« RELIGION OU COLONIALISME ? » par Ruben Um Nyobe
De tous les Camerounais, tous domaines confondus, Ruben Um Nyobe est peut-être et je dirais même, sans doute, le plus grand. Ce que cet homme a apporté à ce territoire de plus de 475.000 Km2 est immense, inestimable. Et les Africains gagneraient à le connaître. Il ne fait aucun doute que chacun de nous peut estimer ressentir une certaine fierté en prononçant son nom, en parlant de lui, de son parcour, de son combat pour la libération du Kamerun et de l’Afrique.
Je parle d’Afrique en effet car lui, secrétaire général de l’UPC (Union des populations du Cameroun) car celui que l’on surnomma le Mpodol avait lui aussi compris, très tôt qu’il n’y avait pas que le territoire camerounais à libérer mais qu’il était question du combat de tout un peuple, réparti sur notre continent.
Combien d’Africains qui se sont intéressés un jour à sa vie, qui sont tombés un jour sur un texte le concernant savent que cet homme était un syndicaliste? Il faut croire que la formation syndicale donne des orateurs hors pair car quand j’ai entendu pour la première fois le discours prononcé par ce grand homme à la tribune des Nations unies, j’en ai frémi…
Sa vie est extraordinaire et ce n’est pas étonnant que l’entreprise coloniale avait décidé d’en finir avec lui, de la façon la plus tragique qui soit, fauché par des balles françaises, tirées par un soldat africain de la coloniale. Comme le dira Ahmadou Ahidjo (Premier ministre du Kamerun à cette en 1958), en apprenant le décès de ce géant qui leur causait tant de cauchemars, à lui, le Petit Peul et à ses maîtres de Paris, Je demande à l’orchestre de jouer ses meilleurs morceaux, et au maître d’hôtel de nous servir encore du champagne…
En attendant, je l’espère vivement, de revenir sur cet espace au sujet de cet homme extraordinaire, je vous invite à lire ce texte puissant que j’ai lu, relu et sans cesse relu, écrit de la main même du Mpodol. Il est puissant et c’est une belle occasion de rappeler aux Africains combien les églises catholique et protestatnte, ces institutions qui sont encore et toujours si extrêmement puissantes sur notre continent et au sein de notre diaspora, ont été les plus grands complices de l’entreprise coloniale et nous ont porté des coups d’une violence inouïe, dont nous avons encore du mal à nous relever.
Demandons à nos parents et grands-parents qui ont connu la coloniale: combien de prêtres se sont élevés contre les travaux forcés subis par les populations africaines? Cela fait partie des questions posées, fort brillamment, par le Mpodol dans ce texte qui est à méditer très profondément. Non content de mettre en avant la complicité de ces bandits appelés « hommes de Dieu », Um Nyobe nous montre qu’il avait lu la bible. Non seulement il l’avait lue, mais en plus, il l’avait très bien comprise et a fait ressortir, par des démonstrations implacables que ces mêmes prêtres en réalité, étaient, dans l’exercice de leur « mission » sur notre continent, en opposition totale avec ce qu’ils prônaient et prêchaient.
Je ne vous ferai pas languir plus longtemps. Je vous invite à lire religieusement ce texte, à cette @dresse.
Obambe GAKOSSO, September 2013©