300.000 pour intégrer la Fonction publique congolaise
Escale ce dimanche 04 août 2013 au Congo. Le premier sujet concerne la huitième Conférence de l’Union africaine des ministres de la Fonction publique (CAMPS) qui s’est tenue du 22 au 27 juillet 2013 à Mfoa, capitale du Congo.
L’objectif général de la Conférence était d’élaborer une stratégie sur la manière de parvenir à une ratification continentale de la Charte de l’Union Africaine sur les valeurs et principes du service et de l’Administration Publique, et de promouvoir la responsabilité et la productivité au sein de la Fonction Publique africaine, à partir de la mise en œuvre effective de la Charte Africaine sur les Valeurs et Principes de l’Administration Publique et de la réalisation de la Renaissance africaine. Voilà ce que nous dit l’hebdomadaire La semaine africaine.
Les mots sont parfois beaux, comme souvent. On ne comprend pas toujours ce qui est dit et d’ailleurs, ceux qui le disent eux-mêmes, on se demande ce qu’ils y comprennent… Bon, je n’y étais pas et j’aurais donc du mal à vous parler du contenu de cette conférence et je ne peux que me réjouir de voir des ministres africains travailler ensemble ou en tout cas d’essayer. Mais il aurait été intéressant que du côté Congolais l’on dise que pour intégrer la Fonction publique il faille payer. Les sommes peuvent se monter à 300.000 XAF par dossier d’un individu. Tout le monde le sait, du dernier (s’il existe) au premier des citoyens. Mais c’est à se demande sur ce plan s’il existe des autorités judiciaires dans ce pays pour prendre à bras-le-corps cette question de corruption qui fait que, encore une fois, les pauvres ne trouvent pas de boulot, même après des années d’études primaire, secondaire et supérieure. La dernier témoignage que j’ai entendu concerne un médecin, spécialiste, à qui on avait demandé cette somme pour être intégrer. Elle est belle, la Fonction publique congolaise…
Il y a plus de dix, je discutais avec une mère de famille qui avait pas mal d’enfants à caser. Des enfants de frères et soeurs à qui elle voulait rendre service. Ils étaient au nombre de 10, hommes et femmes et on lui demandait 100.000 francs CFA/dossier. Elle avait négocié et payé au final, au lieu d’1 million, 500.000 XAF… C’est dire que ce phénomène ne date pas d’aujourd’hui. Que font alors nos parents qui n’ont rien en poche?
En 2006, je discute avec un aîné qui vient s’installer en Europe. Il avait déjà plus de 40 ans et je m’inquiétais alors pour les difficultés qu’il rencontrerait en Occident pour une nouvelle vie car, 2 ans avant cette fameuse crise de 2008, nous percevions déjà hélas! des signes de la galère dans laquelle nous sommes depuis 5 ans plongés. Il me dira, Tu sais, après l’Afrique de l’Ouest, quand je suis rentré au pays, on m’a demandé 500.000 francs CFA pour intégrer la Fonction publique. Je devais gagner à peine le Smic par la suite. Ces réalités congolaises, nous les connaissons tous et toutes, mais les Congolais vivent avec car « c’est comme ça ».
C‘est ce « c’est comme ça » qui nous tue. Qui tue le Congo. Qui tue le continent. Bien plus que le paludisme, le sida et la tuberculose réunis. Ce « c’est comme ça » nous rend fatalistes au point que nous acceptions l’inacceptable. Dans des pays où l’on a plus qu’urgemment besoin de médecin, comment peut-on demander à un médecin de payer afin d’exercer et sauver des vies? Il faut sans doute un chantre du Chemin d’avenir pour comprendre et défendre pareille position.
Il y a à la télévision congolaise des campagnes anti-corruption. Tous les Congolais et Congolaises rigolent en regardant ces images car nous savons que c’est de la poudre aux yeux: non seulement personne n’y croit mais en plus, une bonne partie des Congolais est prête à payer même 1.000 francs pour avoir le droit de bénéficier des services publics. Ri-di-cu-le!!!
Je suggère vraiment aux autorités, je les supplierai même de cesser d’organiser tous ces colloques, séminaires, congrès et autres symposiums qui sont organisés du 01/01 au 31/12. Cela nous ferait de sacrées économies car nous savons tous et toutes que non seulement cela n’a aucun effet, aucun impact sur notre vie de tous les jours, mais en plus, ce sont des milliards qui sont jetés par les fenêtres, enrichissant au passage ministres, directeurs de cabinet, conseillers etc., alors que cet argent pourrait vraiment servir à bâtir des écoles et à en refaire d’autres. La corruption continue à battre son plein au vu et au su de tout le monde. Le Chemin d’avenir est-il à ce prix?
Obambe GAKOSSO, August 2013©