Réfugiés ivoiriens (2): les Africains à côté de la plaque!
L’Afrique mange ses enfants. Tel est le mot le plus fort que je retiens du commentaire du billet d’hier, consacré aux Ivoiriens en exil dans quelques pays africains. Hélas ! 77 fois 7 fois hélas ! notre ami, le blogueur Saint-Ralph a bel et bien raison de réitérer cette phrase.
Comment ne pas lui donner raison quand on voit comment certains de nos dirigeants traitent ces gens qui ont fui la persécution dans leur pays natal ou d’origine.
Les textes de l’UA sont signés et paraphés par tous nos gouvernants, mais quand il faut passer à l’application, on est aux abonnés absents. Voir les images de ces femmes, de ces hommes et de ces enfants qui souffrent devant l’indifférence bouffie de nos dirigeants, c’est tout simplement insupportable. Mais qu’attendre de ces gens qui la plupart du temps n’ont pis que pendre de ces Africains auxquels ils ne pensent que lorsqu’ils ont besoin d’eux.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le HCR (Haut commissariat aux réfugiés) estime qu’au moment de la crise postélectorale ivoirienne, 500.000 Ivoiriens avaient quitté le pays. Je ne sais pas si on se rend compte des chiffres avancés : 1 demi-million ! 5.600 en Guinée, 10.000 au Ghana, 62.000 au Liberia.
Le 15/11/2011, Alassane Ouattara demandait aux réfugiés ivoiriens de rentrer chez eux, alors que le pays était encore en plein conflit (et il l’est toujours) et qu’il savait très bien que les dozos ne cessaient de faire la chasse aux Ivoiriens qui avaient eu l’outrecuidance de défendre leur pays. Le pire était sans doute cet accord tripartite entre la Côte d’Ivoire, le HCR et le Togo, mettant un clou de plus sur le cercueil de ces âmes errantes… Comme si ces derniers n’existaient pas : ils étaient condamnés à rentrer chez eux !
Ces hommes et ces femmes manquent de tout. Récemment, une collecte a été organisée pour aider ceux du Togo, tant l’heure était grave. Quelque chose avait été trouvé mais cela, c’est vraiment du court-termisme… Nos frères et sœurs ont plus que jamais besoin qu’on braque les projecteurs sur eux, qu’on examine comme il se doit leur situation au lieu de les laisser vivre ce qui n’est même pas une moitié de vie. Nous avons l’Union africaine. La CEDEAO. La CEMAC. L’UEMOA. La CEEAC. La SADC. La Cen-Sad etc. Que disent donc toutes ces organisations qui se réunissent tous les jours ? Si nous ne sommes pas capables d’envoyer des soldats dignes de ce nom et en nombre suffisant (sauf le Tchad) pour aller libérer le Mali sous l’emprise des bandits de grand chemin, sommes-nous à ce point incapables de prodiguer des soins, de donner à boire et à manger à ces gens qui ont fui la mort, dans un pays devenu sans foi ni loi ?
Une société s’observe, se voir, se jauge aussi à sa manière de traiter les laissés-pour-compte. La manière dont la veuve et l’orphelin sont traités en dit long sur ce qui reste encore en nous d’humain, d’Africain. Je crains qu’à la manière dont cette affaire est gérée, que nous soyons à côté de la plaque. Mais vraiment à côté !
Obambe GAKOSSO, April 2013©