Droit français, à géométrie variable, merci Jean-François Revel
Où que vous soyez en train de lire ce blog, vous savez sans doute entendu parler de la CPI (Cour pénale internationale), cette instance créée par les impérialistes afin d’accentuer leur emprise sur les pays faibles ; cette structure juridique où ne peuvent siéger que les sans-voix. si certains de nos pays se sont empressés de ratifier la convention qui y liée, c’est encore une preuve de cet aplatventisme qui les caractérise depuis des décennies, au lieu de nous organiser pour régler nos affaires sur le continent.
L’actualité nous donne une excellente occasion non seulement de pouvoir apprécier la qualité de la justice des vainqueurs (encore une fois), mais c’est aussi une belle occasion de voir à quel point, tout ce qui est enseigné dans les facultés juridiques à travers le monde n’est pas à prendre au pied de la lettre. Ce n’est pas trop que de dire que le droit est une discipline à géométrie variable avec pour des faits similaires (crimes de sang par exemple), vous pouvez ne pas être jugé.
J’ai lu récemment un essai signé de l’universitaire français Jean-François Revel*, dont j’ai voulu vous partager un extrait. Revel, né Jean-François Ricard, prit le nom de Revel pendant la seconde Guerre dite mondiale (1939-1945), alors qu’il défendait les couleurs de son pays dans la résistance. Agrégé de philosophie, il donnera des cours puis sera écrivain et journaliste et ne laissera sa plume qu’à sa mort en 2006, à l’âge de 82 ans.
Auteur de plusieurs essais, j’ai eu le plaisir de lire ses chroniques il y a fort longtemps, dans l’hebdomadaire Jeune Afrique. Lui qui fut à gauche dans ses jeunes années, virera de bord pour embrasser la cause du libéralisme et, ses écrits, avec le temps ne varieront pas sur cette question. L’objet du livre n’est pas le droit ni les procès de quelque sorte que ce soit. Non. Dans cet essai, il fait un procès sans concession du communisme, du socialisme et s’en prend aussi aux Occidentaux qui n’ont eu de cesse, par exemple, de défendre et les communistes et le communisme, malgré les évidences des massacres de toutes natures et, c’est cette partie qui m’a le plus intéressé, par rapport à cette justice de France, qui dit traiter tous les hommes de façon égale, sans compter les faits.
Revel met en lumière les crimes des nazis et des communistes, sur le même plan et ne cesse de s’interroger, le long de son essai, sur la différence de traitements entre les deux. En lisant cela, ceux qui ont encore des illusions, j’espère qu’ils les perdront et entreront enfin dans le monde réel qui nous apprend tous les jours que la justice n’est jamais juste, mais qu’elle sert toujours une cause.
C’est ce à quoi souscrit officiellement la justice française dans l’affaire Boudarel. Georges Boudarel, militant communiste durant la guerre d’Indochine, avait exercé, dans un camp du Vietminh, de 1952 à 1954, les fonctions de « rééducateur » de ses propres compatriotes, des prisonniers français. Les accords de Genève ayant entraîné des compressions de personnel dans cette profession, Boudarel se trouva en chômage et se reconvertit dans l’enseignement, pour finir comme professeur d’histoire à l’université de Paris VIII, où, eurent le front de dire certains de ses collègues pour le défendre, il était « très estimé en tant que spécialiste… des questions vietnamiennes ». Reconnu un jour, au cours d’un colloque public, par d’anciens prisonniers survivants du camp 113 où il avait exercé ses talents (70% des morts), Boudarel est l’objet d’une plainte de la part desdits prisonniers, plainte déposée le 3 avril 1991 pour crimes contre l’humanité. La gauche se mobilise aussitôt ; articles et pétitions fusent de toutes parts en faveur de Boudarel. La justice française – indépendante du pouvoir d’État mais pas du pouvoir idéologique – ne reste pas sourde à cette campagne, dictée par un sens aussi élevé des droits de l’homme. Le 1er avril 1993, la Cour de cassation rejette le pourvoi formé par les anciens prisonniers du camp 113. Elle déclare que la chambre d’accusation a commis une erreur en estimant que les faits reprochés à Georges Boudarel constituent des crimes contre l’humanité (donc non prescrits et non concernés par la loi d’amnistie de 1966), car, dit la cour, « les crimes contre l’humanité sont des crimes commis durant la Deuxième Guerre mondiale par les pays européens de l’Axe ». Or, c’est là non pas seulement une falsification de l’histoire, mais un appel au meurtre. Si ne sont pas punissables les crimes contre l’humanité commis après la Deuxième Guerre mondiale et par d’autres États criminels que les puissances de l’Axe, pourquoi se gêner ? C’est l’impunité assurée d’avance pour l’éternité pour tour tous les autres assassins. Mais alors, pourquoi poursuit-on Pinochet ou Milosevic ?
Obambé GAKOSSO, March 2013 ©
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* : La grande parade, Essai sur la survie de l’utopie socialiste, Plon, 2000
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Belle trouvaille que cet « aplatventisme » Obambé. Pour le reste, j’aime la chute en forme d’interrogation : Mais alors, pourquoi poursuit-on Pinochet ou Milosevic ?
J’ai envie de dire voyons à qui profite le crime pour commencer…Est-ce une piste censée ?
Grace,
De grâce, je n’ai aucun mérite avec ce néologisme, aplatventrisme. La première fois que je l’ai lu, c’est sous la plume de l’écrivain Florent Couao-Zotti. C’est à lui que doivent aller tes fleurs.
Tu poses une très bonne question à laquelle l’auteur ne cesse de répondre, le long des pages de cet excellent bouquin que je recommande vivement. Non pas pour que les socialistes et communistes virent leur cutti pour devenir des libéraux, mais cela ouvre sans conteste de nouvelles grilles de lecture.
@+, O.G.
Tiens j’avais oublié en parlant de géométrie variable, je te suggère une lecture si tu as le temps La géométrie des variables de Mamadou Mahmoud N’Dongo.
Grace,
J’ai eu le plaisir de serrer la main de cet écrivain au Salon du livre de Paris et c’est grâce au très dynamique chroniqueur Gangoueus que cela s’était passé. Et ce dernier, justement, m’avait conseillé ce même ouvrage que je m’étais empressé de me procurer et de lire, bien entendu. J’ai apprécié.
@+, O.G.
Bravo pour cette trouvaille ! Les essais sont généralement très instructifs parce qu’ils sont le fruit de la réflexion sur des faits de société. Merci de nous signaler celui-ci.
Merci, mon cher St-Ralph!
Ce livre est passionnant et renforce encore ce sentiment: les essais, y a rien de tel…
@+, O.G.