Congolaiseries (5): Révision de la Constitution, élections et Ayayos-Ikounga

En matière de présentation de vœux à la presse, on apprend que le PCT (Parti congolais du travail), au pouvoir depuis le putsch d’octobre 1997 a lui aussi présenté les siens. C’est marrant mais c’est comme cela.

Et, comme il fallait s’y attendre, Pierre Ngolo, patron de ce parti quadragénaire a dit que la Révision de la Constitution n’est pas proscrite. En français du Congo, cela veut dire que les verrous empêchant l’actuel président du Congo (l’âge et le nombre de mandats successifs) vont sauter et en 2016 et ce dernier pourra pour la énième fois être appelé « président » de 2016 à 2023. Je me souviens encore d’un échange avec un frère, il y a bientôt deux ans qui me disait, Sassou ne pourra pas modifier la Constitution. Il sait que Sarkozy ne l’acceptera jamais. Voilà les Congolais. Sans commentaires…

En juillet 2012 dernier, se tinrent au Congo des « élections législatives » dont les résultats étaient connus d’avance. Ce qui manquait c’était le nombre de députés que le PCT et ses alliés allaient avoir. Les dés étant pipés depuis belle lurette (le vrai score du PCT date de 1992, on le connaît), il ne fallait guère se faire d’illusions et les Congolais l’avaient compris : à peine 10 ou 15% des inscrits allèrent voter. Comme d’habitude, le pays fit venir des « observateurs internationaux » (sic !) J’ai eu l’occasion de discuter avec un jeune frère qui avait travaillé avec ces fameux observateurs. Son récit est d’une horreur sans fin. Je résumerai par ces propos tenus par ces gens qui sont allés au Congo pour s’engraisser bien comme il faut, alors que les hôpitaux congolais sont de vrais mouroirs depuis des années. Ils dirent à leurs hôtes : Mais pourquoi vous nous faites venir ici ? Cela ne sert à rien ! C’est de l’argent que vous gaspillez chaque fois. Vous n’avez rien à faire avec votre argent ? En janvier dernier, nous apprenions qu’un rapport de 11 pages émanant « du directoire conjoint des missions internationales d’observation électorale » a été commis, suite au déploiement de ses 78 observateurs sur le territoire congolais. On se fout de nous, mais on aime ça !

Vous connaissez l’AC Léopards de Loubomo, club de football de la capitale de l’or vert ? Ce club ne cesse de gagner des titres et nous disons bravo à lui. Il est présidé par un certain Rémy Ayayos Ikounga. Il y a vraiment une chose que je ne comprends pas : comment un colonel de l’armée nationale peut présider aux destinées d’un club de football ? Au sortir de la CNS de 1991, on avait demandé aux soldats de rejoindre les casernes, je pensais. Mais là… On est dans un pays où les colonels, les généraux et les commandants ont des activités privées au vu et au su de tout le monde, sans que cela ne choque personne. C’est normal, au Congo. Aucun parlementaire ne semble s’intéresser à ces anomalies. Dans le numéro en ligne du 15/01/2013 de l’hebdomadaire La semaine africaine, on apprend que ce même Ayayos Ikounga s’est engagé à soutenir des actions de la Basilique Sainte-Anne du Congo. Je tombe des nues. Dans un pays laïc, un soldat qui s’engage à mettre des billes dans une affaire religieuse… On marche vraiment sur les épaules, la tête étant déjà enfoncée dans le sol…

 

Obambé GAKOSSO, February 2013©