OMC: l’Afrique confirme encore ses fissures
OMC.
Organisation mondiale du commerce. World Trade Organisation (en anglais). Je n’ai pas beaucoup de sympathie pour ce genre de structures qui, à mon avis, n’ont pas intérêt à nous voir libres. Mais à partir du moment où elles existent, on fait avec et on regarde comment on peut apporter notre grain à moudre : pourquoi pas ?
L’OMC diffère un peu des IFI (Institutions financières internationales) en ce sens qu’elle n’est pas là pour faire des prêts. Elle ne donne pas non plus d’argent (personne ne le fait d’ailleurs). Elle est un organe qui dit faire des arbitrages entre les États-membres, en ce qui concerne les négociations commerciales. Que cela porte sur le blé, le café, le cacao, le coton, il y a des heures et des heures de « négociations » entre divers producteurs.
Pour sa Direction générale (DG) en 2005, l’Afrique avait présenté le candidat originaire de l’île Maurice, Jaya Khrishna Cuttaree, ancien ministre des Affaires étrangères. Comme il fallait s’y attendre, avec les Africains, notre candidat bénéficiera d’un nombre de voix inférieur au total des voix africaines… Convaincu que les voix du pré carré français avaient fait défaut à notre compatriote, j’en avais discuté avec un responsable important du département du Commerce d’un pays africain. Ce dernier nous dira (je n’étais pas seul ce jour-là), que, « depuis le pays, on nous avait déjà demandé de voter pour Pascal Lamy, le candidat français.
C’est toujours consternant de constater que des Africains défendent ardemment l’idée que la Françafrique est morte depuis longtemps ou, pire encore, qu’elle n’existe tout simplement pas… Je veux bien que l’on soit aveugle, sourd et extrêmement ignorant de ce qui nous touche directement, mais faire preuve d’autant de crétinisme, c’est à désespérer de certains d’entre nous…
Le mandat du DG de l’OMC est de 4 ans. Après le second mandat de Lamy, les membres ont donc envoyé, comme d’habitude, à travers le monde, leurs candidats, afin d’occuper ladite direction. Et là, encore une fois, les Africains ont fait fort !!! en cette année du cinquantenaire de l’OUA/UA, nos dirigeants ont montré qu’ils demeuraient vraiment fidèles aux idéaux de la majorité des « pères fondateurs » : l’Afrique doit être et doit demeurer plus divisée que jamais !!! Nous nous sommes en effet payer le luxe de présenter en effet deux candidats pour ce poste… Le Ghanéen Alan Kyeremanten et la Kenyane Amina Mohamed (Kenya).
Pourquoi, mais pourquoi une seconde candidature alors qu’un consensus s’était dégagé en faveur du Ghanéen et qu’aucune voix discordante n’était venue troubler les couloirs des grands rendez-vous où tant de choses se négocient entre les princes de ce monde ? Quelle diable a donc piqué Mohamed pour commettre une telle forfaiture ? La trahison doit sans doute avoir un drôle de goût, vu comment nombre de nos élites s’en délectent chaque fois que c’est possible !!!
Encore une fois, mais vraiment encore une fois, le continent a raté une occasion de jouer collectif, à l’heure où les grands ensembles se constituent. Nous passons notre temps à nous faire des crocs-en-jambe. Les tacles sont monnaie entre nous, dès qu’il est question d’aller discuter avec nos partenaires et adversaires. Les coups de couteau dans le dos sont des jeux très prisés parmi nos augustes excellences qui semblent s’en donner à cœur joie. Voir le sang des nôtres, couler et savoir que nous avons une part de responsabilité (partielle ou totale, qu’importe !) là, semble être un passe-temps très apprécié de la part de nos monarques.
La victoire es revenue au Brésilien Roberto Azevedo qui a battu en finale le Mexicain Hermini Blanco. Le Brésil est une des plus grandes puissances économiques et diplomatiques de notre monde. Ces dernières années, ce pays va de succès en succès sur la terre internationale avec l’obtention :
- de la Coupe du Monde de football (2014) ;
- des Jeux olympiques de Rio de Janeiro (2016) en battant au passage la Chicago de Barack Obama himself, bien que ce dernier ait fait le déplacement afin de faire pencher la balance en faveur des siens ;
- la place de DG de l’OMC.
Quand les chefs d’État brésilien (Lula d’abord et ensuite Dilma Rousseff) vont à l’étranger, ce n’est pas pour fuir la pauvreté et la misère des favelas de Rio Janeiro, ni pour apprécier je ne sais quoi à l’étranger. Non ! Ils voyagent pour conquérir des parts de marché. Ils voyagent pour augmenter de plus belle la balance commerciale de leur pays, en leur faveur. Ils voyagent pour nouer des alliances solides, pouvant rapporter gros à leur pays et, à ce sujet, la solide ossature appelée BRICS (Brasil, Russia, India, China & South Africa) ne cesse d’inquiéter ces pays qui sont persuadés de détenir la vérité, d’avoir la science infuse et qui ont pris trop de libertés à travers l’histoire, en tentant de dicter leurs lois aux autres. Ces pays savent qu’il leur faut désormais compter avec les BRICS et l’Afrique du Sud (South Africa), qui est pourtant sur notre continent, a compris depuis un bon moment qu’il risque d’être dangereux pour lui de continuer à attendre ces Africains qui passent leur temps à se diviser quand il faut parler d’une seule voie…
Obambe GAKOSSO, May 2013©