Epurebere, adi ibo ya ndziya yo: le blog d'Obambé Mboundze Ngakosso

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11 février 2013

Stephen Keshi, ce héros!

Classé dans : Sport — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 1 h 25 min

Il n’y aura pas de trait d’humour pour ce début de semaine. Non, c’est plutôt une très belle image que j’aimerais vous offrir. Celle d’un homme heureux. Il est porté en triomphe par ses proches et c’est un réel plaisir de voir et de revoir sans cesse cette image. L’image de la joie. Du plaisir partagé. De la communion.

Stephen Keshi, ce héros! dans Sport sk-300x201Cet homme, c’est Stephen Okechukwu Keshi. Il a fêté ses 51 ans le 23/01/2013 dernier, soit en pleine CAN (Coupe d’Afrique des Nations). Je me souviens encore du colosse et solide défenseur africain évoluant au RSCA (Royal Sporting Club Anderlecht), le célèbre club belge de la banlieue bruxelloise. Le plus grand club du plat pays. Avec sa tunique blanche et mauve, il ne laissait pas passer grand monde comme attaquants devant lui. Nous étions admiratifs de sa science et de son physique de malabar.


Avec le RSCA il remportera un championnat et deux coupes de Belgique. Si c’est ce club qui l’a le plus fait connaître, après le ACB Lagos (77-79), il aura joué en CI (Stade et Africa Sports d’Abidjan). Eh oui… Il sera le capitaine de la merveille équipe du Nigeria en 1994, lors de la World Cup aux USA. Ah! cette compétition, comment l’oublier? L’Afrique avait l’impression que personne ne pourrait empêcher ce Nigeria d’aller jusqu’au bout. Hélas! le rêve se brisera en huitièmes de finale devant l’Italie et ce satané Paolo Maldini tirant le maillot de Rashidi Yekini qui filait droit au but…

Oui, ce Nigeria de 1994 est l’une des plus belles sélections africaines qu’il m’ait été données de voir sur une saison. La victoire lors de la CAN à Tunis fut belle et cette génération exceptionnelle, conduite par Keshi, personne ne l’oubliera. En 64 sélections (beau score), il secouera les filets adverses 9 fois: très bon pour un défenseur!

Il est donc tout à fait naturel de retrouver ce meneur d’hommes, brillant, dans un staff technique. Il commencera par celui du Nigeria, sans en être l’entraîneur. C’est la Fédération togolaise de Football qui lui fait confiance pour la première fois. Non seulement il qualifie les Éperviers pour la CAN 2006 en Egypte, mais en plus, à la surprise générale, pour le mondial allemand de la même année. Je ne vous raconte pas la liesse au Togo. Combien de chefs d’États africains n’ont jamais eu conscience que les succès en football en particulier et en sports, en général, achetaient la paix sociale? La campagne égyptienne n’est pas une réussite (3 défaites) et Keshi est viré. Voilà bien le drame de nos fédérations: quand on confie une sélection à un Africain, on veut qu’il gagne tout et tout de suite. Keshi le subira et il l’a très bien dit dans une excellente interview, tout récemment, accordée au journaliste du quotidien français (Hervé Penot), L’Équipe. Le Togo engage un Allemand qui rentrera de la campagne germanique avec autant de points que lors de la CAN 2006: zéro point! Keshi sera plus tard rappelé au même poste (2006-2008).


Ensuite, il prend la direction des Aigles maliens (2008-2010). Le Mali et l’Algérie ont 4 points chacun et sont derrière l’Angola. Mais l’Algérie passe en quarts grâce à la différence de buts particulière (!) et le Mali plie bagages. En 2011, son pays lui fait enfin confiance et le résultat est là. Le Nigeria nous a offert le plus beau football lors de cette CAN. Qui n’a pas apprécié le quart de finale face à la Côte d’Ivoire (2-1)? Qui oubliera la très belle demie-finale face au Mali (4-1)? Quant à la finale, ne nous fions pas au but unique marqué par le jeune Sunday Mba.

Je ne sais pas combien gagne Keshi pour diriger les Super Eagles du Nigeria, mais je suis prêt à parier que c’est moins que la moitié de ce que gagnent les expatriés ayant dirigé nos sélections cette année. Les drames africains sont nombreux, ceux qui nous maintiennent dans cette fange et qui font que nous ne cessons et de nous plaindre et de nous enfoncer de plus belle. Nos élites dirigeantes (politiques, sportives, économiques) sont persuadées que le talent est occidental. Il ne saurait en être autrement et c’est encore plus flagrant en sports. François Zahoui n’a-t-il pas fait jouer du beau football aux Éléphants de Côte d’Ivoire en 2012? Il la mènera à la finale (perdue face à la Zambie, aux tirs au but), sans encaisser le moindre but. Mais pour des raisons qu’ils sont seuls à connaître, les dirigeants ivoiriens l’ont viré pour prendre le Franco-Tunisien, Sabri Lamouchi, qui n’avait jamais entraîné le moindre club. La CI a bu la tasse avec un jeu terne, souvent mièvre et la défaite face au Nigeria en quarts n’a été une surprise pour personne.

Allez, nous sommes lundi et je ne voudrais surtout pas vous fatiguer les yeux. Messieurs les dirigeants africains, s’il vous plaît, soignez-vous en lisant Cheikh Anta Diop et son disciple Théophile Obenga. Soignez-vous en repartant au village et en écoutant nos anciens, qui vous raconteront comment ils vivent au quotidien en faisant confiance à leur génie créatif. Tous ces milliards dépensés pour payer des expatriés, c’est autant d’écoles, d’hôpitaux, de centres de recherches qui ne seront jamais construits sur le continent.

Encore une fois, bravo à Stephen Keshi qui honore non seulement son pays mais en final de compte tout le continent. Bonne semaine à toutes et à tous.

 

Obambé GAKOSSO, February 2013©

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