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5 octobre 2013

Le général Giap est mort, vive le général Giap!

Classé dans : Décès — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 9 h 47 min

Hier soir, j’ai souri en apprenant la mort de ce grand homme. Oui, ce n’est pas tous les jours que l’on sourit suite à un décès. Nous, Africains, qui avons la très mauvaise habitude d’enterrer les nôtres tous les jours avec notre paludisme, notre sida, nos guerres etc. Les familles congolaises peuvent en témoigner : la mort est un des bizness qui ne connaît jamais la crise.

Le général Giap est mort, vive le général Giap! dans Décès vo_nguyen_giapMais quand un homme part à 102 ans, je doute que le peuple réagisse de la même façon. C’est pourquoi j’ai souri. Que peut-on souhaiter à un vieillard qui est déjà centenaire ? Rien de plus qu’un bon repos, le repos de son âme.

Oui, Vö Nguyen Giáp, né le 25 août 1911 est mort le 04 octobre 2013, hier. Ce général a marqué l’histoire de son pays (actuellement Viêtnam, hier Indochine, sous domination française). L’histoire de l’Asie. L’histoire des pays que des universitaires français appelaient hier « pays du tiers-monde ». L’histoire de la guerre surtout. Les Français (d’abord) et les Américains (ensuite) n’oublieront jamais ce remarquable chef de guerre qui a brillamment participé aux victoires militaires et politiques de son pays contre ces deux puissances impérialistes qui se sont depuis longtemps arrogé le droit de dire qui est pur, qui ne l’est pas, qui est bon, qui est très mauvais, qui réfléchit bien et qui n’a pas de cerveau.

La bataille de Diên Biên Phủ en 1954, c’est lui le vainqueur, le principal architecte, le chef de projet. La France s’en souviendra encore très longtemps comme un de ses pires humiliations. Cette bataille sonnera sa défaite, dans ce pays, situé à plus de 14.000 Km de l’Hexagone. Décidément, l’impérialisme ne peut se mettre dans la tête que les peuples étrangers ne leur demandent rien d’autre que de leur foutre la paix…

Les Africains francophones, on le sait, sont en général férus des études supérieures. Non pas qu’ils soient tous bac+100 ou bac+10.000 mais souvent, ils sont en admiration devant les gens bardés de diplômes. Nous en faisons tellement un complexe qu’il arrive à certains d’entre nous de gonfler artificiellement nos CV en y incluant des lignes aussi grotesques que ridicules, au niveau des diplômes et des établissements supérieurs prétendument fréquentés (oui, je sais, en Occident aussi c’est curant, mais laissons-les un peu sur ce coup). Je dis tout le temps à ces Africains, à mes compatriotes dits francophones que Giap lui, est un général autodidacte (il le disait lui-même). Il n’a étudié dans aucune académie militaire, en Asie, en Europe ni en Amérique. Il a étudié auprès des hommes mais surtout, il avait l’amour de son pays. Il avait foi en ses hommes et grâce à cela, il a su et pu mener ses troupes vers deux victoires éclatantes.

Je l’ai déjà dit ici et je le dirai sans cesse. Giap, montrait des restes d’armes américains, rappelait que sur le plan de l’armement, il n’y avait pas photo entre eux et leurs agresseurs US. Cependant, ce qui leur avait permis de gagner, c’était le facteur le plus déterminant lors d’une guerre, L’HOMME.

Dès qu’on parle aux Africains de se défendre, ils évoquent sans cesse (à raison en partie), la question des moyens militaires, mais très peu évoquent la question de l’Homme. Giap lui, il avait dépassé ce cadre. Ses stratégies utilisées ont non seulement inspiré le respect, mais sont aussi étudiées dans les grandes académies occidentales. N’est-ce pas un joli pied de nez de l’histoire ?

Communiste convaincu, cet homme a toujours vécu modestement, ne courant pas après le luxe alors que de par sa position au sein de l’appareil du parti, de par son brillantissime passé, il aurait pu prétendre à tout ! Rien, que nenni ! Au Congo, du temps où l’on se disait marxiste-léniniste, nous avions des membres de la nomenklatura qui n’hésitaient pas à s’affranchir de leurs propres textes et à mener des vies de bourgeois avec voitures de luxe, villas à satiété etc., tout en prônant la dictature du prolétariat et l’avènement d’une société socialiste… Je pose toujours cette question : à quoi cela sert-il d’importer des idéologies auxquelles on ne comprend rien du tout ? Giap lui, il a appris le communisme et, ayant compris de quoi il s’agissait, il s’est battu (tant qu’il était actif) afin que non seulement son pays soit libre, mais aussi que cette idéologie soit appliquée. Certes, depuis quelques années, son pays a viré de bord, prônant une économie de marché, mais les choses se sont passées de façon murement réfléchie, en interne, sans que les conditionnalités soient forcément dictées par l’extérieur.

Giap s’en va mais il demeurera encore longtemps dans nos têtes, nous les damnés de la terre. Bon repos à toi, digne guerrier mais surtout digne terrien, toi qui as donné ta vie pour que ton peuple vive.

 

Obambe GAKOSSO, October 2013©

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