Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

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11 septembre 2013

Le Congo-Mfoa et son droit très spécial

Classé dans : Politique — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 15 h 09 min

Je n’avais pas prévu de parler de ce sujet aujourd’hui. Mais face à la gravité de l’acte posé, j’ai remis aux calendes africaines le billet du jour. Combien de fois n’a-t-on pas entendu des Congolais dire, Avec ces gens-là, on a déjà tout vu et tout entendu. Surtout le pire. Il n’y a plus rien à dire. Ce serait continuer à perdre son temps que de parler des hommes politiques congolais. Je reconnais en effet que cette sentence est très répandue et il est très difficile de convaincre ces braves gens de continuer à s’intéresser à la politique au sens propre du terme. Le Congo-Mfoa et son droit très spécial dans Politique mbayiMonsieur Pembe*, notre professeur d’instruction civique au CEG de la Paix, à Moungali, nous disait souvent, Si vous ne vous occupez pas de la politique, la politique s’occupera de vous. Oui! Oh! oui, qu’il avait raison, ce cher monsieur Pembe. Ainsi est le destin des Hommes. La politique nous suit partout, dans nos actes, quand nous dormons, quand nous consommons. Payer l’impôt est en soi déjà un acte politique. Ce n’est pas anodin. C’est avec cet impôt que l’État est censé assurer les services publics (écoles, santé etc.)


La justice, qui est un des domaines régaliens de tout État qui se respecte fait, au même titre que la santé, l’école etc. fait partie intégrante de la politique d’un pays. Nos pays qui disent s’être inspirés de Charles-Louis de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu avec le fameux « Esprit des lois » disent avoir instauré des régimes « démocratiques » avec un des principes chers à Montesuquieu, la séparation des pouvoirs qui est censée assurer l’indépendance de la justice. Cette dernière devant être un des socles, avec le pouvoir exécutif (gouvernement) et le pouvoir judiciaire (parlement).

Au Congo, que les gens aiment la politique ou pas, qu’ils soutiennent un régime passé, présent et (pourquoi pas?) futur, sont unanimes pour dire cela n’est que de la littérature car nous avons d’une part un Parlement qui n’a aucune légitimité (en termes de fraudes, le Congo est plus qu’émergent, nous sommes même émergeo-développés!) et un pouvoir judiciaire qui, le doigt sur la couture du pantalon (Super’300, s’il vous plaît!) obéit aveuglément à l’Exécutif. Ainsi soit-il! Cela est tellement évident que lorsqu’il s’est agi d’organiser le procès relatif aux « explosions » du 04 mars 2012, je m’étais esclaffé. Mais à un point tel que… Non pas que je crachai sur la mémoire du plus de millier d’Africains qui ont perdu leurs vies ce jour-là et les jours suivants. Non, j’ai rigolé de nos turpitudes. J’ai rigolé de voir ces gens qui prétendent nous gourverner, qui parlent tous les jours d’émergence (sans savoir ce que cela veut dire, je persiste et signe), mais qui en réalité ne savent même pas que le Mur de Berlin est tombé depuis novembre 1989. Pour les mieux édifier, donnons même la date: le 09 novembre 1989.

Nous nous souvenons de la comédie que fut le procès suite à l’assassinat du président Marien Ngouabi le 18 mars 1977. Nous nous souvenons aussi du procès d’août 1986 relatif aux attentats aux explosifs (cinéma Star et aéroport de Maya-Maya en 1982), devant la Cour révolutionnaire présidée par le regretté Charles Madzou. Certains naïfs en 1986 avaient vraiment cru que les accusés Jean-Pierre Thystère Tchicaya, Claude Ernest Ndalla (hommes politiques, membres du PCT, parti unique, Blaise Nzalakanda (officier supérieur) etc. avaient vraiment soit posé ces bombes soit commandité ces attentats. Rapidement, malgré toutes les peines prononcées par la Cour, les Congolais se rendirent compte qu’ils avaient été bananés. Encore une fois.

Cette fois ci encore, on nous a offert une parodie de procès qui été d’un burlesque de bout en bout, n’honorant pas du tout le pouvoir judiciaire. Je ne reviendrai pas en détails sur cette grosse farce qu’a été ce procès du 04 mars. Tout de même, n’a-t-il pas été dit lors de ce procès que les faits reprochés au colonel Marcel Tsourou n’avaient rien à voir avec ces « explosions »? Visiblement, ceux qui menaient ce procès non seulement l’avaient compris mais l’avaient accepté. Dans ce cas, pourquoi avoir gardé cet homme les jours suivants? Revenons un peu plusieurs mois avant pour analyser les condiitions d’arrestation de ce même Tsourou: il avait suffi qu’il fasse irruption dans le bureau d’un officier militaire chargé de ce dossier pour qu’il soit comme par magie inculpé. Mais dans quel pays sont donc les Congolais?

La sentence a fini par tomber, puisqu’il en fallait une. Mais là, encore une fois, les Congolais voyaient bien le fil reliant ces magistrats au pouvoir exécutif. C’est un secret de polichinelle mais là, cela transparaissait encore plus… Mais il arrive que, comme dans l’histoire d eFrankenstein, la créature échappe à son créateur. C’est ce qui semble s’être passé avec monsieur Bayi qui a requis contre l’accusé Tsourou** une peine (malgré qu’il ne fut en rien concerné par l’objet du procès) est inférieure et de loin, à ce qu_e souhaitait le pouvoir. C’est visiblement cela qui a poussé « les autorités » à se rendre coupable d’une pignolade digne d’une camarilla qui ne dit pas son nom. Ce monsieur a simplement été obligé de descndre manu militari d’un avion alors qu’il comptait se rendre à Cotonu. Il a eu en plus le plaisir de gouter à trois bonnes heures d’interrogatoire (pour parler de quoi?). Son passeport lui a même été retiré, comme si cela ne suffisait pas.

Et comme au bord du Congo, quand on fait les fous, on va jusqu’à se déshabiller non seulement devant toute la famille dans la maison, mais en plus, on va courir dans la rue, ce monsieur, premier président de la Cour d’Appel de Brazzaville, a été convoqué auprès de Philippe Obara, directeur de la DST (Directeur de la sécurité du territoire).

Questions à 1 milliard de makuta:

  • les hommes du pouvoir de ce pays savent-ils ce qu’est un magistrat?
  • qu’est donc reproché, officiellement, à cet homme?
  • lors du procès, monsieur Bayi était-il le seul magistrat à décider de la sentence? Quid des autres?

Je n’ai pas pour habitude de défendre des hommes du pouvoir extrêmement autoritaire de Mfoa. Non, loin de moi ces idées. Il sied en effet de rappeler que Tsourou et Bayi, chacun à son niveau, avec tout le respect dû à leurs rangs et fonctions (ce sont de hauts foncionnaires) sont eux-mêmes au service d’un pouvoir qui mène la vie dure aux Congolais. Aujourd’hui, ils sont (un peu) de l’autre côté de la barrière. J’ose vraiment espérer que c’est là le moment d’intenses réflexions pour le bien-être des Congolais: leur sécurité (Tsourou, le militaire) et le justice (Bayi, le magistrat). Hier, il se disait que révolution mangeait ses enfants. Cela était valable dans nombre de pays révolutionnaires ou qui s’appropraient ce vocable (le Congo faisant partie). Aujourd’hui, comme sous d’autres cieux, on voit comment un système féroce peut se comporter, tel un pachyderme, dans un magasin et tout broyer. Même les serviteurs les plus zélés. Surtout les plus zélés d’hier…


Des amis qui défendent mordicus ce pouvoir, j’en ai. De la famille aussi. Comme tous les Congolais. Depuis des mois, j’ai remarqué qu’ils rasent les murs car la honte, vu les turpitudes et autres aberrations de ce pouvoir ont dépassé les limites des bornes du tolérable. Ceux qui ont la bouche pleine se content de manger dans un silence qui n’est interrompu que par le bruit de leurs machoîres…

Question: dans combien de pays africains assiste-t-on à une scène aussi rocambolesque où un citoyen, magistrat de surcroit, est traité comme le premier des délinquants alors qu’aucune, nous disons bien, aucune charge n’est retenue contre lui? Le Congo qui est un pays en mal de distinctions positives ne cesse de briller par un amateurisme crasse…

Il est un fait indéniable en informatique que même l’élève le plus ignare ne saurait contester: un logiciel ne peut s’améliorer tout seul. Par contre, il peut très bien connaître des détoriations. Et si l’on ne prend pas le soin d’en réparer les bugs, le système est bien parti pour s’auto-détruire. C’est ce qui arrive au Congo depuis fort longtemps avec une classe politique qui ne connaît pas les MAJ (Mises à jour), les améliorations nécessaires au bon fonctionnement de n’importe quel logiciel et donc de tout système. Mais, à partir du moment où, avec ce droit très spécial made in Congo, l’on est soi-même juge, procureur, avocat, huissier, notaire, greffier, comment peut-on comprendre les choses?

Obambe GAKOSSO, September 2013 ©

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*: Désolé s’il lit ces lignes car je ne me souviens plus de l’orthographe correcte de son nom.

**: Ne soyons pas dupes, c’est lui qui intéresse tout le monde, le reste, le pouvoir s’en fout royalement

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