En souvenir de nos ancêtres déportés, Aubervilliers, samedi 11/05/2013
Hier, samedi 11 mai 2013, nous nous sommes donc retrouvés à Aubervilliers, à l’école Frédéric Joliot Curie pour commémorer à notre façon, la mémoire de nos illustres déportés. Pas que. Nous avons aussi évoqué les résistances sur le continent africain, la question des réparations (Me Guy Florentin), la Maison des esclaves au Togo (Kadi Camara).
Les hostilités ont donc démarré par Klah Popo* qui a parlé de la question de la responsabilité, ou plutôt de la non-responsabilité des Africains, dans le trafic négrier. Il travaille sur ces questions depuis 20 ans et, comme il le dira avec insistance, il n’a trouvé aucune source historique, juridique, attestant de la vente d’Africains par d’autres Africains, se basant sur les États (royaumes et empires) existant à cette époque sur notre continent. La définition du mot « esclave » est plus que claire : l’esclave est un être humain appartenant à un autre être humain, sans aucun droit. Il est sa chose. Klah Popo a même cité des sources occidentales qui ont travaillé sur cette question, qui ont relaté des faits sur survenus sur le continent africain, à l’arrivée des Occidentaux : il n’y a non seulement nulle trace de vente organisée d’esclaves ni même d’existence d’esclaves tout. Les rois et autres empereurs étaient tellement riches : quel besoin avaient-ils de vendre leurs sujets alors qu’un homme comme Kankan Musa était le plus riche de l’univers de l’époque ? Les Américains qui adorent courir après les classements, estiment (sur quelles bases ?) que sa fortune vaudrait aujourd’hui 400.000.000.000 $. No comment…
J’ai planché par la suite sur les résistances africaines, aussi bien dans la diaspora que sur le continent. Les diverses formes de résistances ont été passées en revue : actives comme passives. Le point focal a été qu’un homme sur cette terre ne se soumet de gaieté de cœur. Il faut qu’en face l’oppression et l’oppresseur soient bien plus forts que lui, pour l’y contraindre. Nous y reviendrons.
La séance des questions fut assez courte car j’ai vraiment eu l’impression que nous avons eu affaire à un public assez averti sur les questions évoquées. Ce qui prouve que le travail de conscientisation effectué a des effets très bénéfiques et nous ne pouvons que, tous autant que nous sommes, continuer sur cette lancée.
Après la pause où les participants ont pu échanger et manger un morceau, en buvant des boissons (jus de gingembre, de baobab, bissap), les hostilités ont repris avec cette fois Ismaël Sow et Kadi Camara. Le premier devait plancher sur la stèle de Loango, un des chevaux de bataille de la LP-UMOJA. Cette stèle est depuis trop longtemps laissée à l’abandon par les autorités congolaises qui n’ont qu’en faire. Hélas ! pour nous, la technique nous a fait défaut et la vidéo n’a pu être lancée. Qu’à cela ne tienne, Ismaël Sow a fait une présentation de la LP-UMOJA avec nos buts et objectifs. Et pour commencer ses slides sur la Ligue, il a lancé cette phrase de Cheikh Anta Diop, À formation égale, la vérité triomphe…
Kadi Camara de son côté nous a parlé de la maison des esclaves, au Togo. J’ignorai complètement, jusqu’alors, l’existence de cette structure. Cela a été un vrai choc pour moi et cette sœur est à féliciter car la plasticienne qu’elle est voyage à travers le continent à ses frais, en voiture. Le « conservateur », si on peut l’appeler ainsi, de cette maison, est un bénévole qui a sa femme et ses enfants mais est sans emploi. Nous y reviendrons aussi.
L’avocat Guy Florentin apportera donc des éléments concernant les réparations. Le droit est clair sur ce sujet. Si crime il y a, il faut que le droit parle. Et, même si les autorités françaises freinent des quatre fers depuis longtemps à ce sujet, le processus est inéluctable à ce sujet : le droit parlera. Des exemples sont légion à travers le monde et l’histoire. C’est une question de temps et d’organisation. Il a été rappelé la dette de 150.000.000 de francs or payés par Ayiti pour se libérer de la domination de la France, après l’avoir pourtant vaincue militairement. Le cas du Mexique, et de USA aussi a été cité.
Lascony, autre très grand voyageur devant l’Éternel, nous a encore gratifiés de magnifiques images qu’il nous rapporte des Amériques et d’Afrique. J’ai aussi vu pour la première fois un endroit où, à l’île d’Antigua, des déportés avaient creusé un tunnel, dans le but de regagner le continent mère. Mais le tunnel les conduira à la… Guadeloupe ! Hallucinant… Nous aurons aussi droit à des vidéos d’Afrique du Sud, où l’on voyait des colons venus d’Europe en train de bombarder les populations locales. Des choses que l’on nous présentera comme des arrivées pacifiques…
Faute de temps, Klah Popo n’a pu exposer sur la Renaissance. Il fallait nettoyer la salle et la ranger. On a passé d’excellents moments avec des militants et des Africains assez avertis sur les enjeux actuels. On sent bien que le vent tourne.
Obambe GAKOSSO, May 2013©
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* : Il est auteur de deux ouvrages que je ne peux que vous recommander, tous les deux aux Éditions Anibwé : Histoire es « traites négrières » : Critique afrocentrée d’une négrophobie académique (2010) et Yovodah et panafricanisme (2012)