéresser, non seulement à plusieurs sciences, mais aussi et surtout à y exceller. Il a été chercheur en droit, en anthropologie et en histoire. Ce sont ces deux disciplines qui lui ont permis d’écrire cet ouvrage de 440 pages, paru aux éditions Osiris Africa, en janvier 1985 et dont le titre fait saliver (déjà) : LES DESCENDANTS des PHARAONS à travers L’AFRIQUE. Et, à l’intérieur du livre, sous-titre est ajouté, qui donne son orientation au livre : (La marche des nationalités Kara ou Ngala, de l’Antiquité à nos jours).

Pour les Congolais, de part et d’autre du fleuve, quand on entend « Ngala », on pense inévitablement aux populations originaires des régions des Plateaux, des deux Cuvette, de la Sangha et de la Likouala, ceci pour le Congo rive droite. Et, de l’autre côté du fleuve, on pense aux originaires du Maï-Ndombe, de l’Équateur, du Sud-Ubangi notamment. Cependant, les Ngala dont il est question dans ce magistral ouvrage, sont une très lointaine population qui a irradié depuis l’Égypte pharaonique et est allé partout quasiment sur le continent. Et ces Ngala ont donné une foultitude de sous-groupes linguistiques que l’on trouve aujourd’hui sur le continent, aussi dans l’Ouest (Peuls par exemple) qu’en Afrique australe et centrale (cas des Zaghawa, des Duala, des Bassa, des Bamileke etc.)

L’auteur a réussi lui-même, sur la base de recherches sérieuses et rigoureuses, à retracer les origines de sa lignée.

Utilisant entre autres les travaux de ses compatriotes africains Cheikh Anta Diop et Mwene Nzale Obenga, ainsi que ceux de quelques africanistes européens sérieux, il nous démontre – lui aussi – combien nous sommes en très grande partie, sur ce continent, issus de cette civilisation multimillénaire qui a tant apporté à l’humanité.

Il a travaillé sur les langues, sur les noms, sur la spiritualité et la conclusion est la même : nous sommes UN sur ce continent et peu sérieux (je suis poli) celui qui prétendrait le contraire.

D’ailleurs, de nos jours, ceux et celles qui osent prétendre le contraire n’ont pas d’arguments à opposer aux thèses de chercheurs comme le prince Dika Akwa nya Bonambela. Cette escroquerie qui crée des aberrations comme le « chamito-sémitique » ou encore « l’afro-asiatique » (idées farfelues soutenues même par des Africains ou présentés comme tels, au prix de jongleries indignes de la recherche scientifique) sont encore une fois balayées par ce chercheur qui a vraiment abattu un travail de titan. .

Je sélection des extraits allant de la page 340 à la page 343 qui vous donnent un aperçu plus que passionnant de ce travail.

Bonne lecture !

 

Obambe GAKOSSO, January 2014©

Le troisième point concernant la parenté linguistique entre l’égyptien ancien et les langues des Noirs d’Afrique a semblé moins facile. Pourtant, il n’y a rien d’insoluble. (…) Dans le domaine des langues, Cheikh Anta Diop n’est pas le seul à avoir utilisé la méthode comparative ; celle qui part du postulat de similitude du vocabulaire. Dès 1954, il s’est employé à l’étude comparative du wolof (…) avec l’égyptien ancien ; très souvent il a dépassé le cadre du wolof pour y associer en outre le fulfudé ou la langue des Foulbé et le serère. Tout récemment, il devait mettre au point une méthode de recherche, la glottochronologie qui est une méthode statistique conçue par l’Américain Swadesch pour calculer la profondeur temporelle existante depuis la séparation de deux langues d’origine commune. (…) Les travaux de Théophile Obenga ont permis d’aller plus loin. Théophile Obenga dont l’avantage est la connaissance de l’égyptien ancien a avancé dans la direction tracée par Etienne dès 1922. Le chercheur congolais a ensuite passé au crible la première œuvre linguistique de Cheikh Anta Diop ; il en a expliqué les limites. Il a exhumé et ensuite ré-interprété avec intelligence les travaux de Lil Homburger qui a consacré sa vie à l’étude des langues négro-africaines, s’évertuant à établir la parenté qui lie les dialectes coptes-égyptiens de l’époque tardive et Mandé de l’Afrique occidentale. L’égyptien et le fulfudé, les langues négro-africaines et les langues dravidiennes encore parlées dans l’Inde méridionale : le tamoul, le kanara, le malayam et le teloungou. (…) Liliane Homburger a non seulement mis en lumière la parenté typologique de l’égyptien ancien et des langues négro-africaines modernes, mais elle a également entrevu leur unité génétique dès 1928. Théophile Obenga en a tiré profit ; il a, en outre bénéficié de la contribution non moins capitale du Père belge G. Hulstaert (1950) qui confirme la thèse de Lil Homburger en travaillant à partir du lomongo, la langue des Mongo parlée au Zaïre comme dans le littoral du Cameroun dans le groupe Ngala-Dwala. Plaident également en faveur de la même thèse des faits cosmogoniques des Yorouba du Nigeria et ceux de la vieille Égypte pharaonique que le Révérend père L. Olumides Lucas a mis en évidence en 1948 : à cela s’ajoute l’analogie que des faits civilisationnels des Mangbetou de l’Afrique centrale offrent avec ceux de la même Égypte relevés par Jane Tercats, déjà en 1939. Théophile Obenga devait compter avec ce matériau important, et les travaux du Père Henri Trilles qui ont défendu la thèse de la parenté entre le Fang et l’Égyptien. (…) Si importantes que soient toutes ces contributions mentionnées, il reste qu’elles n’ont pas pu se situer hors du plan de la parenté typologique. Sans altérer, un seul instant ces instruments précieux, Th. Obenga relève cependant que la comparaison et celle des instruments linguistiques, d’un ensemble de langues ne suffisent pas à déterminer une « parenté génétique ». Les ressemblances extérieures entre les langues négro-africaines modernes et l’égyptien ancien, le copte y compris, ont montré une parenté qui appelait de tous ses vœux la démonstration d’une parenté génétique. (…) C’est ici que l’œuvre de Théophile Obenga se présente comme un véritable monument scientifique ; elle coupe court avec tous les errements du passé et le verbalisme pseudo-scientifique d’une langue égyptienne incorporée dans le chamito-sémitique ou l’afro-asiatique. (…) Dans le domaine de la linguistique comparée, Th. Obenga a déjoué la manœuvre de certains autres chercheurs, s’agissant de Rémy Gotterville-Ciraudet par exemple, dont l’effort fait pour établir le rapport existant entre la langue égyptienne et les langues africaines visait à établir la théorie d’une « langue mixte » qui serait la langue des Pharaons. (…) Après avoir démontré que les quelques « catégories » grammaticales et vocales décelables dans la langue des Égyptiens anciens et les langues sémitiques sont dues à des contaminations de voisinage, le savant congolais a souligné que ces dernières langues, notamment l’hébreu, ont emprunté des mots à l’égyptien, ce qui a conduit les linguistes étrangers à en déduire, à tort, une parenté génétique de ces langues avec l’égyptien, l’examen de la parenté des langues sémitiques et celle de l’Afrique dite blanche, c’est-à-dire berbère, n’a pas été négligé. Malheureusement, personne n’est arrivé à l’établir et n’y parviendra peut-être jamais. Le degré d’évidence d’une famille linguistique « Chamito-Sémitique » ou « Afro-Asiatique » se fonde sur du matériau sans consistance. Partant, il reste « une vue de l’esprit ». (..) Dès lors que la langue des Pharaons écrite de 3.000 avant notre ère au XVIIe siècle s’exclut de cette famille irréelle, imaginaire, la porte était grande ouverte pour la multiplication des faits et leur ordonnancement en vue d’une analyse susceptible de mettre en évidence la parenté de l’égyptien avec une branche ou avec la famille négro-africaine dont l’unité a été démontrée sans conteste. C’est dans ce domaine que Théophile Obenga et Cheikh Anta Diop dans un ouvrage plus récent ont précisément excellé. (…) Ils ont d’abord renforcé la réalité de l’unité du négro-africain-langues modernes des peuples de l’Afrique noire. Ensuite Th. Obenga a établi en plus qu’elle renvoie à une langue originelle commune avec l’égyptien ancien. (…) Sans négliger les autres langues négro-africaines, il s’est servi de l’embois comme échantillon. Il s’agit d’une langue parlée par les Mbosi du Nord de la République populaire du Congo. Nous pouvons ajouter que l’embosi du Congo est le même que celui parlé par la sous-ethnie raciale Mbosi dont les tribus sont : Mboko, Soubou, Bakweri, Balondo, Banoh, Batanga, Bapoukou, Longassè, Bamalé, Bakem, Ndobianga au pied du Mont-Cameroun et sur les rives de la Dibamba et de l’Océan Atlantique, s’agissant ici d’un parler du kingala ou langue du peuple Ngala-Dwala. Nous pouvons, d’ores et déjà, souligner que l’embosi du Congo, à l’instar du Mbosi du Bas-Cameroun se révèle une variante dialectale du kingala – le douala – langue qui a produit par ailleurs le lingala du Zaïre et du. Congo (…) Malgré sept siècles de séparation ou plus précisément l’absence de contacts directs, le ‘mongo’ parlé par la tribu raciale Mongo à 15 Km de Douala, sur les deux rives du fleuve Moungo dans le littoral camerounais reste identique au ‘Mongo’ constituant le noyau du lingala, langue commerciale du Zaïre, il en va de même du ‘koundou’ des Bakoundou localisés autour de Koumba, à 150 Km à l’Ouest de Douala, sur la route de Mbongué, et du ‘koundou’ des Bakoundou du Zaïre. On pourrait en dire autant du mbosi du Cameroun qui ne présente aucune différence avec le ‘mbosi’, c’est-à-dire le parler comprenant aussi plusieurs dialectes et sous-dialectes : mboko ou mboo, ngara ou ngare, ndongonyama, makwa ou akwa (ou penda), likwala, likonda, koya, mbosi. Les nuances dialectales qui séparent le mbosi au pied du Mont-Cameroun de la langue-mère, le kingala, sont exactement celles qui séparent cette dernière de l’embosi congolais.

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