Libération de prisonniers politiques ivoiriens (1): Ce régime n’avait pas le choix!
Lundi 05 août 2013 dernier, un certain Bruno Koné s’est fait connaître sur la scène africaine par une déclaration qui en a surpris plus d’un mais pas moi, en toute modestie et je n’ai pas la prétention de jouer les oracles ou de lire dans le marc de café d’Ouganda.
Après que la France ait gagné sa guerre de Côte d’Ivoire, entamée le 19 septembre 2002, elle a installé un pouvoir, couleur locale, pour, encore une fois, donner l’impression aux Africains qu’ils sont dirigés par les leurs. Pour donner encore une fois l’impression que la colonisation est bel et bien finie. Pour nous faire croire que la Françafrique a été rangée au rayon des meubles les plus anciens, meubles situés eux-mêmes dans les musées les plus cachés de France.
Avant d’installer par contre ce pouvoir, la France a pris le soin d’arrêter le poisson le plus gros. Je devrais même enlever un « s » et dire, elle a kidnappé celui qu’elle considère depuis les années 70, comme un vrai poison pour sa stratégie de ce qu’elle considère comme son joyau le plus merveilleux : son pré carré africain. Ce poisson, ce poison s’appelle Koudou Gbagbo, Laurent de son prénom occidental. Après son kidnapping au vu et au su de la terre entière, lui et son épouse, Simone Ehivet Gbagbo ont été emmenés dans un goulag du Nord de la Côte d’Ivoire. Les Soviets ont vraiment fait des émules…
Ce pouvoir fantoche, non content d’avoir hérité d’un territoire de plus de 300.000 kilomètres carrés, de son argent, de son café, de son cacao, d’une population à qui elle fait subir les pires affres, s’est amusée à arrêter des militants et des cadres importants du parti politique fondé parle président Koudou Gbagbo, le FPI (Front populaire ivoirien). Ceux qui étaient obligés de devenir des clandestins, dans leur propre pays, ont fini par être attrapés. Certains qui étaient en exil au Ghana par exemple ont subi le même sort (merci au passage au président John Mahama Dramani qui nous confirme par là, si besoin, que nos dirigeants, pour la plupart, sont vraiment à la botte de l’Occident !!!)
Le fait est que, quand on gagne une guerre, la gestion des prisonniers de guerre et des prisonniers politiques obéit à des normes. Franchement, même si la France, il y a longtemps que le comble du ridicule a été atteint et dépassé, elle ne pouvait se permettre d’organiser un procès… La France, a donc laissé les « mains libres » aux potentats locaux. Mais curieusement, le pouvoir abidjanais, cogéré par Ouagadougou, n’a jamais organisé de procès pour juger les camarades politiques du président Koudou Gbagbo. Au mépris de la législation ivoirienne, au mépris des textes de la CEDEAO et de l’UA* (organisations dont la Côte d’Ivoire est membre) et des lois internationales dont ce pays est signataire. Faut-il rappeler que durant la période où Koudou Gbagbo a dirigé le pays avec le FPI (même pas 2 ans) et durant le temps où lui et son parti ont dirigé le pays en compagnie du PDCI-RDA** et des rebelles « ivoiriens », soit 8 ans, jamais un seul ivoirien n’a été arrêté pour ses opinions (politiques, religieuses ou autres). Jamais.
Ces rebelles « ivoiriens », en arrivant au pouvoir, pour certains (ou en revenant, ou en y demeurant, pour d’autres), ont donc remis au goût du jour la logique des prisonniers politiques. Je me souviens que des années 60 aux années 80, les prisonniers politiques, sur notre continent comme ailleurs, n’avaient en général pas droit à des procès : trop dangereux car les pouvoirs savaient que la vérité était en face et non pas de leur côté. Du temps de la coloniale, c’était pareil. Ou on les jugeait très rapidement et on les faisait passer par les armes illico presto, on les gardait au trou des années durant. La liste est longue.
La France et d’autres colons le firent hier, le régime abidjanais le fait perdurer. Autres temps, mêmes mœurs…
Malgré tous les « pouvoirs » dont ils disposent, les dozos n’y arrivent pas, c’est une évidence. Malgré le régime de terreur instauré depuis la victoire militaire française, les dozos n’y arrivent vraiment. Ils ont essayé de soumettre ce peuple, mais ils ont oublié une donnée essentielle : la victoire de Koudou Gbagbo en 2000, ce que ce dernier a appris à ses militants (avec ses cadres évidemment), ce qu’il n’a cessé de dire à son peuple, tout cela sont des graines qui ont été semées dans les cœurs des Ivoiriens et qui ont donné des résultats que l’on voit, perçoit, sent, hume tous les jours : des militants qui ne faiblissent pas et qui refusent de se soumettre. Ils et elles ne prennent certes pas les armes de guerre pour aller guerroyer, mais ils résistent avec leurs moyens, qui ne sont pas si modestes que cela car ils ont un carburant très important : la foi ! On les voit à La Haye, on les voit à Paris, on les voit à Abidjan. Ils ne baissent pas les bras et ne sont pas prêts à se faire traiter comme des serpillères.
Les dozos ont envoyé partout où cela leur était possible des ministres et autres cadres politiques pour acheter le FPI et pour acheter des populations, dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire, que l’on suppose le plus souvent acquises à la cause du FPI et du président Koudou Gbagbo. En vain. Cela n’a rien donné du tout et, ces chasseurs qui sont partis avec tous les fusils possibles, des chiens, des arcs dernier cri, ces chasseurs sont revenus bredouilles. Même pas un grillon, ils ont ramené.
Dans de telles conditions, comment et surtout, pourquoi continuer à garder ces prisonniers politiques qui, eux aussi, malgré les tortures, menaces etc. subies, n’ont en rien cédé. C’est non, niet, nein, no, nada ! Quand les dozos déclarent que cette libération provisoire est une mesure d’apaisement pour faciliter la réconciliation. La Côte d’ivoire doit sortir de l’état de belligérance, ils ne savent en réalité ni quoi dire, ni quoi faire. Ils sont aux abois et croient que cela calmera une partie de ce peuple et fera entrer le FPI dans le giron du RDR*** car ce dernier, il faut le rappeler, sait que son alliance avec le PDCI-RDA, appelé RHDP**** est appelée à voler en éclats, avant la prochaine élection présidentielle.
Sur le plan moral, cette libération était plus que justifiée. Sur tous les autres plans aussi. Le régime des dozos a bien entendu, on le sait, gardé d’autres prisonniers politiques dans ses geôles. Peu importe. Il a le choix :
- Il les tue : cela fera des héros en plus et cela n’apportera rien à ce pouvoir ;
- Il les juge et là, il se couvrira de honte. Comme si la couche de honte sur lui n’était pas assez ;
- Il les libère et… j’ai presque tout dit, plus haut.
Obambe GAKOSSO, August 2013©
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* : Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et Union africaine
** : Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain
*** : Rassemblement des républicains
**** : Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix
Le chapitre consacré à ce que Laurent Gbagbo a appris aux Ivoiriens et qui leur permet de résister aux mauvais traitements et aux mensonges retient particulièrement mon attention.
Oui, les Ivoiriens ont vu et entendu un autre discours avec Laurent Gbagbo. Ils ont vu la mise en œuvre de ce qu’on appelle la démocratie et ils savent distinguer ce fonctionnement des autres formes de gouvernements (celui d’Houphouët et de Ouattara). Ils sont sans doute conscients de leurs possibilités… une foi inébranlable en la vérité.
Oui, mon cher St-Ralph!
Les graines semées par Koudou Gbagbo donnent des fruits. A nous toutes et tous de montrer que son combat n’est pas, ne fut pas et ne sera jamais vain!
@+, O.G.