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2 juillet 2013

Au revoir, Jim Kelly

Classé dans : Décès — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 9 h 04 min

On ne verra pas sa longue silhouette au cinéma ni à la télévision. D’ailleurs, cela faisait longtemps que je ne le voyais plus du tout. La nouvelle du décès de James Milton Kelly est tombée et elle m’a fait un drôle d’effet. Celui qui était connu sous le nom de Jim Kelly, pourtant, je ne le voyais plus à la télévision et il faut dire aussi que les salles de cinéma, je n’y vais que très rarement.

Au revoir, Jim Kelly dans Décès jjkkLes Congolais (je ne sais pas pour d’autres pays africains, mais on ne doit pas être loin…) de ma génération, celle de la génération juste avant et celle d’après, n’oublieront jamais cet acteur magnifique qui donna à certains le goût des arts martiaux et à d’autres, la joie simplement de le voir jouer.

Son jeu dans le film Enter the Dragon, aux côtés de l’acteur Bruce Lee (1940-1973) en 1973, avait été grandement salué par le public et lui avait donné ses lettres de noblesse. Pourtant, si pour nous, c’est ce film que nous connaissons le plus, ou mieux, où il a joué, la filmographie de Jim Kelly dépasse largement Enter the Dragon. En effet, ce film est en fait le deuxième dans lequel il a joué, sa carrière ayant commencé par Melinda (1972). Ce film fait partie de ce que l’on appelle la Blaxploitation (de Black et exploitation). Jim Kelly (Charles Atkins dans ce film) joue le rôle d’un instructeur en arts martiaux, qui aide un DJ populaire et prétentieux, Frankie Parker qui tente de chercher le ou les assassins de sa petite amie Vonette McGee.

Après 1973, il jouera notamment dans trois films ( !) en 1974, et de 1975 à 1978, sans discontinuer (avec deux films en 1978). Ensuite, sa carrière se fera en dents de scie, avec des creux sans films (1979 et 1980, de 1983 à 1993 etc.) Le dernier film où on le vit apparaître date de 2009 (Afro Ninja). Je ne l’ai pas vu, mais je sais qu’il y est question d’arts martiaux encore. Au cours des années 80, il avait en effet levé le pied pour faire plutôt du tennis et… son art martial.

Les arts martiaux. Voilà un domaine dans lequel Jim Kelly a excellé dès sa jeunesse et c’est même ce qui poussera le producteur Fred Weintraub à le choisir en lieu et place de l’acteur Rockne Tarkington, pressenti pour jouer dans Enter the Dragon, au départ. Natif de la ville de Paris (Kentucky, Est des USA) Jim Kelly a fait du sport, de manière intensive à l’université, comme nombre de jeunes aux USA. Football US, basketball etc. À l’université de Louisville (Kentucky), il abandonne le football US pour pratiquer le Shorin-ryu* karate.

Dire qu’il fut un acteur (grand, moyen, peu importe) est vraiment réducteur, le concernant. L’accent n’est jamais assez mis sur le sportif de très haut niveau qu’il fut, notamment dans sa pratique des arts martiaux. On passe un peu trop sous silence cet aspect des choses et ce n’est pas peu de dire qu’il a remporté beaucoup de titres majeurs dans la pratique de son sport fétiche : aussi bien au niveau national qu’international. Il est consacré au niveau mondial comme un spécialiste incontournable. Il ouvrira son propre dojo avant de commencer le cinéma.

La Blaxploitation évoquée plus haut est un mouvement socioculturel mettant en avant des acteurs et des actrices Africains-Américains. Voilà encore un élément que les Africains devraient regarder avec la plus grande attention non seulement pour comprendre comment les descendants des déportés, aux Amériques ont non seulement réussi à briser les chaînes physiques qui les entravaient, mais aussi pour certains, les chaînes mentales. Ce mouvement, né dans les années 70 est une suite logique de toutes les luttes menées par les devanciers, dès leur arrivée sur ce sol qui n’était pas le leur. Ils ont compris à un moment donné qu’ils n’avaient rien à attendre des WASP qui avaient et qui ont encore l’essentiel du pouvoir (politique, économique, financier, culturel etc.) Ils ont crée leur mouvement et se sont mis à travailler entre eux, avec les talents Africains-Américains, dont l’écrasante majorité, n’avaient soit pas droit de cité, soit étaient carrément marginalisés par le système. On s’est mis à leur donner des rôles de premier plan, sortant de l’éternelle bonniche, de l’éternel dealer. Les stéréotypes étaient rangés au placard et réservés à Hollywood, grande usine à clichés. Sans la Blaxploitation, on n’aurait sans doute pas eu, pas vu, pas connu Jim Kelly. Merci à elle. Merci à lui.

Le 29 juin 2013 dernier, un cancer l’a emporté, selon l’annonce faite par son ex-femme. Saloperie de crabe… RIP, brother Jimmy.

 

Obambe GAKOSSO, July 2013©

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* : C’est l’un des deux styles majeurs (avec le gōjū-ryū) les plus anciens de karaté d’Okinawa (préfecture, île et aussi archipel au Japon)

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