Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

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23 mai 2013

La pluie, Chávez, Obama, le soleil et nos princes

Classé dans : Politique — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 9 h 32 min

Nous ne nous entendons pas parler. Voilà des mots qui m’ont frappé une certaine après-midi de juillet 2011, en région parisienne, quand nous fêtions l’an un de notre association, la Ligue Panafricaine – UMOJA (LP-UMOJA).

La pluie, Chávez, Obama, le soleil et nos princes dans Politique pluie-271x300Oui, si nous faisions un peu plus attention aux mots que nous utilisons au quotidien, aux sens, à l’étymologie, bien de drames seraient évités et les élites africaines ainsi que leurs administrés auraient peut-être des rapports d’une toute autre nature. Suite au décès du président de la République Bolivarienne du Venezuela, Hugo Rafael Chávez Frías, début mars dernier, la toile a été inondée comme je ne l’avais jamais vu, de photos et de vidéos du grand homme : dans la rue, dans son bureau, sur une tribune en train d’haranguer etc. J’ai moi-même participé à mon très modeste niveau en consacrant sept jours d’affilée des billets en hommage à cet homme. Les photos n’ont pas manqué. Il y en a une que je n’ai vue que très récemment. C’est elle qui m’a inspiré le billet de ce jour.

Encore une fois, faisons attention aux mots : Qu’est-ce que l’administration ? Qu’est-ce qu’un ministre ? Qu’est-ce que la République ? Qu’est-ce que la politique ? Qu’est-ce qu’un président ? Qu’est-ce que l’État ?

La photo que je mets en ligne ce jour est en fait un mix de deux photos. Nous avons en haut le président américain, Barack Husseïn Obama qui, visiblement tient un propos en public (je ne sais pas si foule il y a, on ne la voit pas en tout cas). il pleut et un soldat lui tient un parapluie afin que le maître de ce monde ne subisse point les avanies du ciel. Sur l’autre partie de l’image, on voit Chávez, micro en mains, sur une tribune, dans ces moments qu’il affectionnait tant, en train de parler à son peuple et – visiblement – il y a foule. It’s raining cats and dogs, comme disent les Anglais. Il n’y a aucun bonhomme avec un parapluie à ses côtés, pour le protéger des affronts du ciel. Au contraire, on a même l’impression que le bonhomme y prend goût et considère – qui sait ? – ces eaux venues du ciel, comme une bénédiction. J’ai pensé à cela en me souvenant d’une conversation avec une grande sœur, il y a fort longtemps : Considère toujours une pluie qui ne fait pas de dégâts comme une bénédiction, même si elle doit t’obliger à changer ton programme.

Les contempteurs de Chávez (et ils sont légion, en Occident notamment), ne manqueront pas de dire que c’est de la com’. Quatre caractères pour dire « communication ». Pour dire que le fond n’est pas du tout important et que l’on met le paquet sur la forme. Hélas ! pour eux, cet homme était ainsi, au service de son peuple. parce que lui, il avait compris le sens des mots. Il n’utilisait pas la fonction présidentielle pour sa gloire personnelle, ni celle de ses quatre filles, ni celles des compagnes qu’il eues dans sa vie, ni pour celles de ses parents. Il savait et avait très bien intégré qu’un homme public, payé par les deniers publics, se doit de faire corps avec le peuple. en France, les socialistes et les UMPistes vous diront que c’est du populisme. Justement, « populiste », cela vient du peuple : quel mal y a-t-il à être proche du peuple ? C’est parce qu’ils se sont éloignés du peuple, vivant dans leurs tours d’ivoire, fréquentant du soir au matin les mêmes milieux (politiques, journalistes, communicants, hauts-fonctionnaires etc.) que le lien est brisé avec leurs administrés. Ils se mettent de part et d’autre à parler une langue et un langage que seuls les émetteurs comprennent.

Le pouvoir n’a pas changé un homme comme Mahmoud Amadinejad. Il demeure proche de son peuple, cet ingénieur. Pour le savoir, nous qui ne parlons ni ne lisons le persan et l’arabe, devons choisir avec soin nos sources d’information car ça, les media occidentaux n’ont que très peu de tolérance face à ce genre de leaders. Au contraire, eux et les leurs disent, Cela dévalorise la fonction présidentielle. Au contraire ! crierai-je… Cela donne plus de poids et montre par la même occasion que l’homme sait d’où il vient. Cela ne vaut évidemment pas brevet de compétence, mais c’est extrêmement important. Comment s’étonner que l’Occident officiel haïsse tant des hommes le Vénézuélien et le Perse ?

En Afrique, nous voyons de plus en plus de photos où des officiels tiennent des propos en public ou posent une « première pierre » et, à leurs côtés, un quidam tient un parapluie ou un parasoleil*. Pourquoi ? Parce qu’il fait tellement chaud que nos augustes seigneurs trouvent indignes d’en subir les affronts, leurs peaux royales et leurs visages impériaux ne pouvant sans doute supporter les rayons solaires. Je me gausse en voyant ces images et j’ai chaque fois de la peine pour et les officiels qui se livrent à un spectacle aussi ridicule et pour leurs « chargés de parapluie/parasoleil ». Combien ces derniers sont-ils payés pour faire un travail d’un ridicule sans fin ? Qui tiendra le parapluie/parasoleil du peuple, tout autour, devant ou derrière l’officiel qui en général raconte sa vie (quand ce n’est pas un président c’est un de ses proches qui dit du bien du président-dieu) ?

Je vois certains de mes frères me sortir l’argument selon lequel, du temps de nos aïeux, les souverains et autres suzerains, étaient porté en tipoye** et se faisaient ventiler visages et corps par un ou deux hommes à leurs côtés. D’une part, je leur rappelle à chaque discussion qu’ils ne puisent dans nos traditions que ce qui sert leurs arguments et ceux de nos potentats. D’autre part, il est très important de rappeler que du temps de nos ancêtres, le temporel et le spirituel faisaient corps. La spiritualité du souverain était souvent celle de la plèbe. Cela se voyait même quand les monarques embrassaient de nouvelles fois (chrétienne ou musulmane) : le peuple, de gré ou de force en faisait autant. Sur ce plan, on ne peut décemment point comparer nos présidents actuels, avec ces monarques d’antan et – de surcroît – nos ministres, sous-ministres, DG etc. C’est totalement indécent et manquer de respect aux premiers. Hier encore sur TV Congo, j’ai vu un président de conseil départemental inaugurer un bâtiment public et, à ses côtés, un quidam tenait un parapluie…

Revenons aux mots « ministre », « administrer ». Ne se rend-on pas compte qu’il y a comme un lien de parenté entre ces mots ? Ministre vient du latin minister, qui signifie « qui aide », « qui exécute », « qui sert ». Le mot dérive de minus qui signifie inférieur. Pas besoin de faire une exégèse, n’est-ce pas? Administrer  de son côté n’est pas loin, et ça signifie… Allez, cherchez!!! C’est aussi pour la linguistique que j’ai d’autant plus d’admiration pour des hommes comme Cheikh Anta Diop et Théophile Mwene Nzale Obenga

Obambe GAKOSSO, May 2013©

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* : Au Congo, on utilise indifféremment les deux, question de ne pas se compliquer la vie sans doute. Avec cette langue française qui est si complexe…

** : Les Français l’appellent « chaise à porteur »

2 réponses à “La pluie, Chávez, Obama, le soleil et nos princes”

  1. Grace Bailhache dit :

    Bonjour Obambé,

    Ah çà m’avait bien manqué de lire ta prose exaltée, nom de diou de nom de diou, j’adore la mauvaise foi pratiquée par les hommes de talents, dixit …Il y’a une image qui m’a inspiré mon billet, mais je vous en glisse une deuxième histoire de faire une comparaison..Sauf que là, çà ressemble un peu tu sais à ces images « avant-après » qui sont fabriqués pour motiver les gens…l’éclairage, l’angle ne sont jamais les mêmes sur ces photos là…Tout comme sur celles que tu mets en parallèle, un plan large, un plan serré, finalement le seul point commun c’est quoi la pluie ? Waoh !!!

    Et là où tu fais vraiment aussi forts que ceux que tu vilipendes, c’est quand tu dis
    Sans doute que dans la bouche des dits contempteurs (j’avoue que je ne connaissais pas le terme) parler de COM s’apparente à une injure, surtout qu’on elle s’accompagne d’une définition erronée.

    Évidemment je reconnais une bonne communication quand j’en vois une, et elle n’est pas bonne que si le fond et la forme sont réunis.

    On aime à croire que nous avons inventé l’eau chaude, parce que nous utilisons de nouveaux mots pour désigner ce qui se fait depuis la nuit des temps. Savoir communiquer à hauteur de son public est le B.A.BA de toute personne cherchant l’assentiment d’autres. On ne m’ôtera pas de l’esprit que les apparats royaux de Makoko, Chaka et consorts ne servaient pas leurs COM.

    Pour ce qui me concerne la COM non dévoyée sert à rendre plus accessible le message que l’on souhaite faire passer. CQFD…

    Chapeau bas l’ami, tu as l’art et la manière d’éveiller les instincts polémistes de tes lecteurs.

    Bien admirativement

    Grace

  2. St-Ralph dit :

    Avouons, Grace, que nous avons tendance, en Europe, à inventer des mots pour qualifier les pratiques des autres. Celui qui est souvent en communion avec sa population est taxé de « populiste », comme dit Obambé. Le mot est péjoratif dans notre esprit, même s’il vient du mot « peuple » et devrait nous réjouir. Si c’est un Européen au pouvoir qui est concerné par cette pratique, il est certain que l’on dira qu’il a du talent en « com ».

    En occident, on tient à l’apparat et on aime que les dirigeants prennent de la distance avec le commun du monde. On assure que c’est dans le souci de faire respecter la fonction présidentielle ou ministérielle. Quand il s’agit du gouvernant d’un pays tropical où d’un mal-aimé de l’Occident qui use de l’apparat et de la prise de distance comme moyens de faire respecter la fonction qu’il occupe, il est certain qu’il sera mal vu des européens. On dira de cet homme qu’il est dans son « bunker », que personne ne peut l’approcher.

    Pour ma part, j’admire celui qui est capable de descendre dans la foule, qui est capable de s’affranchir du protocole pour communier avec ses comptriotes ; pas pour quelques minutes pour faire de la « com », comme on le voit souvent. Les solennités sont nécessaires certes, mais quand on ne nous propose que cela, on finit par susciter notre envie plutôt que notre admiration.

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