Adieu Miss Maggie, je ne te regrette point
Si au paradis il y a des membres de l’ANC, ils ne viendraient sûrement pas ouvrir la porte à Margaret Thatcher, a déclaré David Tambo. Ce dernier est le fils d’Oliver Reginald Tambo (1917-1993), un des dirigeants historiques de l’ANC (African National Congress), dont il sera même le président de 1961 à 1991 (année de son retour au pays). Son fils David, à sa manière, continue le combat. Et on ne peut pas dire qu’il renie l’héritage politique paternel.
Depuis mardi, les rédactions britanniques en particulier, et européennes, en général, ne cessent de parler de cette dame, Thatcher, qualifiée naguère de Dame de fer, par les Soviétiques. Les Britanniques et autres Occidentaux pourront dire ce qu’ils voudront de cette dame. Ils pourront dire qu’elle a enrichi les riches de son pays, qu’elle a appauvri les pauvres, qu’elle a foulé aux pieds les droits des petites gens, comme diraient Lionel Jospin, etc. le plus important pour nous, Africains n’est pas là. Même si je souris en voyant ce syndicaliste, David Hooper, qui avait gardé un cigare très longtemps, pour le jour de l’annonce de la mort de Miss Maggie. Et pour ses 70 ans, Dame Nature l’a plus qu’exaucé : elle est morte et il a pu fumer son cigare. J’ai vu des images de citoyennes et citoyens du pays de Winston Churchill faire péter le champagne, tant ils étaient heureux de cette nouvelle : la dame avait tellement pourri la vie de leurs parents ou la leur tout simplement…
J’ai commencé ce billet en évoquant un Sud-Africain et l’ANC. Voilà le premier volet qui me parle le plus avec le décès de l’ex-Premier ministre britannique. Quand on veut avancer, on doit avoir de la mémoire. On ne peut pas vivre comme si hier, avant-hier etc. n’ont jamais eu lieu et dire comme des moutons, Regardons devant. Le reste n’a pas d’importance. Mais à y regarder de près, les Africains qui raisonnent de la sorte sont volontairement en service commandé ou encore involontairement. Je ne sais pas ce qui est pire. Car en réalité, ces discours ne sont pas nôtres, mais ils émanent des penseurs occidentaux qui nous instillent ou cherchent à nous instiller sans cesse leurs vues, pensées et visions des choses. Il faut voir comment ces Africains, experts en déni de notre passé, se comportent pires que des poissons rouges. On sait qu’au niveau mémoire, ce type de bêtes, ne sont pas des modèles. L’Occident investit chaque jour des milliards pour son histoire, son archéologie, et elle voudrait prétendre que cela n’est bon que pour eux et très mauvais pour nous, sous prétexte que nous serions sous-développés.
À l’ANC, ils n’ont pas une mémoire de poisson rouge. Ils savent par où ils sont passés et même s’ils ne montrent pas toujours qu’ils se souviennent de qui étaient leurs amis pendant les années de braise et de brûlures, ils n’oublient jamais qui était en face d’eux, comme ennemis directs ou comme ennemis indirects. La Grande Bretagne de Thatcher, comme avant elle, a été des décennies durant, un ennemi implacable de l’ANC et donc du peuple africain. Cela ne fait pas de pli. Ce pays n’a eu de cesse de soutenir le régime infâme de Pretoria, avec sa politique d’apartheid, où les nôtres n’avaient que les droits de se taire et d’obéir le doigt sur la couture du pantalon, quand ils avaient un pantalon, évidemment. Nous pouvions lui en vouloir mais il y a une réalité dont nous devons toujours tenir compte et qui doit toujours nous accompagner, dans chaque étape de la construction de cette Afrique débarrassée de ses scories, telle que nous la voulons : quand les Occidentaux avaient pris possession de nos terres, naguère, c’est parce qu’ils en avaient besoin. Et donc, par conséquent, tant qu’il était possible de tirer bénéfice de nos terres, de notre sous-sol et de nos muscles, il n’y avait pas de raison que les Africains recouvrent leur souveraineté. Au moment où l’apartheid se battait contre les Peter Botha et consorts, la plupart des territoires africains avaient soit leur indépendance soit une relative indépendance. Et pour cela, l’Occident (Angleterre, France, Portugal, Espagne) avaient dû céder face à l’acharnement de quelques forces progressistes africaines qui ne s’en laissaient point compter. Pour Thatcher, l’ANC était un groupe de terroristes. Rien que ça ! Comment regretter une telle personne ? Quand en 1990, Madiba Mandela sortit de prison, il entreprit une tournée mondiale et je me souviens très bien que lors de sa rencontre avec Thatcher à London, cette dernière ne voulait pas entendre parler de sanctions contre le régime pratiquant l’apartheid en Afrique du Sud. Diplomatiquement, Mandela dira à l’issue de cet entretien, Mme Thatcher est une interlocutrice difficile…
Deuxième volet qui me revient en mémoire, en pensant à cette dame, c’est le Zimbabwe. Je ne referai pas ici l’histoire violente et extrêmement sanglante de ce pays de 390.245 kilomètres carrés. Selon certaines sources, le Zimbabwe (que les Anglais appelaient Rhodesia, du nom de Cecil Rhodes) était en quelque sorte une perle à leurs yeux. Nombre de leurs meilleurs y allaient, alors qu’en Australie, il y avait plein de bagnards et autres brigands. C’était un territoire difficile à céder et la résistance au changement, au tournant inéluctable de l’histoire y sera plus rude que dans nombre de colonies britanniques en Afrique.
Contrairement à des idées trop savamment véhiculées, et auxquelles des Africains apportent même une stupide et bornée caution, les terres africains n’ont pas été acquises avec du sourire, du sel et je ne sais quelles pièces d’étoffes. Et dans le cas de ce territoire, de 1893 à 1894, les Matebele se battirent contre les troupes anglaises du major Allan Wilson (1856-1893). Lorsque Ian Smith (1919-2007) proclama unilatéralement l’indépendance du pays, les populations africaines ne furent guère associées à cette entreprise et c’est tout naturellement que des leaders tels que les Joshua Nkomo (1917-199), Robert Gabriel Mugabe (1924-), Leopold Takawira (1916-1970), etc. prirent les armes pour mener leur guerre d’indépendance. De guerre lasse, les Britanniques et leurs parents restés en Afrique (dont Smith) choisiront, contraints et forcés, la paix. Et lorsqu’il faut négocier une sortie de crise prétendument honorable, c’est Thatcher qui est au pouvoir depuis le 04/05/1979. Du 10/09/1979 au 17/12/1979, Zimbabwéens et Britanniques se retrouvent en Angleterre pour discuter de toutes ces choses et c’est là que seront signées le 21/12/1979, un texte pré-constitutionnel connu plus couramment sous le nom d’Accords de Lancaster House.
Je ne reviendrai pas sur les détails de ces accords, mais l’un des volets les plus importants stipulaient que les populations européennes vivant au Zimbabwe pouvaient toujours y demeurer, continuer à exploiter leurs terres etc., mais qu’en contrepartie, l’Angleterre devait payer une compensation financière au gouvernement zimbabwéen. À terme, les terres devaient revenir aussi aux populations africaines. Bien entendu, jusqu’à son départ du 10, Downing Street (28/11/1990), Thatcher ne respectera pas ses engagements vis-à-vis du Zimbabwe. Si cela peut paraître choquant pour le commun des mortels, les Africains ne devraient plus être choqués par ce genre d’attitudes. Un impérialiste n’a pas à avoir d’états d’âme. Il ne sait pas ce que c’est car il vit pour engranger un maximum d’argent, peu importe le nombre de cadavres sur lesquels il a besoin de marcher. Et quand un chien a un os dans la gueule, il faut être sacrément costaud pour le lui arracher. De lui-même, il ne lâchera jamais sa prise. Qu’il ait eu cet os auprès d’un chiot ou d’une chienne, cela ne change rien dans sa conception des choses. Thatcher et ses successeurs n’ayant pas voulu lâcher l’os, Mugabe, un des rares présidents africains qui sachent encore défendre notre honneur, est passé par la case expropriation des terres.
Impossible de terminer ce billet sans évoquer le triste sire qu’est Mark Thatcher. Ce nom, à peine apparu dans la presse africaine et anglaise, a disparu comme par enchantement. C’est l’un des rejetons de cette dame qui vient de nous quitter. Né en 1953, il ratera trois fois diplôme de comptable. Cela peut arriver. Ne sachant que faire de sa vie, il fera un peu tout et n’importe quoi, avant d’aller faire un beau mariage aux USA, avec une fille de millionnaire. Mais de tout cela, les Africains n’en ont cure. Sauf qu’après son mariage, il va s’installer en Afrique et c’est là que les choses se corsent. Ce bon à rien se retrouve impliqué dans une tentative de coup d’État contre le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, en 2004. Il fera même de la prison à ce sujet. Il plaidera coupable le 13/01/2005 et sera condamné à 380.000€ d’amende et à 4 ans de prison avec sursis. Le jour-même, il fout le camp et s’en va aux USA: sa maman, déjà pas très loin de la sénilité, peut cesser de pleurer, après qu’elle ait fait des pieds et des mains pour que son fils ne tâte pas de la prison ferme…
Chez nous, à la mort d’une personne, on observe un moment avant d’en dire tout le mal qu’on en pense. Pour Thatcher, je ne me permettrai point cela. Qu’elle s’en aille et que nous, nous n’oubliions jamais.
Obambe GAKOSSO, April 2013©
çà c’est du brulot en bonne et due forme Obambé. Entre nous, si tu ne t’étais comme mission de faire remonter quelques faits de la proche d’histoire à des jeunes qui passent par ton site, j’aurais été tentée de dire que c’est lui faire bien trop d’honneur que de la nommer encore.
Mais à chacun sa mission,je comprends la tienne, je la respecte et je salue le rappel des faits historiques en rapport avec la Zimbabwé et l’ANC.
Grace
je croix que ce n’est pas seulement de l’histoire sur l’anc et la zimbabwé ma cher il y’a plus que de l’histoire car on peut en user pour lever les voiles imaginaires dréssées devant bon nombre de visages d’africains victimes de la traitrise de leurs dirigents indignes je crois pour ces derniers visiter les verités du brave OBAMBÉ serait d’un apport pour le jugement des africains qui est plus qu’evident mais également le dernier jugement celle du on dieu