Congo-Rive droite: Les 10 ans des Petits travaux
Au Congo, on aime fêter. Ce n’est pas peu de le dire et l’une des images qui colle le plus à la peau des Congolais est celle de fêtard. Peu importe ce que vous en direz, aucun Africain ne pourra croire le contraire : il trouvera toujours des exemples et des arguments pour confirmer cette thèse. D’ailleurs, même le parti politique, unique, qui dirigeait le pays, disait dans les années 80, Mikolo nyoso féti na féti, hé !
Il ne faut donc pas rêver : ce parti, de retour au pouvoir suite au putsch d’octobre 1997, ne pouvait que continuer avec cette culture de la fête à tout prix et par tout temps. Cette semaine, il est donc question de fêter les 10 ans de la délégation générale aux grands travaux (DGGT) que j’appelle de mon côté les Petits travaux. Le patron de cette structure (Jean-Jacques Bouya), qui avait déjà rang de « ministre » avec énormément de pouvoirs, a été bombardé il y a peu, ministre à la présidence avec toujours donc la main sur les Petits travaux.
Une émission spéciale a donc été consacrée à cette occasion avec comme intervieweuse principale, la journaliste Denise Epoté, de TV5. Il faut dire d’entrée qu’elle n’a pas été à la hauteur des enjeux. Elle est vraiment passée pour passer les plats. Bouya n’a vraiment aucune difficulté à répondre aux questions gentillettes qui lui ont été posées.
Je ne comprends toujours pas pourquoi nos dirigeants aiment tant l’emphase avec tous ces mots et concepts ronflants. « Grands ! mon Dieu ! Que la langue est massacrée quand on voit ce qui est écrit et les réalités sur le terrain.
Parmi les « Grands travaux » dont se targuent nos gouvernants, dont monsieur le « ministre à la présidence » (sic !), il y a par exemple l’aéroport dit international de la ville d’Ollombo. Je suis passé par là et, croyez-moi, j’ai failli pleurer : que d’argent jeté par les toilettes. Quel est le trafic de cet aéroport ? Bouya indirectement a reconnu qu’il n’y en avait point : tant mieux, nous sommes rassurés car sur ce point au moins, nous sommes en phase. Il y a aussi une lubie au Congo, sortie de la tête de je ne sais qui, qui consiste à construire des palais présidentiels dans chaque département du pays. Oui, si vous ne le saviez pas, désormais, vous êtes au courant. La première fois que j’ai entendu cela, j’ai vraiment à une blague. Et pourtant…
Nos éminents dirigeants estiment que la construction de ces palais présidentiels permettra au président de mieux travailler, chaque fois qu’il se rendra en province. Ce qui sous-entend qu’à ce jour, il ne travaillait pas assez bien ou mal quand il s’y rendait ? C’est curieux mais là aussi, on se rend compte de la similitude de pensées avec son prédécesseur et successeur, Pascal Lissouba, qui avait justifié l’achat d’un hôtel particulier à Paris (France) par le fait que cela allait lui permettre de mieux travailler quand il se rendait en France… Je suggère donc au président de la République et à chacun de ses collaborateurs de réfléchir à cette proposition émanant de ma part : la construction d’un palais présidentiel non seulement dans chaque chef-lieu de département, mais aussi dans toutes les villes et tous les villages que visitera le président. N’oublions pas aussi tous les pays étrangers que visitera plus tard le président : que chacune de ses visites soit précédée par la construction d’un palais présidentiel. Là, nous sommes tous sûrs que le président travaillera mieux et même beaucoup mieux…
Obambé GAKOSSO, February 2013©
Bambi,
J’ai vu cette émission: ce fut pathétique!
Honteux!
Et tous ces ministre, sénateur etc. qui étaient là pour appuyer les thèses défendues par le gros homme… Même Martin Itoua, au nom soi-disant de la société civile: quelle société civile?
B.C.