Mention bien à la « Dakar Fashion Week » 2013
Frantz Fanon avait écrit Peau noire, masques blancs en 1952. Je ne sais pas si à cette époque il avait déjà été confronté à ce drôle mais en même temps extrêmement dramatique phénomène qu’est le décapage de la peau par certains Africains, femmes et hommes confondus.
Le légendaire livre (qui ne vieillit jamais) de Fanon ne traite pas du décapage de la peau, non. Il parle du racisme mais il est impossible de ne pas faire de lien entre ce merveilleux titre et cette honte qu’adorent pratiquer certaines de nos soeurs et certains de nos frères.
Vous vivez sur le continent ou en dehors? Faites cette expérience autour de vous, en deux phases. Tout d’abord, évoquez ce sujet avec des gens qui ne pratiquent pas cela. Vous en trouverez au moins qui soutiendra cette ignomnie. Ensuite, débattez-en avec des gens qui dès qu’ils se réveillent comment par massacrer leurs visages avec ces crèmes empoisonnantes et empoisonneuses.
Le fait est qu’en effet, il y a des mâles parmi nous qui adorent cela et qui encouragent peu ou prou leurs femmes, leurs compagnes à pratiquer ce que les Congolais appellent « maquillage », « opération ville propre », « tchilongo », « tchoko » etc. Le complexe de l’Africain profondément colonisé prend ici une dimension phénoménale avec des dépenses incroyables pour être aussi jaune que la banane ou aussi rouge que le charbon le plus rougeoyant. Meme si le phénomène n’est pas généralisée, quand on se rend dans des quartiers comme Château Rouge à Paris, on a tout simplement envie de vomir en voyant ces frères et soeurs habillés comme rien du tout, et donc ne ressemblant à rien du tout, se détruire la peau croyant ainsi devenir beau ou belle.
Le ridicule ne tuant pas, même les cancers et les autres pathologies qui risquent de survenir ne leur font pas peur. Ils continuent ainsi à grever leurs budgets. Pauvres de nous…
Une très bonne nouvelle est quand même arrivée du côté de Dakar où, à l’occasion d’une manifestation appelée Dakar Fashion Week. Et, pour la onzième édition, tenue du 18 au 23 juin 2013 dernier, les mannequins se décapant la peau ont été bannis. Point. À la masse. On n’en veut pas et il faut remercier et vraiment féliciter Adama Ndiaye, l’organisatrice, qui a pris cette décision. Peut-on rêver que les reste des festivals, rencontres, colloques, réunions, congrès, etc. sur le continent fassent autant plus tard? C’est une question de courage et donc de volonté. Mais pour un pays comme le Congo, actuellement, je crains que cette mesure ne puisse voir le jour. Devinez pourquoi…
Obambe GAKOSSO, July 2013©
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*: Peau noire, masques blancs, Éditions du Seuil, 1952. Le livre a été réedité plus d’une fois, notamment en 1971 chez Points Essais
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C’est une décision courageuse et encourageante dans la lutte contre ce phénomène. J’ai lu le livre de Serge Bilé sur le sujet depuis très longtemps sans faire de billet ! Il faut que le fasse un jour.
Si nous voulons que les femmes abandonnent cette mauvaise pratique, il faut que les institutions qui valorisent la femmes tiennent celles qui se décapent loin des honneurs faites à la beauté féminine. Cette règle devrait même s’appliquer dans tous les concours de beauté du monde. Il semble que les Argentines sont les plus grandes consommatrices de chirurgie esthétique. Aussi remportent-elles souvent le concours de Miss-monde.
incroyable post, merci bien.
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