Cerveau, crâne, tête, réflexion etc. Je me souviens de Dany Lafferière

Le titre de ce jour va sans doute va vous interpeller.

Il m’est venu comme ça, il y a quelques instants, en cherchant le thème à aborder ce jour, en espérant qu’il ne soit pas long (on est dimanche, hein !) J’ai donc mis de côté les billets que j’ai donc ma banque de données.

Le billet aurait pu faire partie de la catégorie « humeur », ou « humour ». J’en ris encore moi-même en y repensant.

Acte 1 : C’est un jeune frère qui ne jure que par le pouvoir en place à Mfoa. Il l’adore, il le vénère même s’il lui arrive de porter quelques critiques (en privé évidemment, il n’est pas fou !!!) Il prend mon livre entre ses mains et me dit : « J’espère que O fingi sassou na kati ya livre na yo te ? » (J’espère que tu n’as pas insulté Sassou dans ton livre ?) Je lui demande alors quand est-ce que j’ai déjà insulté Sassou. Il ne répond pas et ouvre le livre. Il se jette sur la première nouvelle du recueil, « Je n’ai plus de temps à perdre ». Au bout de quelques instants, il bondit et dit :

-      O moni, na moni O komi « Guerre », awa ? (Tu vois, tu as écrit « Guerre » ici)

-      Et alors ?

-      Mpona nini O zo koma makambo ya guerre awa ? Donc O koloba mabe ya Sassou. (Pourquoi tu parles de la guerre ici ? Donc tu diras encore du mal de Sassou.)

Il est charmant le petit, du haut de ses 36 ans avec son fanatisme décomplexé. Je rigole à gorge déployée.

 

Acte 2 : Celui-là est plus âgé que le précédent. 43 ans. Il tient mon livre entre ses mains. Contrairement au précédent, il n’est pas du tout fanatique du parti au pouvoir mais c’est un véritable trouillard qui n’aime jamais exprimer ses opinions devant plus de 5 personnes. Je le connais bien et je sais de quoi je parle, connaissant ses opinions.

Il se lance :

-      J’espère que O fingi Sassou te ?

Décidément… C’est une manie. Comment cet homme a réussi à s’imposer dans les têtes de tant de Congolais, au point d’occuper leurs crânes. Comment un seul homme, fut-il je ne sais quoi, peut à ce point devenir une obsession pour les têtes bien pensantes comme mal pensantes, de ses compatriotes.

Crânes occupées.

Têtes en vrille.

Cerveaux comprimées.

Non, ce n’est pas valable pour tous les Congolais et toutes les Congolaises, mais le nombre est impressionnant, tout de même.

Je termine donc l’échange avec ce frère :

-      O si o moni esika na finga Sassou ? (Où m’as-tu déjà vu insulter Sassou ?)

-      Nanu te. (Pas encore.)

-      Mpona nini O zo loba ndenge wana ? (Pourquoi parles-tu ainsi, alors?)

-      Na blog na yo, O lobaka makambo mabe na kombo ya Sassou na ya pouvoir… (Sur ton blog, tu dis de mauvaises choses sur Sassou et le pouvoir…)

-      Na fingaka ? (J’insulte ?)

-      Te. (Non.)

Dans un des livres de Dany Laferrière (Cette grenade dans la main du jeune nègre est-elle une arme ou un fruit ? *) je me souviens d’un endroit où il est dit que les dictateurs veulent tout le temps occuper les esprits de leurs compatriotes. Peu importe ce que les gens pensent d’eux, qu’ils les aiment ou pas, il faut que leurs esprits soient occupés par leurs compatriotes.

Voilà.

Ce fut court mais j’en ris encore.

Bon dimanche.

 

Obambe GAKOSSO, October 2013©

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* : Le Serpent à plumes, septembre 2003, 436 pages, Collection Motifs