Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

Kemet (l'Afrique), les Kamit (les Africains), leurs relations avec le reste du monde, les essais qui me frappent, etc., voilà les sujets de cet espace

10 octobre 2013

Leopold Pindy-Mamonsono s’en est allé…

Classé dans : Décès — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 5 h 01 min

J’ai appris le décès de l’homme de lettres Léopold Pindy Mamonsono. En quelques jours, cet enclos colonial vient de perdre deux artistes de talent, puisque Jacques Loubelo, chanteur de très grand talent a rejoint lui aussi nos ancêtres le 25 septembre 2013 dernier…

Leopold Pindy-Mamonsono s'en est allé... dans Décès lpm-300x300Né à Boko-Songho en 1952, Pindy Mamonsono était non seulement écrivain, mais aussi journaliste et éditeur. On le sait très peu (mais que savent vraiment les Congolais de leurs artistes ?), mais il fonda naguère une maison d’éditions, Les Héros de l’ombre. Il anima en sus une émission intitulée Autopsie, à la TV congolaise.

Il fait partie de ces auteurs congolais dont j’ai entendu parler, au sujet duquel il m’est arrivé de lire des articles, mais dont je n’ai pu, hélas ! apprécier le talent littéraire.

Comme je me regrette. La faute sans doute au fait que je n’ai pas fourni assez d’efforts pour le livre. Je vis en Occident depuis un bail et je n’ai trouvé nulle part un ouvrage signé de son auguste main. Il est vrai que, ayant un rapport très charnel avec l’arbre transformé en papier, sur lequel l’encre est passé, je ne suis venu à la poésie que sur « le tard »…

Pourtant, Dieu sait combien sa silhouette m’est « familière ». Je l’ai aperçu une fois, au Salon du livre de Paris (je crois). Petit par la taille, avec un chapeau vissé sur la tête. Je n’étais pas allé vers lui. Pour lui dire quoi ? Je ne l’avais jamais lu…

Je me souviens d’un article où j’avais appris que cet universitaire (il enseigna à la Faculté des lettres et des sciences humaines de la seule et unique université de ce territoire), avait vu sa bibliothèque partir en fumée, suite à un incendie, en début d’année 2009. Sa maison aussi y était passée. Le pauvre homme avait dit : « J’ai adressé plusieurs correspondances, mais c’est l’unique structure qui a réagi. Je suis flatté par son pragmatisme. Je n’ai pas ressenti cette solidarité qui caractérise les Congolais. Ma maison était en quelque sorte un musée où les étudiants passaient pour se documenter. L’on pouvait retrouver le tout premier journal publié au Congo, des photos du premier écrivain Congolais Jean Malonga, etc.

Cette structure, c’était la Fondation Ebina, gérée par Joe Washington Ebina, petit-fils du défunt homme d’affaires Daniel Ebina.

J’avais eu certes pitié de lui, mais j’avais souri. Qui, au Congo se soucie des artistes ? Même du temps où existait encore l’UNEAC (Union nationale des écrivains et artisans congolais), l’on sait tous que non seulement que des manuscrits traînaient bien enfermés dans les tiroirs des différents ministres de la Culture que nous avions connus.

Les poètes n’ont pas bonne presse au Congo. Quand un bruiteur, qu’il ait 25 ou 60 ans se met dans une chanson à crier le nom d’un homme politique du début à la fin de sa chanson, il reçoit des millions à fois. Mais quand un homme qui met son domicile et sa bibliothèque au service des jeunes qui n’ont pas d’autres lieux pour se nourrir l’esprit, les politiques congolais regardent ailleurs, à s’en tordre même les os du cou. Un poète ? Et puis quoi encore ?

Le meilleur hommage que je rendrai à cet homme est sans doute de donner la parole à une personne qui l’a bien connu et qui, en avril 2010, sur son blog, avait commis un billet que j’avais trouvé émouvant, au sujet de celui que je peux me permettre de qualifier de son maître ou d’un de ses maîtres. Si je me trompe, Liss Kihindou (car c’est d’elle dont il est question), nous corrigera.

RIP, cher aîné, que nos ancêtres te réservent un accueil digne de toi ! Bonne lecture !

 

Obambe GAKOSSO, October 2013©

 

3 réponses à “Leopold Pindy-Mamonsono s’en est allé…”

  1. Liss dit :

    Je n’avais pas vu ce billet, cher Obambé, je devais me douter que tu ferais quelque chose, toi qui sais rendre hommage aux illustres disparus. Merci pour lui. Ce que tu dis est tellement juste : beaucoup de renards flatteurs reçoivent des fromages à volonté, mais les artistes meurent souvent dans la misère et la pauvreté.

  2. Oh Liss!

    Trop aimable.

    Merci, je ne dis rien de plus.

    Que nos ancêtres te rendent tout ce bien, plus qu’au centuple.

    @+, O.G.

  3. abioui dit :

    Bonjour à tous,
    Léopold Pindy Mamonsono était et reste un ami malgré s sa disparition. Assis à mon bureau, j’ai pensé à lui, alors j’ai tapé son nom sur google et j’ai retrouvé sa photo, pareil à lui-même.
    Je l’ai rencontré en 1998 / 1999 à Paris. J’avais à l’époque une maison d’édition et une librairie dans le Marais (pour les non-initiés le 3eme arrondissement) comme il est de coutume à paris : une maison va de pair toujours avec une librairie pour exposer les publications, et promouvoir les ouvrages des autres éditeurs, organiser des signatures de nouvelles parutions entre les livres, boire un café en discutant d’idées, d’ouvrages et de politiques … Par un après-midi bien ensoleillé un africain, tout comme moi, entra et se met à parcourir les étagères et constituer des piles de livres sur une table. Il s’attabla alors et me demanda s’il peut boire quelque chose. Je lui offris alors un yogi-tchai avec des explications d’usage car une telle boisson au centre de Paris est loin d’être coutumière. C’est alors que commença une longue amitié.
    J’ai compris qu’il revenait des USA et qu’il logeait dans un hôtel en attendant la possibilité de rentrer chez lui au Congo Brazzaville. Il acheta environ 3000 FF de livres, ce qui était une somme à l’époque car la moyenne des livres était autours de 25 FF. Le lendemain il revint et nous eûmes une discussion passionnée sur la littérature africaine, les mouvements d’indépendances, la mentalité européenne et africaine, etc. Il but ce jour quelques thés à la menthe marocains, et en partant à environ 19h heure de fermeture de la librairie, on s’est dit adieu car il avait la ferme intention de rentrer chez lui après un passage à l’ambassade sénégalais pour raison personnelle. Le jour suivant en milieu d’après-midi je le revis à la porte de la librairie gêné. Alors je l’ai invité à entrer et il m’expliqua que sa banque a bloqué toutes ses cartes de crédit et qu’il ne peut plus payer ni son hôtel ni son séjour forcé à Paris. C’est alors que j’ai compris un peu plus la situation dans laquelle il était. Celle d’un homme en fuite par crainte pour sa vie à cause de son opinion. J’ai accepté de lui retourner son argent et de reprendre les livres malgré qu’entre-temps ils ont été froissés, et plié d’une façon que seul lui pouvait le faire. Après quelques jours, il a dû quitter l’hôtel et j’ai dû le loger chez moi pour le dépanner, ce qui m’a couté le divorce avec mon épouse et la perte de mes deux filles. Mais je ne pouvais pas laisser cet homme dans la rue. Une telle décadence est tout simplement inacceptable et il en va de la dignité humaine et l’hospitalité africaine. Mais mon épouse, européenne ne pouvait point comprendre cela.
    Léopold est resté chez moi plusieurs semaines. Il a essayé de trouver de l’aide auprès de plusieurs ambassades africains, mais en vain. Il était mal dans sa peau. Il pensait tout le temps à sa famille et déprimait lui de son côté et moi du mien à cause de la perte de mes filles et de femme, alors on sombrait le soir venu, après une dure journée de travail dans l’alcool dans la Bélière, un café jazz nocturne dans le 14eme arrondissement, rue Daguerre. Il buvait peu, et ne voulait pas s’enivrer, il passait son temps à écrire sur les tables de bistrot. Comme le temps n’était pas à la joie pour personne, on s’accrochait, lui voulait l’argent des bières que je lui offrais pour appeler sa famille au Congo, et moi je voulais un compagnon de buverie… Bref, les temps étaient bien tumultueux et remplis d’imprévus et de discussion de principes philosophiques et d’idéaux.
    Entre temps il m’a nommé vice-président de l’Académie Africaine pour la Paix et Président Europe. Il en était le président, et Nelson Mandela était le président d’honneur. On devait promouvoir la Paix dans le monde et surtout en Afrique par tous les moyens possibles. Mais des moyens, on en avait presque aucun mais notre volonté gigantesque. On passait des soirées assis chez moi, à planifier, à organiser, à rêver à la paix dans le monde. Je lui lisais mes vers et mes textes et il en faisait de même. Il avait le verbe éloquent, et l’expression juste bien qu’imagée. On parlait de grillots africains, de l’épopée mandingue, et entre deux joints et une chope de bière le souffle de la savane passait.
    C’est comme ça que j’ai connu Léopold Pindy Mamonsono. Un ami venu d’un monde à part, un monde qui croit dans des principes de paix et d’humanité. Un homme qui veut tout le bien pour ses semblables, mais que l’égoïsme des hommes a écarté et pourchassé.
    Repose en paix cher Léopold.
    Ton ami Mustapha A.

Laisser un commentaire

 

Posedepierre |
Sylvie Marcotte - Mon CV |
Blogtech |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Liumx91
| Ecrirelemonde
| Plaisirsdelavie