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16 avril 2013

Karim Wade au trou: quand l’histoire remet chacun de nous à sa place…

Classé dans : Justice — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 0 h 12 min

Il se disait en Russie il y a quelques années que le Vieux Boris Nikolaevitch Eltsine (68 ans à l’époque), au moment de quitter le pouvoir (après 8 ans et 6 jours) aurait assuré une sorte d’immunité à sa « famille » (aussi bien biologique que des amis très proches): son successeur aurait le Kremlin et sa « famille » ne serait jamais, aucunement inquiétée par les juges et les policiers.

Karim Wade au trou: quand l'histoire remet chacun de nous à sa place... dans Justice kwL‘URSS venait d’exploser et certains apparatchiks comme leurs proches s’en donnaient à cœur joie pour se partager la dépouille de ce mammouth, l’Empire rouge qui décédait après 70 ans d’existence et de règne sur une partie du monde. Et il y avait des morceaux de choix: matières premières, notamment le gaz et le pétrole (80% des exportations), d’autres métaux et des produits de la pêche aussi (1/4 du marché mondial)*, armes de guerre  etc. Eltsine, qui avait pas mal de problèmes de santé dus notamment à sa trop forte propension à lever le coude savait qu’il n’aurait pas assez d’énergie pour gérer cet immense pays (le plus grand de la planète) et protéger en même temps les siens. Il fallait un homme au sang frais, un homme à poigne et qui aurait toute la confiance du chef de la « famille ». Intronisé le 01/01/2000, Vladimir Putin s’acquittera tellement bien de sa tâche qu’à ce jour, les proches de feu son mentor n’ont jamais été inquiétés.


Dans les régimes autocratiques et même supposés démocratiques, les monarques ont souvent cette crainte: Que vont devenir les miens quand je ne serai plus de ce monde ou que je ne serai plus le roi du monde? D’autres s’inquiètent pour leur propre personne: Que fera-t-on de moi, une fois le fauteuil sacré cédé à mon successeur? Si dans le second cas de figure, on voit alors des monarques tenter de s’accrocher, comme des moules à leurs rochers, coûte que coûte, au pouvoir, même en dépassant les bornes du ridicule, dans le premier cas, les princes de ce monde cherchent souvent à « léguer » le pouvoir à leur rejeton mâle le plus âgé ou au plus méritant de leur progéniture (mâle très souvent). Eltsine n’ayant pas de mâle, il en « adoptera » un. Au Sénégal, Abdoulaye Wade, élu en 2000, père de deux enfants (une fille née en 1972 et un garçon né en 1968) sera accusé vers la fin de son mandat courant de 2007 à 2012 de vouloir mettre en place un système de dévolution dynastique, en faveur de son fils Karim Meïssa Wade.


La question de savoir si ce dernier était compétent (comme ministre) au moment de sa nomination par son président de père n’est pas l’objet de ce billet. La question de savoir s’il a rempli ses missions en tant que ministre non plus. Non. Les choses se voyaient comme on verrait un œuf posé sur le crâne d’un chauve: l’âge avançant (Wade père est quand même né en 1926), les pouvoirs de Wade père, du PDS (Parti démocratique du Sénégal, don parti) et de Wade fils ayant été exorbitants durant la période 200-2012, avec des enrichissements impressionnants en si peu de temps, aussi bien du clan Wade que de cadres du PDS que de commerçants proches de cette galaxie. Quand l’actuel président de la République du Sénégal, Macky Sall était encore président de l’Assemblée nationale (AN), il avait décidé de convoquer Wade fils afin qu’il aille devant la représentation nationale pour s’expliquer sur la gestion des fonds de l’ANOCI (Agence nationale pour l’Organisation de la conférence islamique) dont Wade fils avait eu la charge. Wade père, comme si son fils avait encore l’âge de jouer aux billes, le prendra tellement mal qu’il considérera cela comme une déclaration de guerre, même pas contre son fils, mais contre son « immense » personne.

Quand on s’attaque à Dieu, il faut s’attendre aux foudres. C’est ainsi que Wade fera en sorte que non seulement son fils ne réponde point à la convocation, mais en plus, il fera changer les textes afin que le mandat de Sall soit écourté à la tête de l’AN, l’obligeant ainsi à quitter son poste plus tôt que prévu. Croyant avoir gagné la guerre contre son ancien Premier ministre (avril 2004-juin 2007), Sall, Wade se battra alors sur plusieurs fronts, dont celui de savoir comment son fils lui succéderait. Il n’aura pas les moyens de contrer Sall qui lui, pendant ce temps, sillonnera le pays, en vue de la présidentielle de 2012. Et quand Sall gagnera la présidence de 2012, la crainte gagnera très vite le camp Wade: tout le monde savait qu’une nouvelle manche du « match » entre Sall et les Wade allait se jouer. Et, il y a quelques mois, ce que d’aucuns qualifient déjà de chasse aux sorcières, a démarré et Wade fils en est une des « victimes ». La stupeur vient de gagner les Sénégalais qui ont appris que Wade fils était à la tête d’une fortune de 694 milliards de XAF (!!!)

À 27 ans, Wade fils obtenait un DESS en ingénierie financière (Paris, La Sorbonne). Travaillant ensuite dans une banque à London, il participe néanmoins à la campagne électorale victorieuse de son père en 2000. Il retourne occuper son poste de haut cadre à London où il gagne très confortablement sa vie. En 2002, il rentre définitivement à Dakar, occupant le poste de conseiller auprès de son président de père. En 2009, il est nommé ministre, après avoir essuyé une cuisante défaite lors des municipales (il sera même battu dans le bureau de vote de son quartier!). Sachant qu’il aura été ministre 34 mois et travaillé quelques années à peine, comme on a pu le voir plus haut: comment a-t-il fait pour arriver à être riche d’autant de milliards?

L‘argent ne tombe pas du ciel et au Sénégal comme à London, les arbres ne donnent pas des billets de banque à côté de leurs feuilles: sinon, il n’y aurait plus d’arbres sur cette terre depuis belle lurette… Le cas de l’aîné de la famille Wade peut être décliné à l’envie sur cette planète et dans nos contrées, ce ne sont pas les cas de figure qui manquent: combien de fois n’a-t-on pas vu, ne voyons-nous pas des fils et des filles de, qui ne foutent rien de leurs journées mais qui claquent des milliards de XAF comme si c’étaient des grains de sable? Tous les jours, il suffit de se mettre dans les rues de certaines de nos capitales ou de Paris pour les voir, en train de jeter par les fenêtres et les trous des toilettes des sommes faramineuses dont on est en droit de se demander d’où elles viennent. Même Jésus dans la bible, après avoir multiplié les pains et transformé l’eau en vin s’en était allé. Mais avec nos enfants de monarques**, on a l’impression que des Jésus Christ vivent et dorment dans les palais et palaces de nos Républiques.

Je suis quelqu’un de très optimiste concernant le devenir de Kemet. Les choses ne pourront demeurer en l’état éternellement. Ce que la Justice sénégalaise est en train de faire n’est pas une première, sur notre continent. J’ai déjà évoqué ici le cas de l’ancien président zambien, Frederick Chiluba qui s’était retrouvé lui aussi devant la Justice. Demain, on aura des émules des magistrats zambien et sénégalais qui feront le même boulot et les plaisantins qui sont persuadés que l’argent du peuple africain est le leur déménageront des palais de la République pour les palais de justice.


Obambe GAKOSSO, April 2013©

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*: Chiffres de l’OMC (Organisation mondiale du commerce, 2012)

**: Je ne parle que de ceux-là, ne citant pas les épouses, maîtresses et le reste

2 réponses à “Karim Wade au trou: quand l’histoire remet chacun de nous à sa place…”

  1. Koreda dit :

    Dommage qu’on ne parle pas souvent des épouses, maîtresses et autres. Si si, Imelda Marcos, Leila Ben Ali, mais sur tout le reste silence radio. Et pourtant en creusant un plus qu’est qu’on découvrirait !!!!!!

  2. Obambé GAKOSSO dit :

    Koreda,

    Tu as bien raison. Surtout du côté des compagnes: on a même l’impression (je dis bien impression, car je sais que je vais m’attirer certaines foudres), qu’elles sont plus budgétivores encore que leurs époux et rejetons.
    Le dernier cas le plus emblématique (à ma connaissance) est incontestablement celui de Leïla Ben Ali: chaque jour j’en apprends de belles sur elle.

    Sur la page Wikipedia qui lui est consacrée, on peut lire ceci: Leïla Ben Ali serait à l’origine de la fermeture le 10 mai 2007 du lycée Louis-Pasteur de Tunis, un lycée privé francophone dirigé par Mohamed Bouebdelli42,43, opposant politique et fondateur de l’université libre de Tunis ayant précédemment écrit un livre très critique sur le régime44. Elle aurait ainsi permis à son amie Souha Arafat, la veuve de l’ancien dirigeant palestinien Yasser Arafat, d’ouvrir un établissement privé international, l’International School of Carthage45. Les parents d’élèves du lycée Pasteur, appartenant pour la plupart à la grande bourgeoisie tunisoise, ont en vain rédigé une pétition43. Madeleine Bouebdelli, épouse de Mohamed Bouebdelli, a écrit une lettre à Nicolas Sarkozy en décembre de la même année où elle dénonce ce « népotisme » et cette atteinte à la francophonie, le lycée ayant travaillé en étroite collaboration avec l’Institut français de coopération43. Cette affaire provoque un conflit entre Leïla Ben Ali et Souha Arafat. Selon Christophe Ayad, Leïla Ben Ali a fait expulser la veuve d’Arafat, sa mère Raymonda et sa fille, qui se sont installées à Malte43.

    Un frère ayant suivi une émission relative, à la TV m’a expliqué que c’est bien plus grave que cela car il s’agit de gros et que Mme exigeait absolument une participation dans cette affaire, ce que les époux (propriétaires dudit lycée) ont refusé. D’où la fermeture de cet établissement…

    @+, O.G.

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