Cholera au Togo, une nouvelle blague françafricaine
Il y a des nouvelles qui ressemblent à des farces, quand on les lit avec attention. Le cas de l’épidémie de choléra au Togo en fait partie. Bien entendu, je vous prierai d’avance de ranger vos machettes, vos sagaies et vos Kalachnikovs car je ne me réjouis aucunement de voir mes frères et mes sœurs souffrir de terribles diarrhées. Non, je ris au contraire d’une des conséquences de cela.
Ce ne sont pas les pathologies qui manquent sur le continent et les plus connues sont le paludisme et le sida. Les deux qui tuent le plus notre peuple, juste après la trahison de nos élites politiques. Cependant, le choléra, nous ne sommes pas nombreux à savoir ce que c’est. On ne va pas jouer les médecins du Net ici ni aujourd’hui, mais disons simplement que c’est une pathologie contagieuse due à une bactérie et ça se caractérise par des diarrhées violentes qui elles-mêmes entraînent une rude déshydratation. En quelques heures à trois jours, on peut en mourir.
La consommation d’aliments (solides comme liquides) souillés, les matières fécales sont les voies par lesquelles les humains contractent cette maladie. C’est dire à quel point c’est d’abord et avant tout une question d’hygiène.
On pourrait parler du choléra longuement (d’autres régions du continent sont touchées).
Le Togo semble avoir pris un abonnement au guichet de cette maladie. Florilège:
- En 1970 déjà, le choléra tuait au Togo;
- En 1998, il y eut 239 morts pour 3669 cas répertoriés (6,5% des cas);
- En 2004 déjà, le gouvernement de ce pays déplorait 786 cas de choléra (dont 586 à Lomé, la capitale, soit quasiment 75%) avec 25 morts au 24 février. On y dénombrait 10 nouveaux cas par jour…
- En 2009, suite à des inondations, une épidémie de choléra frappa de nouveau le Togo, avec 7 morts, avec plus de 300 cas recensés. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) avait « volé au secours avec un important lot de produits pharmaceutiques » (UFC, Union des forces du changement, parti de l’opposition);
- En ce mois d’octobre 2013 donc, l’on nous parle encore une fois d’une épidémie de choléra dans ce pays. Ce qui me fait d’abord sourire, pui rigoler et pour finir, bondir de colère et de honte c’est qu’encore une fois, la fameuse OMS « vole au secours » du Togo.
Jusques à quand? Telle est la question que je pose sans cesse quand je vois nos pays continuer à pratiquer avec une joie non dissimulée, la politique de la main tendue envers ces structures qui vivent de nos malheurs et de nos turpitudes diverses. Manque-t-il à un pays comme le Togo les cadres nécessaires à l’éradication de cette pathologie? Que manque-t-il au Togo, comme à d’autres pays africains, pour circonscrire ces épidémies?
Comme il semblerait que nos dirigeables adorent le costume de la honte, le calice est bu jusqu’à la lie avec le montant de « l’aide » apportée par ces Messieurs/Dames de l’OMS. Vous savez combien? 6,5 millions de francs coloniaux. Oui, vous avez bien lu. 909,19 petits €. Il paraît qu’à Lomé, avec cette somme, on peut s’acheter…
- Ø Un terrain à bâtir (à la périphérie) ;
- Ø Une voiture*.
Il manque donc, ou il manquerait dans les caisses de l’État togolais 6,5 misérables millions de francs coloniaux pour éviter que plus de Togolais ne meurent? Je ne sais pas comment certains d’entre nous, Africains, pouvons nous lever le matin avec le sourire, passer nos journées avec nos joies et nos peines et nous coucher en espérant que demain sera mieux qu’aujourd’hui.
Je ne sais pas pour vous, mais moi, cela ne m’enchante guère. C’est un véritable sentiment de honte qui m’habite quand je lis ce genre de choses.
6 millions 5 cents mille…
On se moque de qui, là?
Il paraît qu’au pays d’Eyadema, 5,9% du budget 2013 (soit 46,2 milliards de francs coloniaux) devaient être consacrés à la santé. Cet argent serait déjà utilisé au point qu’il faille mendier ces pépettes auprès de l’OMS?
Faut-il rappeler aux autorités togolaises que la santé des citoyens fait partie des fonctions régaliennes d’un État? Si à chaque épidémie il faille faire appel à l’OMS, en quoi le Togo est-il souverain? Si la santé des Africains doit dépendre chaque fois du bon vouloir des fonctionnaires « omésiens », je ne sais pas à quoi servent nos ministères de la Santé et nos directeurs généraux de la santé…
Ces gens n’ont même pas la décence de rendre leurs tabliers. Dans leurs comptes bancaires, sont-ce vraiment 6,5 millions de francs coloniaux qui manquent? J’en doute très fortement.
Quand un peuple est dirigé par des gens qui ont perdu le sens de l’honneur et de la dignité, ce peuple se retrouve fortement contaminé par toutes ces tares. Certaines de nos attitudes s’expliquent vraiment par l’exemple qui vient un peu trop souvent d’en haut.
Demain, un autre pays du continent sera frappé par le choléra et ce sera sans doute encore l’OMS, voire des ONG occidentales qui « voleront à notre secours ».
Quand on demande aux Africains d’aller vers une structure supranationale, ils se bouchent les oreilles et continuent naïvement et bêtement à croire que nos enclos coloniaux sont à même d’assurer notre survie alors que la preuve est faite par a+b depuis longtemps que ce système n’est pas viable : il nous tue, à petit feu.
Obambe GAKOSSO, October 2013©
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* : Merci pour l’aide concernant ces précieuses informations, la source se reconnaîtra.
Je sais même pas quoi dire.J ai lu et relu les mots un par un ,avec une grande soif de lire encore.Quel dommage pour cette population!!!
Bonsoir Regnier Maryse et bienvenue dans cet espace qui est aussi le vôtre,
Eh! oui, comme vous dites si bien: dommage…
@+, O.G.
Je suis surpris que c’est seulement maintenant, que l’on s’étonne de cette mauvaise conscience de nos dirigeants aux populations en passant par nos fonctionnaires d’Etat. Je voudrais plutôt trouver par ces 6.5 millions de Fcfa que l’OMS loin de nous ridiculiser(sachant que la honte n’est plus dans notre vocable)nous interpelle. Une campagne d’un seul parti politique coûte combien??? C’est le moment de se réveiller, et de poser les fondamentaux de notre reconstruction.La voie emprunter pour le développement de notre continent est une voie de déshonneur d’abêtissement et surtout vouée d’avance à l’échec. J’ai beaucoup à dire mais je m’arrête ici en disant au peuple africain de se réveiller, on a encore cette chance et cette énergie.
Bonsoir Edoh-Raphaël AGBEMADON et bienvenu dans cet espace qui est aussi le vôtre.
Vous dites Je suis surpris que c’est seulement maintenant, que l’on s’étonne de cette mauvaise conscience de nos dirigeants aux populations en passant par nos fonctionnaires d’Etat. Je ne sais pas si c’est moi auquel vous pensez en disant cela, mais depuis 5 ans que cet espace modeste est en place, j’aborde ces sujets pour tout le continent. Ce n’est le 1e ni sans doute le dernier cas.
Au plaisir,
O.G.
Non, je ne m’adresse pas à vous, je trouve surtout que vous faites du bon travail. Je m’adressais à des amis qui m’ont envoyé le lien. Continuez ce travail et merci
Bonjour Edoh-Raphaël AGBEMADON,
Merci pour cet éclaircissement.
On est ensemble.
@+, O.G.