Le Congo danse sur les morts du 04 mars 2012
Mikolo nyonso féti na féti, héééé !
C’était une des devises préférées, sinon la préférée du PCT (Parti congolais du travail), dans les années 80, quand ce parti qui n’a jamais connu que la force et la brutalité comme modes de gouvernement, régnait en maître incontesté sur le Congo. Si à l’époque, on peut estimer que le monde avait une trouille terrible pour ne pas s’insurger contre cette phrase et les pratiques qui avaient cours, il est tout simplement scandaleux de voir l’élite universitaire congolaise aujourd’hui s’asseoir sur le comportement inadmissible de nos gouvernants.
Que respecte-t-on encore dans ce pays ? Pas grand-chose pour ne pas dire rien. Le PCT et ses « alliés » nous donnent tous les jours le spectacle d’un parti qui est totalement déconnecté des réalités quotidiennes des Congolais. De toutes les réalités. On fête. On festoie. On picole. On claque le pognon du soir au matin. Ou plutôt, on le jette par les fenêtres, par les toilettes, tous les jours. Même les morts qui, il y a encore peu, étaient encore sacrés, sont considérés comme de la roupie de sansonnet.
C’est donc par un concert présenté comme « méga » par nos autorités, que l’on pense aux morts (1000 ? 1500 ? 2000 ?) du 04 mars 2012 dernier. Je ne sais plus quels mots utiliser pour parler d’une telle indécence, d’une telle impudeur, d’un tel cynisme, d’une telle impudence, d’un tel aplomb…
Pour rappel…
- On a encore des mutilés qui sont très mal soignés ;
- On a encore des déplacés qui dorment dans des camps de fortune ;
- On a encore des familles qui n’ont pas été indemnisées (les fameux 3 millions…)
- Les travaux de reconstruction, à peine entamés (il était temps ! un an après…)
Bref ! pendant qu’on pleure encore nos morts et tout le reste, on nous dit qu’il faut aller au stade pour se trémousser, remuer les popotins, avec les tenues les plus lascives qui soient. Même si le stade n’est pas plaine (cela prouve au moins que tout le peuple n’a pas atteint le même niveau de connerie), il s’en est quand même trouvé des Congolais pour y aller.
Difficile de comprendre de tels gens. Bien entendu, les quelques centaines (milliers ?) de Mfoyiens qui sont allés hier soir au stade danser sur nos morts du 04 mars 2012 ne sont pas représentatifs de tous les Congolais ni de tous les Africains. Tout de même… L’heure est grave. Très grave même.
Comment peut-on fouler ainsi la mémoire de nos parents ? Peu importent les résultats de l’enquête consécutive à ces « explosions », nous savons tous que la responsabilité du gouvernement est clairement établie, à partir du moment où il a lui-même reconnu que de l’argent avait déjà été déloqué pour déménager ce camp, afin qu’il ne soit plus en pleine ville, pressentant depuis longtemps tous les dangers qu’un tel système comportait.
Un frère m’a appelé hier soir pour me dire qu’il avait sa belle-mère encore à l’hôpital, une jambe amputée. Elle ne sait pas ce qu’elle va devenir avec ce pays malade mais qui refus de reconnaître sa maladie. Je vous passe les mots terribles qu’il m’a dits au téléphone. J’étais triste quand il me parlait alors que lui était extrêmement révolté, se posant les mêmes questions que moi. Qu’ont donc subi les Congolais pour quoi soit lobotomisés à ce point ?
Je me souviens que le 11 novembre 1985, quand le gouvernement avait décidé de conditionner l’obtention de la bourse pour les études supérieures, à partir de la première année, à un concours, la capitale avait tremblé. Les enfants du primaire au collège avaient quitté leurs écoles avant la fin des cours car les lycéens les avaient incités à le faire (en partie) et leur avaient surtout fait comprendre qu’eux, avaient quitté leurs lycées, pour aller s’en prendre aux autorités (peu importe lesquelles) pour défendre leurs droits et aussi préparer l’avenir de leurs cadets (collégiens et enfants du primaire). Il y avait eu un peu de casse et le gouvernement, apeuré, avait cédé et était sagement revenu sur cette décision totalement stupide et dénué de tout fondement.
Les occasions ne manquent pas pour que les gens crient publiquement leur ras-le-bol. Tous les jours, il y a de quoi hurler son mal-être à la face de nos gouvernants qui n’ont pis que pendre de la boue dans laquelle ils enfoncent le peuple, seconde après seconde. Je me souviens d’une conférence du professeur Théophile Obenga à Paris, en 2008, au cours de laquelle il posa cette question qui en vaille la peine : Que faut-il encore aux Nègres pour qu’ils comprennent ? En effet, comment aller à un concert organisé par les mêmes qui vous oppriment chaque jour ? Les mêmes qui vous enserrent dans un corset étranglant ?
Tenez, on apprend que les Chinois ont encore prêté de l’argent à l’État congolais pour construire des « logements » justement en rapport avec ce 04 mars 2012… Ce pays marche vraiment sur les épaules, la tête étant déjà enfoncée dans le sol…
Lorsque cette catastrophe eut lieu, les Congolais apprirent (pour ceux qui l’ignoraient encore) que :
- Notre pays n’avait pas d’ambulances. Du tout.
- Notre pays ne savait pas ce qu’est un stock de sécurité de médicaments en cas de catastrophes.
- Notre pays manque cruellement de personnels médicaux.
- Notre pays manque terriblement de centres de soins.
Faut-il continuer la liste ? Non ! C’est assez douloureux comme cela. Ces problèmes ont-ils résolu ou ont-ils au moins commencé à trouver un début de résolution ? Non ! On continue à jeter notre argent par tous les trous possibles. Ainsi soit-il…

Obambé GAKOSSO, March 2013©
Eh oui comme je viens de le lire quelque part, là le gouvernement est vraiment tombé plus bas. Il a atteint son niveau grabataire en organisant ce « méga » concert à la con. Je me demande si c’est gens on la pierraille à la place du cerveau.
Il aurait fallu suivre la rumeur car parfois la rue détient une parcelle de sagesse qui manque aux gouvernants, c’est-à-dire :
- décréter la journée du 04 mars fériée pour permettre aux familles des victimes de penser à leurs morts et autres victimes de ce drame.
- Organiser de un culte national à cet effet histoire d’avoir une pensée pour ces victimes.
L’on ne peut pas parler de corde dans la maison d’un pendu dit le diction, en organisant ce concert, comme a su le dire l’auteur le gouvernement danse sur la mémoire des victimes en balayant d’un revers de la main le souvenir douleur qui perdure dans la mémoire des congolais. C’est une démarche irresponsable et irréfléchie, elle est d’une légèreté blâmable et montre le niveau d’insouciance des gouvernants congolais.
L’argent ayant servi à payer les cachets faramineux de ses artistes venus tous de l’Etranger et les frais logistiques y relatifs auraient servi à faire des dons aux populations sinistrées qui jusqu’à ce jour ne savent pas sur quel pied danser, leur vécu quotidien relevant du calvaire.
Pour mieux pleurer les morts les gouvernants sous le camouflet de la fille du président avec son « Brazza j’y crois » importe des artistes venus de l’étranger comme si les locaux étaient incapables de pleurer ces morts, eux qui ont vécu personnellement ce drame.
Je ne sais pas qu’est ce qu’il faut croire dans ce Brazza sinon les pires conneries que le gouvernement fait chaque jour avec à sa tête celui que vous connaissez et qui tient coute que coute à rester au « pou-pou » pour mieux « boukouter ».
Les morts au Congo ont perdu leur caractère sacré, les gens se réjouissent du malheur des uns qui devient même une source inéluctable d’enrichissement. Qui viendra délivrer le Congo de tyrannie ? Dios solo lo sabe.
J’essaie autant que faire se peut de balayer d’abord devant ma porte avant d’aller voir si celle du voisin est propre. Tout ceci pour dire, que tant que nous considérons vue de l’extérieur que le peuple subit alors qu’il ne voudrait ne plus, nous continuerons à sombrer. J’étais à Brazzaville et à Pointe-Noire cette fin d’été, comme souvent pour une mauvaise nouvelle, et je suis au regret de dire, que malheureusement j’ai été incapable de faire le ménage auprès de mes proches, famille élargie, amies, etc…. 90% de ceux qui pleuraient misère devant moi, partaient en courant, lorsque je leur mettais en main des solutions pratiques à portée de main, le Forum des Jeunes Entrepreneurs, la CAPPED capped qui aident, accompagnent depuis plus de 10 ans loin du gouvernement des mamans du marché, des cultivateurs, bref des tas de personnes qui veulent vraiment sortir de leur condition, et çà marche. Les gens peuvent empruntés et ils sont tenus de rembourser, mais il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir etc….
Je ne garde bien de généraliser, c’est pour çà que je reste sur mon pré-carré en limitant mon aperçu à ce que j’ai vu de mes yeux et expérimenté. Tu n’imagines pas le fric monstre que j’ai pu envoyé, untel est malade, untel est mort, untel veut faire ceci….Mais depuis que j’ai remis moi même les pieds là bas en 2003 après une longue absence. Je peux te dire que la machine à billets s’est vite arrêtée, et j’ai compris que « nous » de l’extérieur étions également « complices » de ce qui se passe aujourd’hui. Parce que comment dire non ? Eh bien, oui, aujourd’hui je suis la pestiférée de la grande famille, mais je me tape le coquillard, parce que ceux qui veulent vraiment faire quelque chose ont toujours pu et pourront toujours compter sur moi. Les autres étaient surement au stade à boire des bières sur les tombes des morts du 4 mars dernier.
Grace
Grace!
Grace!
Grace!
Enfin, comment peux-tu te surestimer à ce point, hein? Tu crois vraiment que seule, tu peux faire la Révolution (ménage) dans ta famille? Non, il faut être plus d’un et cela prend du temps car il faut de la pédagogie et de la patience. Crois moi. Nos parents et amis ont été formatés dans des moules qui continuent à en formater d’autres, tous les jours que Dame Nature fait.
Tu n’imagines pas le fric monstre que j’ai pu envoyé, untel est malade, untel est mort, untel veut faire ceci…. Les Africains de la diaspora en sont tous là, logés à la même enseigne. Ce qu’ils ont envoyé depuis des décennies aurait déjà pu permettre de bâtir bien plus d’écoles et d’hôpitaux que nous en avons à ce jour.
Eh bien, oui, aujourd’hui je suis la pestiférée de la grande famille, mais je me tape le coquillard, parce que ceux qui veulent vraiment faire quelque chose ont toujours pu et pourront toujours compter sur moi. On ne saurait mieux le dire!!!
@+, O.G.