Fela « l’imparfait »
Hier samedi 07 septembre 2013, la Ligue Panafricaine – UMOJA a organisé une réunion publique consacrée à la vie extraordinaire et aux combats de l’artiste Panafricain Fela.
Nous avons commencé par un film en anglais qui a retracé une toute petite partie de l’immense carrière artistique de ce géant de la musique mais aussi une infime portion de ses combats politiques.
Ensuite, le conférencier Lascony, qui nous abreuve souvent de photos et autres vidéos du monde noir, et qui a eu le bonheur de rencontrer Fela et d’aller dans son domaine, le Shrine, a pris la parole pour parler de cet homme aux multiples facettes.
Votre serviteur a été le deuxième et dernier intervenant de cette journée où vraiment, j’ai senti la salle concernée par le message que nous lui portions, au sujet de cet homme très courageux.
Oui, Fela Anikulapo Kuti n’a pas été qu’un musicien. Il a été l’opposant numéro 1, le plus grand opposant aux divers régimes militaires qui se sont succédé au pouvoir au Nigeria, de 1969 à 1997, année de la mort de ce fils de Yoruba, né d’un pasteur protestant et d’une maman qui a fait de la politique très tôt, devant même ministre.
Cependant, les gens sont tellement extraordinaires que lorsqu’on leur parle de Fela ou qu’ils voient, lisent des choses sur lui se focalisent sur les faits suivants :
- Il était souvent en slip. Sur scène ou ailleurs ;
- Il fumait sans cesse des joints ;
- Il avait plusieurs femmes.
Que les gens voient sans cesse le verre à moitié vide peut être un problème. Mais qu’ils soient toujours en train de regarder le doigt quand on leur montre la lune, cela est assez pathologique.
Comment expliquer que tout ce que cet homme a fait sur le plan musical et sur le plan politique puisse être passé par certains africains dans les CPP (Comptes des pertes et profits) pour se focaliser sur ce genre de détails ? C’est à penser vraiment que certains Africains, des plus diplômés aux moins lettrés, ont délibérément refuser de penser. La réflexion ne fait plus (pas) partie de leurs activités… Et après, comment s’étonner que nous en soyons là, un peuple de serpillère, sur lequel tout le monde s’essuie les pieds ?
1- Le slip : Fela était souvent en slip car il estimait qu’il lui fallait montrer à qui le voulait, toutes les tortures qu’il avait subies et continuait à subir de la part des autorités militaires qu’il combattait. Ces gens, on le sait, étaient totalitaires et lui, en homme extrêmement courageux, le leur rendait bien en ne leur laissant aucun répit.
2- Les joints : je ne fais pas l’apologie du cannabis sativa. J’estime que chacun de nous est libre, s’il est adulte, d’en consommer ou pas. cependant, quand cette question est abordée au sujet de Fela, je pose souvent cette question : « Que disait la loi nigériane à cette époque, à ce sujet ? » Si cela était interdit, ok ! Sinon, pourquoi lui chercher des noises à ce sujet ? Lui-même disait que l’herbe poussait librement dans la nature. D’où le fait qu’il en consommait. Si l’on met en lumière son côté provocateur, je dis oui. Il l’était, mais cela n’en faisait un hors-la loi pour autant.
3- La polygamie : Les mêmes Africains qui raillent ou croient être drôles concernant la vie matrimoniale de Fela sont les premiers à se taire devant nos princes et autres roitelets qui ont des enfants que l’on pourrait aligner du pôle Nord au pôle Sud, sans parler de leurs femmes qui doivent à peu près la moitié ou le tiers de ce nombre d’enfants.
Cette obsession de regarder sans cesse ces aspects, de rechercher les aspérités est vraiment pathétique. Les Africains chercheraient-ils des Hommes parfaits ? Je les invite dans ce cas à aller directement au paradis, si tant est que ce dernier puisse exister. Là-bas, ils auront peut-être la chance de croiser :
- Des Panafricains sans tâche ;
- Des militants purs ;
- Des Africains dignes à 1000% ;
- Des dirigeants qui n’ont jamais commis d’erreurs dans leurs vies ;
- Des cadres qui n’ont jamais fauté ;
- Des artistes qui ne fument jamais ;
- Des hommes qui n’ont qu’une seule femme. Et là encore, j’ai un doute car ils sont capables de leur imposer le choix de cette femme…
Bon dimanche.
Obambe GAKOSSO, September 2013©