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7 décembre 2013

Mort de Madiba: le bal des faux-culs continue

Classé dans : Décès — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 10 h 24 min

Ça y est.

Il a fallu attendre la fin de la quatorzième année du vingt-et-unième siècle, quasiment à minuit, ce 05 décembre, pour que le grand combattant de la liberté qu’est Madiba Mandela ferme ses yeux, nous laissant, pour aller rejoindre non seulement nos ancêtres, mais aussi tous ceux et toutes celles pour qui il s’est battu quasiment 70 ans de sa vie !

Mandela1

Quel destin extraordinaire que le sien !

Qui ne connaît pas Mandela, ce fils de Xhosa que son institutrice affubla du prénom de « Nelson », qui n’avait rien à voir ni avec son clan, ni avec son continent ?

Que n’a-t-on pas dit à son sujet ? Que ne sait-on à ce jour ?

Jai appris cette nouvelle alors que je tapais des lignes sur mon coucou, via des rafales de sms qui ont surgi sur mon autre gadget. Non seulement je remercie toutes ces personnes d’avoir pensé à moi au cours de ce moment historique.

J’ai toujours considéré ce mythe comme le plus grand d’entre nous.  De loin et même de très loin. Pourtant, au fil de l’eau, j’en ai « rencontré » d’autres, des lutteurs, des combattants de la la Liberté. Il demeure indéboulonnable, malgré les virulentes critiques dont il fait l’objet depuis des années dans son propre camp, celui du peuple noir. Malgré les injures et insultes qu’il n’a cessé de subir. Certains qui me lisent et qui ne l’aiment pas (ou plus), m’ont souvent fait ce reproche. Mais je demeure constant et leur demande sans cesse d’apporter des éléments probants afin que l’on en discute. C’est surtout, et de très loin, l’affaire de l’arme nucléaire que posséda naguère l’Afrique du Sud, du temps de l’apartheid. Je peux me tromper, mais je n’ai jamais lu un seul document qui stipule que Madiba Mandela et l’ANC (African National Congress) savaient où se trouvaient les fameuses ogives nucléaires. Quand les Blancs avaient compris que la situation en place depuis des siècles était intenable, ils ont pris le soin de démanteler. Il n’était pas concevable pour eux que les Nègres aient cet arme entre les mains.

C’est une des causes de ce que j’appelle le bal des faux-culs.

Ce bal n’a pas commencé lors de l’annonce du décès de Madiba, mais plutôt depuis sa sortie de prison. Les dirigeants occidentaux, leurs élites universitaires, leurs analystes politiques savaient, avaient la garantie que cet homme ne tuerait aucun de ses anciens tortionnaires. Ils savaient qu’il ne toucherait à aucun cil, à aucun orteil d’un quelconque Blanc d’Afrique du Sud, en sortant de prison, après 27 ans de prison, sans discontinuer. C’est ainsi que de terroriste, Madiba est devenu l’homme qui a droit à tous les plus beaux qualificatifs qui puissent exister en français, en anglais, en espagnol, en portugais, en allemand, en néerlandais, soit les langues des anciens colonisateurs de notre continent.

Depuis février 1990, chaque pas effectué par cet homme était suivi de commentaires d’un dithyrambe, d’une glorification, d’une célébration extraordinaires. Madiba mangeant une omelette ? La presse occidentale est sur son dos, louant cet homme « tolérant », « gentil », « humain ».

Madiba se retirant du pouvoir en 1999, brisant ainsi le mythe du dirigeant africain qui adore tellement le pouvoir qu’il serait prêt à sacrifier son peuple pour y demeurer une heure de plus. ces gens oublient de dire que Mandela n’a jamais lutté pour prendre le pouvoir pour lui-même, qu’il n’a pas sacrifié sa vie pour être président, mais pour libérer son peuple. En sortant de prison il voulait se reposer, aller à travers le monde remercier les gens qui l’avaient aidé et aidé l’ANC et profiter de sa famille. C’est son parti qui lui a dit qu’il devait endosser le costume de candidat à la présidentielle de 1994. Malgré lui, il acceptera. Cela est avéré et chacun peut le vérifier.

La légende, pour l’Occident pouvait continuer. Un homme qui a tant subi, qui a perdu des membres de sa famille alors qu’il était en détention, et qu’il n’avait même pas le droit d’aller enterrer, eh ! bien cet homme a passé l’éponge là-dessus, alors que n’importe quel humain aurait pris sa sagaie, sa machette pour réclamer vengeance. On aurait assisté à un bain de sang et cela était une des craintes des dirigeants occidentaux. Madiba ne l’ayant pas fait, ne l’ayant pas permis, l’Occident a continué à le porter aux nues. De terroriste, de dangereux, de « chef tribal » (Jacques Chirac, ce « grand ami de l’Afrique), Madiba était sanctifié et on lui dressait alors du jour au lendemain le tapis rouge.

Thomas Sankara est le seul dirigeant africain à avoir reproché de vive voix, devant cameras et micros, à François Mitterrand d’avoir reçu en France Pieter Botha, Jonas Savimbi. Qu’a fait Mitterrand quand Madiba est sorti de prison ? Il a reçu Madiba en grandes pompes, recevant lui aussi sa part d’honneur. L’Angleterre qui a aidé les racistes de Pretoria a, elle aussi, eu son quart d’heure de gloire lors de la rencontre entre Madiba et Margaret Thatcher. Quel dirigeant du monde occidental de ce monde prétendument libre mais qui encourage la servitude loin de chez lui, n’a pas mouillé sa chemise afin d’apparaître en photo avec cet homme devenu un mythe de son vivant ?

Thatcher, cette folle (je pèse mes mots et je les assume) n’a-t-elle pas dit, après avoir refusé des sanctions envers le régime raciste de Pretoria, régime dans lequel elle devait forcément se reconnaitre : Quiconque pense que l’ANC peut diriger l’Afrique du Sud est dérangé ?

Madiba est sorti de prison en 1990. Il a gagné les élections avec l’ANC en 1994. Cependant, il a fallu attendre 2008 et seulement 2008 pour que son nom et celui du mouvement politique auquel il a toujours appartenu, soient retirés de la liste des terroristes, où le régime de Ronald Reagan les avait gravés, solidement, dans le marbre le plus dur.

Les Africains, je suis désolé de revenir sans cesse là-dessus devraient arrêter de croire que le bon sens dort, se réveille, fait son jogging, mange ses œufs au plat entre Washington D.C. et les capitales de l’Union européenne. En 2000, Dick Cheney,alors vice-Président des USA, rappelait que pour lui, les choses n’avaient pas changé : l’ANC était toujours une organisation terroriste.  En 1986, cet homme était membre du Congrès US et, comme 179 de ses collègues, il avait voté contre une résolution visant à reconnaître l’ANC.

Si en 2008, finalement, l’ANC et Madiba n’étaient plus, aux yeux de l’administration US, des terroristes, c’est tout simplement, comme le déclarera Condoleeza Rice, c’était devenu embarrassant pour eux. Et encore, c’est un langage diplomatique. Au fond d’elle, elle devait penser « ridicule, stupide, aberrante, etc. ».

Mettons-nous encore une fois bien dans le crâne que Madiba n’est pas aimé des élites occidentales. On aime l’éponge qu’il a passé sur tout le mal subi et on aime surtout qu’il n’ait tué aucun de leurs congénères. Il y a une logique qui ne se dément pas depuis la nuit des temps : du trafic négrier à ce que nous vivons aujourd’hui, il y a plein de liens, plein de similitudes qu’il sied d’analyser comme il se doit au lieu de se bercer d’illusions comme nos dirigeants et comme certains d’entre nous le font. Imaginons, imaginons même un seul instant que Madiba et ses collaborateurs aient décidé de réarmer nucléairement leur pays? Aujourd’hui, il serait pour les dirigeants occidentaux, l’égal de Mahmoud Ahmadinejad, l’ancien président iranien. C’est ainsi que les choses se passent dans les chancelleries occidentales.

Madiba, en sortant de prison, en donnant le choix aux Blancs d’Afrique du Sud de choisir entre la nage pour rentrer en Europe, ou le passage par le fil de l’épée, aucun, je dis bien, aucun journaliste occidental aucun dirigeant occidental aucun universitaire occidental ne serait louangeur, laudateur, génuflecteur ni flagorneur à son égard.

Le bal des faux-culs auquel on continue d’assister est tout simplement indécent. C’est à vomir. Et, à mon sens, cela salit ternit vraiment la mémoire de cet homme et c’est injurieux envers tous ces enfants d’Afrique du Sud, massacrés depuis des lustres, devant l’indifférence quasi-générale des dirigeants occidentaux.

 

Obambe GAKOSSO, December 2013©

5 réponses à “Mort de Madiba: le bal des faux-culs continue”

  1. Gaël Wilfrid dit :

    Cher monsieur,

    Je souscris entièrement à tout ce que vous venez de dire.

    Je me suis d’ailleurs permis de partager cet excellent article sur mon mur facebook, pour en faire profiter mes amis physiques et virtuels.

  2. Grace Bailhache dit :

    Obambé, plus royaliste que le roi tu meurs…Mandela a t-il fait enlever son prénom Nelson de son acte de naissance ? Je crois qu’il aurait pu s’il l’avait souhaité à sa sortie de prison, pensant sa présidence, après sa présidence, j’aimerais en savoir un peu plus là dessus, tu sembles si au courant….

    Pour le reste…Quelle passion, je te retrouve bien là mon cher Obambé quand tu laisses glisser la plume et que tes sentiments et les faits s’entremelent tant et si bien qu’au bout du texte, je me dise, mission accomplie mon cher : il est bon que cela soit rappellé à ceux qui l’avaient oublié ou appris à ceux qui l’ignorent.

    Grace

  3. Grace Bailhache dit :

    ce fils de Xhosa que son institutrice affubla du prénom de « Nelson », qui n’avait rien à voir ni avec son clan, ni avec son continent ?

    Plus royaliste que le roi tu meurs…Mandela a t-il fait enlever son prénom Nelson de son acte de naissance ? Je crois qu’il aurait pu s’il l’avait souhaité à sa sortie de prison, pensant sa présidence, après sa présidence, j’aimerais en savoir un peu plus là dessus, tu sembles si au courant….

  4. Grace Bailhache dit :

    Yes…Enfin j’ai réussi à te citer correctement…

    Merci de supprimer mon tout premier commentaire s’il te plait Obambé. Et je termine ici, sur le corps de l’article.

    Quelle passion, je te retrouve bien là mon cher Obambé quand tu laisses glisser la plume et que tes sentiments et les faits s’entremelent tant et si bien qu’au bout du texte, je me dise, mission accomplie mon cher : il est bon que cela soit rappellé à ceux qui l’avaient oublié ou appris à ceux qui l’ignorent.

    Grace

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