Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

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9 avril 2013

Denis Sassou Nguesso à l’Elysée: et alors?

Classé dans : Politique — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 1 h 25 min

Ce n’est pas peu de dire que le voyage de Denis Sassou Nguesso a fait couler énormément de salive et d’encre. En milieu congolais, évidemment. Parce que les autres, ils ‘en contrefoutent comme de l’an glin-glin. Je dois dire que moi aussi je fais partie de ce dernier lot. Et pour parler comme l’ancien président français, Jacques Chirac, « ça m’en touche une, sans bouger l’autre ! »

Denis Sassou Nguesso à l'Elysée: et alors? dans Politique dsn-300x199Pourquoi et comment un simple voyage d’État peut faire parler autant ? Que ce soit dans le camp des chantres de l’enfant d’Edou ou dans le camp de ce qui se disent ses opposants/adversaires etc. (je mélange un peu, mais il faut trier, comme toujours), la bataille a commencé bien avant que l’habitant du Vésinet (région parisienne) ne remettre les pieds en France, et surtout au palais de l’Elysée.

Je souris.

Je ris.

J’ai parfois envie de pleurer.

Il me revient sans cesse en mémoire les propos tenus par feu Abel Goumba (1926-2009) dans ses mémoires parus chez Ccinia Communication (Collection Sambela, Tome1, 2006). En effet, ce grand homme fit ses études de médecine au Sénégal dans la fameuse École William Ponty. Peu après, lui qui était en contacts réguliers avec Barthélémy Boganda (1910-1959) avait déjà en lui une fibre nationaliste. Nationaliste africain s’entend. En rentrant dans son pays natal, l’Oubangui-Chari, il sera consterné par le très peu de hauteur des débats entre les parlementaires de Bangui. En les comparant aux parlementaires qu’il avait laissés à Dakar, le résultat fut sans appel : c’était le jour et la nuit !

Toutes proportions gardées, c’est la même impression qui se dégage quand on entend d’une part les partisans de l’actuel régime de Mfoa et d’autre part, celles et ceux qui disent être opposants/adversaires etc. (toutes proportions gardées car encore une fois, un tri s’impose). Comment peut-on s’écharper sur la toile ou dans la rue au sujet de la visite d’un président auprès d’un autre président. À entendre certains, c’est un honneur que d’être reçu à l’Elysée. En face, ils parlent de honte de la part du numéro 1 du fait qu’il reçoive leur adversaire si honni (disent-ils…)

Pour certains, nous enfonçons des portes ouvertes en rappelant certaines évidences. Mais souffrons que nous le fassions tout de même, en espérant que cette fois, elles puissent un peu mieux passer que les fois précédentes.

La France, comme la RFA, comme je ne sais quel pays au monde, a le droit de recevoir qui elle veut. Et quand elle reçoit un officiel, elle le fait dans le cadre de ses intérêts et rien d’autre. Quand elle n’a rien à gagner, elle a un agenda qui est assez bien rempli comme cela pour ne pas perdre de temps. On suit tous les jours l’actualité et on sait tous et toutes que François Hollande est plus que mal barré en ce moment : on lui tire dessus de toutes parts, y compris de son propre camp, avec des « tirs amis » qui font même très mal, même si ce sont des balles à blanc. Qui peut décemment croire que c’est pour faire plaisir à Denis Sassou Nguesso ou aux Congolais que Hollande va le recevoir une heure ou plus ? Faut-il rappeler que de grosses entreprises françaises sont implantées au Congo, comme dans d’autres pays du continent : comment peut-on s’imaginer un seul instant que le président des Français puisse snober indéfiniment un président de cet espace ? Je veux bien que l’on soit naïfs, mais il y a des limites à ne pas franchir sinon ce n’est plus de la naïveté, mais bien autre chose que je me garderai bien de qualifier ici.

Ceci pour les opposants/adversaires (etc.)

Quant aux fanatiques endiablés et déchaînés de l’autre camp, je ne sais pas s’ils sont à plaindre, à bénir ou je ne sais quoi d’autre. Bien entendu, je suis de ceux qui pensent que tout le monde a le droit d’être défendu et que même si je ne suis pas pour ce régime, il mérite d’avoir ses thuriféraires. Mais je ne comprends toujours pas ce qui peut expliquer une telle frénésie quand ils apprennent que leur champion sera reçu à l’Elysée :

-          Quels apports dans leur vie de tous les jours ?

-          Quels bénéfices en tirent les Hommes vivant au Congo ?*qu’en gagne l’Afrique ?

Oui, je sais que parmi eux, il y en a qui sont allés l’acclamer et qui ont 35 ou 50€. D’accord. Cela peut permettre de payer une facture de téléphone et avec le dernier opérateur qui fait des dégâts en France, il y a entre une et deux factures qui peuvent être réglées. Mais bon : cela peut provoquer un tel enthousiasme, au point de s’écharper avec ses compatriotes via le Net ? Chaque homme a son prix, me disait un aîné camerounais, naguère…

Peut-on en même se plaindre qu’il n’y a pas d’eau courante au pays, qu’il n’y a pas d’électricité, que le système de santé est digne du  pays le plus pauvre de l’univers, que nos enfants et jeunes frères et sœurs sont assis à même le sol, que la vie est extrêmement chère, comment peut-on focaliser un débat sur une réception à l’Elysée ? Aux adversaires de cette visite, je dis simplement qu’ils tombent dans un piège trop facile et ils ne se grandissent pas du tout en perdant leur temps là-dedans.

Les dirigeants chinois ont signé de nouveaux accords avec les nôtres : en avons-nous pris connaissance et avons-nous commencé à y travailler ? Le Congo ne cesse de signer des accords ça et là, quel travail est fait afin d’en mesurer l’impact pour notre présent et notre devenir ? Il y a tant et tant de sujets à traiter que sincèrement, quand je me suis retrouvé entre deux feux, je les ai laissés s’écharper comme ils savent si bien le faire. Mais au Congo, il y a longtemps que l’on ne veut pas traiter des sujets cruciaux, se concentrant, gaspillant son énergie en se focalisant sur le président du moment : hier Lissouba, avant-hier Sassou Nguesso etc. Ainsi vogue notre galère…

 

Obambe GAKOSSO, April 2013©

2 réponses à “Denis Sassou Nguesso à l’Elysée: et alors?”

  1. Grace Bailhache dit :

    Excellent article. Pour le coup Obambé, tu n’enfonces pas de portes ouvertes, les faits sont là, mis en perspective avec une réflexion sur l’absurdité d’un fonctionnement de la cécité volontaire de certains congolais, en général les plus bruyants, les autres ont mieux à faire. En plus, tu me remets en mémoire Ccinia Communication que j’ai perdu de vue depuis longtemps, tu me présentes un personnage Abel Goumba que je ne connaissais pas par ses écrits.

    Je crois que cet article est de ceux qui peut stimuler la réflexion d’un jeune en quête de sens, d’une autre voix. C’est de la pédagogie stimulante.

    Merci pour cette nourriture de l’esprit

    Grace

    • mohamed samb dit :

      je suis bien heureux de decouvrir cet article parce qu’en plus de la hauteur de la reflexion,ça m’a permi de conforter une decouverte,c’est à dire que les maux de l’afrique sont à chercher ici en afrique et en nos dirigents de malheur(sasso et compagni ne saissent de signer ces copperations de la honte,de lindignité,d’absance totale de consciene;sall de chez nous à dakar s’est rendu dernierement chez l’autre et deux semaines avant et deux aprés on ne parlait que de ça je veut dire ils ne parlaient que de ce pelerinage vers le satané snobeur)d’aprés tout ça me conforte sur ma position qui est que la révolution doit etre panafricaine…

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