Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

Kemet (l'Afrique), les Kamit (les Africains), leurs relations avec le reste du monde, les essais qui me frappent, etc., voilà les sujets de cet espace

  • Accueil
  • > Société
  • > Théophile Mwene Nzale Obenga: « Il faut faire des choix décisifs »

7 novembre 2013

Théophile Mwene Nzale Obenga: « Il faut faire des choix décisifs »

Classé dans : Société — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 0 h 27 min

Le magazine Racines, vous connaissez ? C’est un bimensuel guadeloupéen de Conscience et de Culture Nègre. Il est vendu à 2€ aux Antilles et à 3€ dans l’Hexagone. Le numéro 11, datant de juillet-août 2011 comporte une très intéressante et très passionnante interview de l’universitaire africain Théophile Mwene Nzale Obenga.

Théophile Mwene Nzale Obenga: L’entretien a eu lieu en Martinique et a été conduit par Mounza Shabaka. Bien entendu, l’Afrique a été au cœur de l’entretien. Une Afrique partant du continent et passant aussi par la Caraïbe. Il s’adresse aux Africains, mais vraiment aux Africains. A cette jeunesse de Duala, de Thiès, de Maputo, de Fort de France, de Moroni, de Lambarene, de Pointe-à-Pitre etc. Il ne fait pas de distinction entre ces jeunes car le Panafricanisme lui n’en fait pas, justement.

Nous ne le répéterons jamais assez : la paresse intellectuelle est un luxe que le Kamit, où qu’il se trouve, ne doit pas (ou plus, c’est selon) se permettre. Il est urgent d’aller au charbon car Kama a besoin de nous toutes et tous. Sinon, il ne nous restera plus que nos yeux pour pleurer.

Extraits :

De l’attachement des Négro-Africains (nés sur le continent et dans la diaspora) à Kemet (l’Égypte négro-africaine) : Ce sont les raisons les plus simples, des raisons de vie (…) par exemple, tous les peuples connaissent leur histoire du début jusqu’à maintenant, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Prenez les Japonais, ils connaissent leur histoire bien avant les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki. De même pour les Chinois. Mao leur a dit qu’ils doivent connaître leur histoire depuis Confucius jusqu’à nos jours. Lénine disait à son peuple que la culture prolétarienne ne tombe pas du ciel, mais qu’elle est faite de toutes les expériences antérieures du peuple soviétique. Enfin regardez les Indiens. Ils vivent de manière moderne mais n’ont pas pour autant renoncé à leur religion et ça les renforce. (…) Donc c’est normal que tous les peuples de la terre cherchent à se rattacher à leur histoire. (…) Quand ce n’est pas le cas, ça signifie qu’on est malade : c’est le cas des Noirs du continent, des déportés. Ils se posent des questions qu’aucun autre peuple ne se pose parce qu’ils ont été vendus, colonisés, traumatisés pendant des siècles. Il faut absolument être conscient de l’importance du rattachement à son histoire. Sinon, on fait le jeu de l’assimilation, de la créolité, de la négritude. Ce sont des recherches de conscience qui ne sont pas mauvaises mais qui ne sont pas complètes (…)  Il faut voir clairement que nous sommes les derniers à ne pas être connectés directement à notre histoire. Kemet est la base, mais n’est pas la seule civilisation africaine. Il y a eu les civilisations Yoruba, les civilisations Akan, Kongo, Kuba, Luba, Zimbabwe… tout le patrimoine culturel noir-africain, précolonial doit être connu, réactualisé, réaffirmé, discuté et critiqué par les Africains eux-mêmes pour bâtir l’avenir (…) Comparons avec l’Europe. Les Gaulois, les Germains, les Scandinaves… n’étaient pas Grecs, sauf les Grecs. Cependant, toute l’Europe fait de la Grèce le fonctionnement de leur humanisme alors que les Grecs ne sont pas leurs parents directs. Il y a les langues indoeuropéennes, le continent européen et cela a suffi à l’Europe pour établir le lien avec la Grèce ancienne. C’est ce qui a permis la renaissance européenne.

Un message adressé aux jeunes Africains des Antilles, en particulier :

Quand on est irresponsable, on ne fait pas d’erreur. La jeunesse doit faire ses fautes tout comme les aînés en ont fait : j’entends par là, qu’il faut être responsable. Si vous êtes responsable de vous, de votre communauté, de votre environnement immédiat, de votre peuple, de votre race et de l’humanité. Pourquoi la jeunesse asiatique, européenne… contribuerait à la construction du monde et pas la jeunesse noire ? La jeunesse mondiale travaille pour préparer son leadership. Vous avez des responsabilités vis-à-vis de l’humanité. Vous faites la musique, la peinture… et ce ne sont pas des choses de « négro », c’est humain. Il faut que la jeunesse africaine des Caraïbes, du Ghana… soit responsable. Au fond, la vie est un détail : un homme et une femme ont fait l’amour, tu es venu au monde, tu n’as pas choisi d’être Antillais, d’être Noir, Blanc, Jaune, mais tu ne peux pas pleurer sur ça : ce n’est pas ton problème. Maintenant, qu’est-ce que tu fais de ta vie, comment diriges-tu ta destinée. Là, ce n’est plus un détail (…) Nous avons un cerveau puissant donc il faut assumer notre destinée, donner un sens à sa vie tout comme Aimé Césaire, Frantz Fanon, Cheikh Anta Diop… l’ont fait durant leurs jeunesses : il faut faire des choix décisifs. Si vous avez vu la lumière, ne restez plus dans les ténèbres.

Obambe GAKOSSO, November 2013©

Laisser un commentaire

 

Posedepierre |
Sylvie Marcotte - Mon CV |
Blogtech |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Liumx91
| Ecrirelemonde
| Plaisirsdelavie