Rencontre avec Têtêvi Godwin Tété-Adjalogo (1)

Samedi 17 août 2013, l’association Back II Africa a organisé le Marcus Garvey Celebrate. En effet, le très grand leader Panafricaniste est né en Jamaïque le 17 août 1887. L’occasion était donc très belle pour lui consacrer un week-end entier, pour le célébrer, le fêter et réfléchir sur ses combats.

Ce samedi donc, c’était la première partie de ce week-end riche d’enseignements. Des conférenciers étaient au programme et il y en a un qui a particulièrement retenu mon attention et aussi celle de toutes les personnes présentes. Il s’agit de Têtêvi Godwin Tété-Adjalogo.

La première fois que j’ai vu ce nom, c’était sur la quatrième de couverture d’un ouvrage. Et pas n’importe lequel : c’était une biographie de Marcus Mosiah Aurelius Garvey, cet Africain qui fit trembler toute l’administration américaine au point qu’elle mit tout en branle pour le faire chuter car il faisait des choses qu’aucun autre Nègre n’avait réussi à faire sur cette terre d’Amérique où nombre d’Africains furent déportés des siècles durant.

Nous étions en 2000 et je venais d’appendre plus en un seul livre sur Garvey que ce que j’avais pu entendre ça et là. J’attaquais ensuite le second tome*, écrit par le même homme, enrichissant ainsi mes connaissances sur cette partie de notre histoire.

Ce samedi 17 août 2013 donc, quelle ne fut pas ma surprise de voir ce vieil homme me tendre la main et me dire Si j’avais su que vous veniez ici, je n’aurais pas mis autant de temps pour chercher cette salle. Je vous aurais simplement suivi. Malgré les cheveux blancs, je n’eus aucun mal à reconnaître l’auteur des deux ouvrages précités.

Il nous régalera une partie de ce samedi après-midi en nous narrant une partie de son très long parcours et aussi en nous disant deux mots sur le héros du jour, Garvey. Comment résumer deux beaux pavés en si peu de temps ? Tete-Adjalogo fera de son mieux, mais avec un talent immense qui nous fera passer par différentes phases : rires, sourires, réflexions, émotions diverses etc.

Né le 16 janvier 1928 au Dahomey (actuel Bénin) de parents Togolais, avec des ascendants venus de l’actuel Ghana, cet homme de 85 ans, à qui l’on donnerait facilement beaucoup d’années en moins (lui-même répétera deux fois, « On me donne souvent la moitié de mon âge ») va à l’école coloniale à l’âge de 6 ans. Titulaire de son baccalauréat en 1947, sa famille écrit au gouverneur de l’AOF (Afrique occidentale française), René Barthes afin que le récipiendaire aille faire ses études en France, au lieu d’aller à la fameuse école William Ponty (Dakar), à Dabou (Côte d’Ivoire) ou encore au Soudan français (actuel Mali). C’est ainsi qu’il débute ses études supérieures dans la capitale française où il côtoie nombre de ses compatriotes Africains et ils sont les fondateurs de la FEANF (Fédération des étudiants d’Afrique noire en France), en 1950.

Les études en France sont intéressantes, mais sur le continent ça bouge et l’on ne cesse de s’y battre ou de réclamer l’indépendance. C’est ainsi que, le PAI (Parti africain de l’indépendance, crée en 1957 à Thiès, Sénégal) le désigne comme envoyé à Prague en Tchécoslovaquie, afin d’y apprendre de se former à des méthodes et stratégies utiles à la lutte sur le continent. L’Europe est alors coupée en deux avec le Rideau de fer et quoi de mieux que des pays considérés comme progressistes, pour le PAI, pour mieux apprendre ?

Hélas ! en Tchécoslovaquie, les jeunes Africains, présents, se rendent compte que les communistes sont des commerçants, comme leurs adversaires de l’Ouest, qu’ils combattent. Leur but est en fait de former des jeunes qui, une fois rentrés en Afrique, leur serviront de courroie de transmission… (@ suivre)

Obambe GAKOSSO, August 2013©

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* : Tome 1 et Tome 2, Marcus Garvey, Père de l’unité africaine des peuples, L’Harmattan, décembre 1995.