La puissance de l’argent

Samedi dernier, peu avant le début de la cérémonie en hommage à notre regretté frère Jean-Pierre Kaya, un frère nous a rappelé combien l’argent était important dans notre monde. Cela vous fera sans doute sourire, mais il n’est pas mauvais de le rappeler de temps en temps.

Ce qui m’a le plus intéressé dans son propos, c’est quand il a parlé de l’argent comme d’une « énergie ». Oui, l’argent est effectivement une énergie. Une énergie capable de soulever des montagnes, de percer les rochers les plus durs, de transporter des centaines d’hommes du Cap de Bonne Espérance à Anchorage en quelques heures.

Dans les rapports entre États, certains qui se veulent grands analystes, spécialistes de tout et de rien, capables de parler des relations internationales des jours durant, mais pour ne rien dire, cette dimension énergétique de l’argent n’est souvent pas prise en compte. Très souvent même, c’est ignorer. C’est ce qui me pousse à rigoler quand je lis et j’entends des journalistes français s’en prendre à leurs présidents quand ils reçoivent leurs homologues chinois et quand ils vont leur rendre visite en Chine. La raison ? Leurs présidents ne parlent pas ou pas assez des droits de l’Homme. Rien que ça ! Leurs présidents ne parlent pas du Tibet ? Ouh ! que c’est vilain…

Ces journalistes font preuve d’une hypocrisie incroyable. C’est vraiment pour vendre du papier qu’ils écrivent de telles âneries. Mais quand on voit comment  les ventes de leurs journaux périclitent, comment s’en étonner ?

Angela Merkel, Premier ministre allemand est déjà allée en Chine pas moins de six fois, depuis 2007, avec d’énormes bénéfices commerciaux à la clé. Quand elle y va, elle ne parler jamais des problèmes de la Chine (le Tibet etc.) Les Allemands ne l’ont pas élu pour cela, mais pour qu’elle s’occupe de son pays et aussi de l’Europe. La France est engluée dans des déficits abyssaux depuis des décennies et aucun de ses présidents n’arrive à régler ce problème. Or, la Chine dispose de l’argent, cette énergie après laquelle ne cessent de courir justement les dirigeants occidentaux quand ils vont à travers le monde. C’est pour aller la chercher et la ramener à Paris, London, Madrid etc.

Il y a un peu plus de 14 ans, à Casablanca, nous suivions dans un appartement l’émission Capital de la chaîne française M6, reprise par 2M, deuxième chaîne marocaine. Il y était question d’une entreprise ivoirienne de textile, dirigée par un immigré français. Ce dernier gagnait très confortablement sa vie (100.000 FF/mois), ce qui le mettait quand même à l’abri du besoin. On le montrera dans un beau restaurant où il avait ses habitudes et je me souviens qu’il dira : « Vous savez, même le fils du président de la République vient manger ici. »

On n’avait pas besoin d’être un fin psy ou sociologue pour comprendre qu’il était adepte de la lèche, de l’aplatventrisme. Son obséquiosité n’était pas désintéressée : il était là pour faire de l’argent et rien d’autre. Il n’en avait rien à faire du fils du président ou du président lui-même. Depuis la nuit des temps, des comme lui, nous en avons connus sur le continent et nous en connaîtrons encore plein. Ils sont à la recherche de cette énergie qu’est l’argent.

C’est pourquoi le président du pays prétendument le plus puissant au monde, Barack Hussein Obama ne peut parler à la Chine comme il parle aux pays africains, comme il parle à l’Égypte. C’est pourquoi Obama peut se permettre de demander au Sud du Sahara que l’homosexualité soit non seulement dépénalisée mais aussi légalisée. Que ne le dit-il point aux Saoudiens et autres Qataris ? Parce qu’ils ont eux, cette énergie dont son pays, les USA, ont grandement besoin : l’argent. Ils en ont à gogo.

Voilà comment se passent les relations entre États. Nous, nous avons cette énergie et il suffit de voir comment les mallettes, les valises de billets soit de francs français (hier) soit d’euros (aujourd’hui) quittent Mfoa, Libreville etc. pour les sièges des grands partis politiques français, pour financer leurs campagnes électorales, au mépris et des lois africains et de la loi française.

Les Africains, plus que jamais, doivent le savoir et se le mettre dans le crâne : nous n’avons pas besoin de l’argent des autres car nous en avons et d’ailleurs, tout le monde vient le chercher chez nous, au vu et au su de tout le monde. la balle est dans notre camp…

Obambe GAKOSSO, July 2013©