Rafael Correa, al servicio del pueblo*
Se tromper n’est en rien rédhibitoire. Ce n’est pas parce que l’on s’est trompé de chemin. L’aventure humaine est pleine d’erreurs, de fautes. Si cela peut paraître banal de le dire, il est essentiel de le rappeler et de l’avoir toujours en tête.
Au niveau politique, les choix erronés peuvent être dangereux pour la population. Rafael Correa Delgado, président de l’Équateur depuis le 15/01/2007 dernier en sait quelque chose. Cet économiste (diplômé de l’Université catholique de Santiago de Guayaquil (Équateur), Université catholique de Louvain et de l’Université de l’Illinois (USA) a été ministre de l’Économie et des Finances du 20/04/2005 au 08/08/2005. Il avait démissionné suite à des divergences d’orientation politique avec son patron, le président équatorien Alfredo Palacio González et aussi du fait que la Banque mondiale et le FMI ne supportaient plus ses choix économiques, totalement à l’opposé des dogmes ultralibérales. On ne peut que sourire et même ricaner si on peut, quand on sait qu’avant, les IFI (Institutions financières internationales) faisaient de cet homme un de leurs chouchous… Avec eux, c’est toujours ainsi. Vous êtes dictateur le jour où leurs intérêts sont menacés. Mais tant que vous appliquez bêtement leurs doctrines, ils vous accolent le titre stupide et abêtissant de « meilleur élève ».
Au Congo comme dans bien de pays, nous savons combien certains seraient prêts à sa damner pour devenir ministres. Même un mois seulement. Nous en connaissons qui passent leurs carrières politiques (10 ans ou 50 ans, peu importe !) à avaler des couleuvres, à fouler aux pieds leurs convictions les plus profondes, tout cela pour un poste de conseiller du prince, de secrétaire d’État, de ministre ou même de Directeur général d’une administration publique. Correa lui, encore une fois, a prouvé que l’on pouvait faire de la politique autrement, en ne faisant pas de compromissions. Du moment qu’il a en tête le bien-être de son peuple, il ne pouvait craindre de démissionner, de renoncer aux ors de la République et de se lancer lui-même dans le combat politique, mais sous une autre forme : la conquête du pouvoir. Pas le pouvoir pour le pouvoir, mais le pouvoir pour servir le peuple, appliquer ses idées. C’est ce qu’il fera en 2006 à la tête d’une coalition de partis, en 2006, l’Alianza País (présidentielle de 2006), et se définit comme « chrétien et humaniste de gauche ». Il prône le souverainiste et l’intégration régionale, comme Hugo Chávez et Evo Morales. Il veut un État fort et la dollarisation de l’économie, il n’en veut pas. Le Traité de Libre-échange (TLC) avec les USA ? Il n’en veut pas non plus. La renégociation de la dette extérieure est dans son programme. Fidèle à ses convictions, lui qui estime que le Parlement n’a plus aucun crédit, refuse de présenter des candidats pour les législatives de 2006 et promet de proposer une nouvelle Constitution s’il accédait à la magistrature suprême.
Deuxième au premier tour (22,84% des suffrages), il vit un véritable plébiscite ensuite avec 56,8% des voix ! Mais il n’avait pas gagné seul car les mouvements les plus importants de la gauche de son pays l’ont aidé, ainsi que les associations dites d’indigènes. Sans parler de Chávez qui, fidèle à Simon Bolivar se bat depuis des années pour une Amérique latine libre. Sa réélection hier est encore une fois la confirmation que lorsqu’on travaille pour le peuple, il peut le reconnaître. Correa est honni par les IFI ? Et alors ? Avanzamos ! (On avance !) Il a appliqué son programme comme il avait promis et 7 mois après son élection, Correa réalisa l’audit de la dette équatorienne et en novembre 2008, il décide de suspendre le remboursement de titres de cette dette venant à échéance les uns en 2012, les autres en 2030. Ce petit pays (283.560 Km2 et un peu plus de 15 millions d’habitants) a réussi à racheter pour 900 millions de $ des titres valant 3,2 milliards de $. Soit une économie de 7 milliards de $ pour son Trésor public. Les dépenses sociales dans la santé, l’éducation, l’aide sociale et le développement d’infrastructures de communication.
Cet homme, décidément impressionnant, fera par le biais de sa nouvelle Constitution (suffrage universel, septembre 2008) une innovation impressionnante. En effet, selon l’article 290, tout endettement futur sera désormais soumis à des règles strictes :
1 – On ne recourra à l’endettement public que si les rentrées fiscales et les ressources provenant de la coopération internationale sont insuffisantes ;
2 – On veillera à ce que l’endettement public n’affecte pas la souveraineté nationale, les droits humains, le bien-être et la préservation de la nature ;
3 – L’endettement public financera exclusivement des programmes et projets d’investissement dans le domaine des infrastructures, ou des programmes et projets qui génèrent des ressources permettant le remboursement. On ne pourra refinancer une dette publique déjà existante qu’à condition que les nouvelles modalités soient plus avantageuses pour l’Équateur ;
4 – L’« étatisation » des dettes privées est interdite.
Aux Africains qui croient que nous sommes pieds et poings liés à vie aux IFI, encore une fois, nous leur disons qu’ils se trompent totalement. Aux Africains qui croient qu’il est bon de continuer sur ce très mauvais chemin choisi par nos dirigeants d’appliquer stupidement les dogmes ultralibéraux, nous leur donnons rendez-vous : nous ne ferons pas exactement ce que Correa, Morale et Chávez* ont fait, mais nous adapterons cela à notre sauce, une sauce panafricaine, avec nos ingrédients, en ayant toujours à l’esprit le bien-être de notre peuple qui passe nécessairement par l’unité de notre peuple !
Ce que Correa a fait, nous pouvons le faire !
Ce que Morales a fait, nous pouvons le faire !
Ce que Chávez a fait, nous pouvons le faire !
Ce que ces trois hommes ont fait en bien pour leur peuple, nous devons le faire !
Hasta siempre la victortia !
Umoja ni nguvu !
Obambé GAKOSSO, February 2013©
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*: Rafael Correa, au service du peuple
**: Nous ne reviendrons pas sur Chávez aujourd’hui. Quant à Morales, en attendant d’y revenir, on peut rappeler cette phrase : L’heure est venue, un jour très attendu, un jour historique qui voit la Bolivie reprendre le contrôle absolu de ses ressources naturelles. C’était sur un site exploité conjointement par Repsol, Petrobras et Total.