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6 mars 2013

Le blog est en deuil: le passeur Hugo Chávez a marqué durablement le temps

Classé dans : Décès — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 2 h 18 min

Drôle de soirée que celle d’hier. Vraiment. Je suis à une veillée mortuaire, la énième en deux mois (il y en a tellement que je ne compte plus !) et la TV est allumée en même temps que nous écoutons de la musique traditionnelle. Il faut dire que celui qui vient de nous quitter était adepte de ce genre de musique. Cela fait un peu de bien, au milieu de quelques sourires et rires, malgré la mort, la grande faucheuse qui vient encore de frapper.

Le blog est en deuil: le passeur Hugo Chávez a marqué durablement le temps dans Décès jeunesse-150x150Je me dis que celui qui vient de mourir a quand même bien vécu et j’espère vraiment qu’il est parti sans douleur ou avec le moins de douleurs possibles.

Au niveau de la TV, ça zappe : TV Congo où le monarque et sa famille squattent les écrans : ne nous plaignons pas, c’est leur TV et, de toutes les façons, il n’y a pas de sons puisqu’on écoute la musique traditionnelle.

Il y en a qui veut suivre le foot. Connaissant les usages de la maison, je lui dis qu’il laisse tomber car il n’y a pas d’amateurs de foot dans le coin, donc pas de BeIn Sports.

Au fur et à mesure que ça zappe, on tombe sur iTélé et les images défilent. Je vois de temps en temps le nom du président Hugo Chàvez et son nom qui défile ainsi que celui du vice-président, Nicola Maduro. Je ne fais pas très attention et écoute plutôt quelques aînés qui papotent. Et, à un moment donné (autour de 23 heures), je lis que Maduro annonce la mort de son patron.

Hélas ! j’avais commencé à me faire à cette idée depuis un moment : comment allait-il tenir le coup avec toutes les nouvelles alarmistes que l’on nous annonçait, soit depuis la belle île de Cuba, soit depuis Caracas.

chavez3 dans DécèsÀ ma grande surprise, tous les hommes présents dans le salon, hier soir, se sont emparés de la nouvelle et se sont mis à la commenter savamment. Encore une preuve que cet homme ne laissait personne indifférent. D’ailleurs, comment un tel homme pouvait laisser indifférent ? C’est une particularité justement des hommes de sa trempe : ne pas passer inaperçu. Que ce soit dans ses propos comme dans ses actes. Impossible de ne pas avoir d’avis sur le bonhomme.

Chávez a fait irruption dans l’arène politique de son pays le 04 février 1992, quand, à la tête du MBR-200*, il tente un putsch contre le pouvoir du président Carlos Andrés Perez. C’est un échec et Chàvez fera deux ans de prison. Depuis la prison, persuadé de la justesse de son combat, il appelle à l’insurrection en enregistrant une cassette vidéo qui sera diffusée et qui galvanisera ses compagnons qui dans la nuit du 26 au 27 novembre de la même année font une nouvelle tentative de putsch. Même si le MBR-200 prend le contrôle du pays pendant quelques temps, ce sera encore un échec. Le président Rafael Caldera, qui avait quitté le pouvoir en 1974, remplacé par Perez, est réélu en 1994 et il libère Chàvez de prison.

Après ses échecs, il avait promis au peuple qu’il reviendrait. Mais cette fois, par la voie des urnes. Et à sa sortie de prison, il fonde un parti politique, Movimiento V [Quinta] República, le MVR. Il remporte la présidentielle de 1998. Et c’est là qu’il innove, que ce soit par rapport à ses pairs africains comme ceux d’autres contrées, d’ailleurs. Il modifie la Constitution de son pays et accroît les droits des groupes les plus défavorisés. Il est aisément réélu en 2000.

chavez2-150x150Homme du peuple, fidèle à ce peuple envers lequel il est reconnaissant, lors de son deuxième mandat présidentiel, il crée des « missions bolivariennes, des conseils communaux, des coopératives et lance une grande réforme agraire et nationalise des industries**. Le peuple. El pueblo ! Hugo Rafael Chàvez Frias avait sans cesse ce mot dans la tête, dans sa bouche et il ne mentait pas au peuple. Il était là pour lui. Agissait pour lui.

Et quand on dit « peuple », pour lui, ce n’était pas seulement les 28 millions d’habitants de son pays, mais vraiment pour TOUS les Latino-Américains. On ne le dit pas assez en Afrique, mais Chàvez est un disciple fidèle de Simón José Antonio de la Santísima Trinidad Bolívar plus couramment appelé Simón Bolivar. Ce dernier, né au Venezuela (en 1873) et mort en Colombie (en 1830), a donné sa vie pour la libération de l’Amérique latine et rêvait d’unifier cette partie du monde afin de former un seul pays. Il était général et homme politique. Les similitudes entre lui et son lointain successeur (Chàvez était militaire, rappelons-le).

 

chavezCet homme aura eu le courage à l’Occident officiel ce qu’il pensait et ce qu’il fallait leur dire. Régulièrement, il leur aura rendu coup pour coup, choses que ses pairs d’Afrique, en général, ne savent pas faire, faute d’un courage politique et physique qui ne s’achète dans aucun marché africain ni latino-américain. La différence de base entre lui et ses pairs françafricains, par exemple ? Il tenait sa légitimité du peuple, qui lui faisait confiance en mettant dans les urnes le bulletin de vote portant son nom. Ses pairs du pré carré français eux, la plupart du temps, tiennent la leur de Paris à qui ils doivent tout ou presque. D’ailleurs, il est des différences notables qui ne trompent personne car comme dirait Valdimir Ilitch Oulianov, alias Lénine, Les faits sont têtus :

  • Combien de maisons, d’appartements, Chàvez a-t-il laissés en Espagne, l’ancienne puissance coloniale du Venezuela ? Ses pairs de l’axe Paris-Afrique, on ne peut plus compter leurs demeures situées en Europe ;
  • Combien d’argent a-t-il laissé dans des comptes bancaires en Espagne ? Je n’en ai jamais entendu parler et, entre nous, la manière avec laquelle la presse occidentale n’a cessé de le traité de tous les noms (même après sa mort, ça continuera, j’en suis sûr !), elle aurait déjà levé des lièvres il y a longtemps, s’il y avait quelque chose… Ses pairs du village franco-africain, on ne peut plus compter leurs milliards. En francs CFA comme en € ;
  • Lors du sommet Amérique latine-Espagne en octobre 2007, Chàvez n’hésita pas à dire tout le mal qu’il pensait de José Maria Aznar, à son successeur José Luis Rodriguez Zapatero et devant le roi Juan Carlos aussi. Lors des sommets France-Afrique, les chefs d’État de chez nous sont tous les doigts sur la couture du pantalon, attendant que Bwana parle et montre la voie à suivre. Même lors du fameux Discours de la Baule, quand François Mitterrand leur demande de mettre quelques gouttes de démocratie dans leurs biberons, aucun n’osa lui dire qu’il n’était pas d’accord, les yeux dans les yeux. Ils attendirent tous de rentrer chez eux et de se mettre à râler. Mais vraiment en sourdine.

Dans la semaine, je reviendrai sur le parcours exceptionnel de cet homme. De ce grand homme comme il n’en existe que très peu. De cet immense homme comme il n’est pas permis de voir passer au cours d’un siècle. Des hommes d’envergure, nous en avons souvent besoin. Espérons vraiment que cet homme ait semé toutes les graines nécessaires à l’édification du Vénézuélien nouveau, du Latino-Américain.

Repose en paix, très cher.

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On a beau dire que nous ne sommes rien sur terre, mais toi, tu étais bien plus que rien car tu as marqué ton temps. Et ce, pour longtemps.

 

Obambé GAKOSSO, March 2013©

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*: Movimiento Bolivariano Revolucionario 200

**: Ce vaste programme de nationalisations ne prendra jamais fin, jusqu’à son décès et personne ne sera épargné !

2 réponses à “Le blog est en deuil: le passeur Hugo Chávez a marqué durablement le temps”

  1. Galebahi dit :

    Je n’ai pu m’empêcher de couler une larme à l’annonce de la mort du Camarade Chavez. C’est une grande perte pour tous ceux qui se battent jour et nuit pour un monde meilleur, pour un monde vraiment meilleur. Chavez était un grand, un très grand… Il avait compris que l’avenir de nos pays se trouvait dans la coopération sud-sud. L’exemple du Venezuela avec Cuba est exemplaire. En manque de médecins, Chavez a demandé de l’aide à Cuba qui lui a fourni des médecins (payés par l’Etat cubain). En retour Le Venezuela fournissait au pays de Castro du pétrole à un prix plus qu’amical… Cet Homme a été grand. Repose en paix Hugo, repose en paix!

    • Ah!

      Mon cher Galebahi… Te relire ici, même si les circonstances sont douloureuses, cela fait chaud au cœur.
      Oui, les progressistes viennent de perdre un grand, un très grand, un immense « quelqu’un » comme diraient certains de nos compatriotes sur le continent. Ce qu’il a fait en moins de 15 ans de pouvoir, c’est du jamais vu. Du jamais vu!
      Un tel bilan mériterait d’être disséqué, salué et enseigné partout où se trouvent les opprimés.

      @+, O.G.

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