Ibrahim Boubacar Keïta: Vous me faites honte, Monsieur le président!
En temps normal je me lâche vraiment et j’écris de trois à six pages Word tant la colère bout en moi.
Aujourd’hui, mardi 05 novembre 2013, c’est non seulement de la colère que je ressens, mais aussi de la honte. Oui, j’ai honte de l’attitude de nos dirigeants politiques en général, mais encore plus, du nouveau président malien. En tout cas, de celui qui dit qu’il est le président de ce grand pays au passé légendaire. Ce pays où de glorieux hommes vécurent et où ils écrivirent en lettres d’or, une des plus belles pages de ce monde.
Comment pouvons-nous tomber aussi bas dans l’échelle de la bêtise et de l’aplat-ventrisme ? Comment le larbinisme peut nous ridiculiser ainsi, à la face du monde ? Nombre de Congolais me diront encore, comme ils en ont le secret, Mais tu n’es pas Malien, il est où ton problème ? Occupe-toi du Congo ! Il s’avère que les Congolais, je les connais. Passons.
D’autres Africains me diront, Pourquoi tu as honte ? Laisse Keïta dans ses affaires et occupe-toi du Panafricanisme. Sauf que, le Panafricanisme, c’est aussi s’occuper du Mali.
Vous devez vous demander, sans doute, quel crime a commis le président malien, alias IBK. Au sens propre du terme, je n’ai jamais entendu que cet homme ait pris quelque arme de guerre que ce soit pour abattre même une mouche. Non. C’est la manière avec laquelle il a géré le double assassinat des deux journalistes de RFI, Radio France international.
Si la mort d’un individu est toujours une chose regrettable, il est tout simplement consternant de voir comment IBK a, comme on dit si bien en lingala, a sombi likambo yango*.
Pourquoi donc le président malien a-t-il décoré les défunts journalistes français ? Est-ce une tradition malienne que de décorer des journalistes qui y meurent, assassinés ? Au nom de quoi ont-ils été décorés ? Et les soldats tchadiens dont les cercueils sont rentrés quasiment dans l’indifférence générale à Ndjamena, on en fait quoi ?
Ma honte me donne envie de me cacher…
Depuis que le Mali est en guerre, personne ne peut nous dire combien d’Africains ont été tués dans le Centre et dans le Nord du Mali. Tant ils sont nombreux. Devons-nous encore parler de ces mains coupées ? Je ne me souviens pas une seule fois avoir vu IBK pleurer, verser la moindre larme pour eux.
Depuis que la guerre a repris (donc sous sa présidence), des Africains ont été massacrés. Ma remarque précédente vaut également.
Nous avons tous suivi les informations et je ne me souviens pas d’avoir vu :
- François Hollande, président français, verser la moindre larme pour ses deux compatriotes ;
- Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères et n°2 du gouvernement, verser la moindre goute d’un seul de ses yeux ;
- Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Guerre et ami de plus de 40 ans de Hollande, s’épancher.
En vérité, les larmes, les yeux totalement embués d’IBK me font penser à ceux de son tristement célère aîné et prédécesseur comme président africain : un certain Jean-Bédel Bokassa, en 1970, en France, à la mort de l’ancien président français, Charles de Gaulle. Faut-il rappeler que de tous les politiques étrangers présents ce jour-là, Bokassa, l’ancien soudard, fut le seul à se vider ainsi, au point d’être capable de remplir un fleuve entier ?
Qui déjà avait dit que nous étions les damnés de la terre ?
Qui avait que lorsque le maître est malade, l’esclave de maison dit Nous sommes malades ?
Tout est dit…
Pauvres de nous…
J’ai honte, je vous dis. Je m’en vais me coucher car ma tête va exploser, sinon…
Obambe GAKOSSO, November 2013©
————————
* : Littéralement, il a acheté l’affaire. Interprétation : il s’en est approprié
Dans ma culture, quand la honte nous envahit à ce point là, on se fait hara-kiri pour ne pas vivre dans cette honte.
La dernière chose que l’on fait quand on a de la fierté, c’est pleurnicher comme un enfant pour que tout le monde nous lise.
Ne parle pas de l’honneur d’IBK si tu ne penses pas a ta propre disgrâce.
Bonjour Madame/Mademoiselle/Monsieur Xela,
Merci de venir nous rendre visite dans ce village qui est aussi le vôtre.
Dans ma culture, j’ai tout résumé dans mon billet. Cet homme me fait honte. Hélas! Pour vous, dans ma culture, on ne se fait pas hara-kiri, car je pense que tout homme est perfectible et que si le président Ibrahima Boubacar Keïta écoutait des voix autres que celles de ses maîtres de Paris à qui il veut tellement plaire qu’il ridiculise tout un continent, nous nous porterons sans doute un peu mieux.
@+, O.G.