Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

Kemet (l'Afrique), les Kamit (les Africains), leurs relations avec le reste du monde, les essais qui me frappent, etc., voilà les sujets de cet espace

12 novembre 2013

Ces blessures, nos douleurs: malgré tout, nous renaîtrons!

Classé dans : Ligue Panafricaine - UMOJA,Non classé — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 11 h 18 min

Quand le frère Ashanti Neg Mawon a pris la parole ce dimanche 10 novembre 2013 dernier à Toulouse, lors de notre rencontre publique à la rue d’Aubuisson, avec la musique de Pierre-Claver Akendengue et sa désormais mythique chanson Africa Obota, j’ai commencé par avoir des frissons.

Ces blessures, nos douleurs: malgré tout, nous renaîtrons! dans Ligue Panafricaine - UMOJA zdpQuand il a expliqué que sa mère, il y a donc fort longtemps, ne comprenait pas que lui, son fils à elle, Guadeloupéen comme elle (donc) se passionne, s’intéresse, écoute cette chanson avec des paroles qil ne comprenait manifestement pas, c’est la joie qui a remplacé ces frissons que je ressentais alors. Je connais le frère depuis plus de cinq ans et il n’y avait là rien de nouveau dans son discours, mais c’est toujours plaisant à entendre. Ces mots. Ces phrases. Pour celles et ceux qui n’ont jamais écouté cette chanson, il faut rappeler que les paroles sont en omyene, langue parlée dans l’enclos colonial Gabon.

Je ne parle pas moi-même cette langue. Et ce ne sont pas les quelques mots que j’ai appris il y a des années, au Maroc, auprès de frères Myene, qui pourront faire croire à un connaisseur de cette langue, que je la parle. Pourtant, moi aussi, quand j’étais encore gamin, j’adorais cette chanson, je l’écoutais sans cesse avec joie. Sans que je ne connaisse le frère Ashanti Neg Mawon qui était à cette époque en Guadeloupe et moi à Kama. Il faut écouter quand les autres parlent et faire extrêmement attention aux mots. Le frère a dit, Dans cette chanson, il cite les noms des pays du continent africain. D’aussi loin que je me souvienne, ces mots aussi m’avaient attiré, bien avant le reste des paroles. C’est avec le temps que j’ai fait attention aux mots « unité » et autres.

Combien de natifs de Kama s’intéressent aux Africains issus des déportations massives ? Combien de natifs du continent savent qu’ils ont des frères et des sœurs en Guadeloupe, en Martinique, en Jamaïque, en Guyane, à la Barbade, à Oman, à Dubaï, en Ayiti ? Combien savent que ces êtres humains qui s’y trouvent, sont des descendants d’Africains qui ont été chosifiés par des chrétiens d’Europe (plus de quatre siècles durant, avec la bénédiction du Vatican) et par des musulmans d’Orient ?

Je me souviens.

Il n’y a même pas cinq ans, une jeune sœur nous disait que la problématique du trafic négrier la mettait mal à l’aise avec nos frères des Afrodescendants. Pourquoi ? Parce que, depuis toute petite, elle, née dans les années 80, l’histoire officielle, écrite par les africanistes européens et que celles et ceux qui plus ou moins hérité de la gestion de nos territoires ont reprise et enseignée bêtement, sans trop de réflexions : Les Africains ont vendu leurs frères. Je suis plus âgé que cette sœur et on me l’a enseignée aussi, cette histoire. Mes aînés ont subi le même matraquage cérébral et nous avions grandi avec cette idée. Certains d’entre nous regardaient les Antillais et les Noirs des USA de façon parfois étrange. On admirait les chanteurs de zouk, on idolâtrait le roi Pelé, le plus grand footballeur que le monde ait connu, on essayait de faire nous aussi le Moonwalk de Michael Jackson, ce génie trop tôt disparu. Á l’époque, l’école ne nous parlait quasiment pas de nos frères et sœurs en question. Nous étions obligés d’attendre les images issues des TV occidentales pour les voir. Nos TV ? Rien à faire, elles ne faisaient rien et ne faisaient que nous resservir ce que les autres leur imposaient. J’ai fait l’effort de m’émanciper de cette pensée dominante en lisant moi-même les auteurs Afrodescendants. En les écoutant aussi. J’ai aussi lu des historiens Africains sérieux qui ont eu le courage de parler de notre histoire autrement qu’en obéissant aux règles et canons académiques occidentaux, bien que certains d’entre eux soient issus des universités françaises et anglaises (les principales).

Le frère Ashanti Neg Mawon l’a dit, dans son propos : en quoi les Occidentaux sont légitimes pour intervenir dans un débat entre natifs du continent et Afrodescendants ? Comment peuvent-ils donner des leçons alors qu’ils ne veulent pas réparer ce qu’ils ont eux-mêmes appelé « Crime contre l’humanité », à savoir l’esclavage ?

Curieux… On pourrait croire.

Très étrange… On pourrait même penser.

Rien de tout cela en réalité, c’est une politique vieille comme le monde.

Les documents sont là, ils sont disponibles. Les faits sont vérifiables. Oui, il y a eu ça et là, sur les côtes africaines, des Africains qui se sont livrés à ce trafic, mais de là à mettre LES Africains dans ce même panier, c’est une preuve supplémentaire que l’on ne peut décidément pas faire confiance à ces universitaires qui se disent « spécialistes de l’Afrique », alors qu’en réalité ils sont spécialistes du mensonge, de la désinformation, de la manipulation des esprits. Tout est fait pour que l’Africain (du continent) soit vilipendé, stigmatisé complètement, mis au ban à perpétuité, mais que par contre, l’Occident (je rappelle que ce trafic était officiel, au nom de l’église catholique et apostolique romaine, ainsi que des pays occidentaux qui l’ont organisé et qui se sont enrichis avec) soit plus blanchi que la neige.

Cela est connu et je n’invente rien là-dessus. Mais le fait est que des natifs du continent croient à ces fables et légendes. Que des Afrodesendants y croient, je peux le comprendre car ils sont officiellement des produits de l’Occident : leurs écoles, leurs bibliothèques etc. sont tenues par l’Occident. Selon la logique qu’il est très dangereux (même suicidaire) de scier la branche sur laquelle on est assis, il ne faut pas compter sur l’Occident officiel pour réécrire cette page sombre de sa propre histoire et de rétablir la vérité.

Je ne suis pas naïf à ce point, moi qui n’ai jamais cru au Père Noël et qui ne raconte jamais cette fable aux enfants, non plus. C’est aussi cela, le combat de la Ligue Panafricaine – UMOJA (LP-UMOJA). C’est aussi le sens du message que nous avons porté à nos frères et sœurs venus nous voir, nous entendre, nous écouter et nous dire leur fait. Nous avons évoqué la Renaissance de Kama. Mais je le dis et le redirai avec force, même s’il faudrait en perdre ma voix : la Renaissance de notre continent ne pourra jamais se faire sans nos frères Afrodescendants. C’est tout simplement impossible et inimaginable. Croire cela serait une erreur historique (encore une, une de trop ?) de notre part, nous natifs du continent, nous qui avons porté l’emblème du Panafricanisme. Pour que ce continent renaisse, pour que ce peuple renaisse, nous aurons besoin d’impliquer tous ses enfants. Qu’ils soient à Mayotte, à Trinidad and Tobago, à Brasilia, à Chicago, à Bruxelles, tout le monde devra mettre sa main la patte.

Combien d’Africains savent que les premiers étudiants en médecine, à Kinshasa, après le 30 juin 1960 (date de « l’indépendance ») ont été formés par des Ayitiens ? C’est l’histoire. C’est notre histoire. 53 ans après, quelle est la politique de la RDC, à l’endroit de Ayiti ? Que dit l’opposition politique de la RDC sur Ayiti ? Ayiti, on l’oublie trop souvent, a ouvert une brèche très importante avec sa Révolution (dont on ne parle pas assez) et sa victoire militaire sur la France, sur le chemin de notre Renaissance.

La LP-UMOJA a pris sa part dans ce travail et nous ne ménagerons aucun effort, dussions-nous y laisser notre vie.

Merci au frère Ashanti Neg Mawon.

Merci aux Afrodescendants qui sont passés échanger avec nous ce dimanche 10 novembre 2013.

C’était vivifiant.

 

Obambe GAKOSSO, November 2013©

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