Congolaiseries (1)
Dans la série des Je ne savais pas, je voudrais parler de la direction générale du livre et de la lecture publique au Congo. Et donc, qui direction, dit directeur. En l’occurrence, c’est une dame, Mme Mireille Emma Opa Elion qui assume cette charge. Non, ce n’est pas une blague. Elle existe bel et bien et Internet est mon témoin dans cette affaire rocambolesque.
On adore les titres et les grades au Congo. Surtout là où cela n’en vaut pas la peine. Je me suis demandé en entendant cela**, à quoi sert cette direction et cette directrice, franchement ? Quelle est la politique du livre, au Congo ? Les Congolais savent-ils qu’à Mfoa nous avons une « Bibliothèque nationale » et ont-ils vu à quoi elle ressemble ? En 2006, M. Ruthin Bayélé Goma, directeur de ladite Bibliothèque nationale demandait, sans rire, Or, il est important que chaque Congolais qui écrit un rapport, un article de presse, un livre, nous fasse parvenir quelques exemplaires de ses travaux afin d’alimenter nos ambassades à l’étranger. Comme on est au Congo, vous remarquerez vite dans les articles dont je donne les liens que je vous donne que l’on parle de dons, encore des dons et toujours des dons. Voilà le Congo. Si on n’a pas de médicaments dans les hôpitaux, ce n’est pas dans une « direction du livre et bla bla bla » que l’on trouvera des sous. Enfin ! ainsi va le Congo…
Au niveau des directions encore, je vous invite à vous intéresser à la direction des arts et de la cinématographie, dirigée par M. Jean-Romuald Mambou. Oui, « cinématographie », vous avez bien lu. Qui peut nous dire où il y a encore une salle de cinéma ouverte où des films sont projetés, de Bétou à Kakamoueka ? Je n’en connais aucune. Ces salles sont occupées par des églises du réveil qui endorment et abrutissent le peuple tous les jours, avec la complicité de nos autorités (certains ministres sont pasteurs de ces églises !) Parmi les missions confiées à cet homme, il y a le fait de sortir le septième art congolais de cette mauvaise passe que le Congo, d’après le journaliste de La Semaine Africaine rédacteur de cet article. La question est la même que plus haut : avec quels moyens ? Quels projets avons-nous pour le « cinéma congolais » ? Du 01 au 09/03/13 prochains aura lieu la troisième édition du film international de Brazzaville. On a hâte d’arriver à cette date pour savoir : quel budget sera alloué à cette manifestation, quels seront les participants etc. Mais on a aussi hâte de savoir ce qui se sera dit ce 11 décembre 2012, donc aujourd’hui, à l’hôtel de la préfecture de Mfoa où a lieu une conférence-débat sur le cinéma congolais avec comme thème la problématique de la relance du cinéma congolais.
Vous savez que les Africains CFA (je ne sais pas comment cela se passe chez nos frères partiellement anglophones) adorent les « journée » quand elles sont décidées ailleurs. Nous ne faisons jamais de « journée pour que tout le monde ait l’eau potable 24h/24 » ; « journée pour que tous les Africains aient l’énergie électrique 24h/24 » etc. J’apprends donc que le 4 décembre était la journée internationale de la conservation de la faune. Soit ! Pourquoi pas. Christopher W. Murray et Marcel Van Opstal, ambassadeurs des USA et de l’UE ont organisé une conférence de presse pour sensibiliser l’opinion publique sur l’évolution inquiétante du braconnage et du commerce illégal des produits de faune sauvage, depuis ces deux dernières années en Afrique centrale, et de proposer des mesures à prendre au niveau politique et en termes d’actions concrètes sur le plan régional etc. C’est quand même hallucinant que, encore une fois, les questions du Bassin du Congo soient traitées au quotidien par l’Occident et ses représentants. Mais au Congo, on adore cela : attendre que les autres viennent régler nos problèmes. On fait des photos, on rigole et après on attend que le chèque tombe. Nous-mêmes ?
Obambé GAKOSSO, December 2012©
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** : Avant de tomber sur ces articles, c’est par un frère que j’ai appris cela. Merci à lui
L’esprit « pessa ngai » est une gangrène. En dehors des noms que tu cites, ton texte aurait pu être écrit il y’a dix ans, j’hésite entre pleurer et rire et les deux en même temps. Il y’a des jours où je me dis que c’est sans espoir et puis je me souviens que les autres sont passés par là et qu’ils ont réussi à dépasser ce stade alors pourquoi pas nous ? Avec plus d’O.G qui transmettront une autre façon de voir, de faire par leurs exemples, tous les espoirs sont permis ou bien ?
Salut Miss K.!
Oui, voilà bien le genre de texte qui paraît intemporel…
Oui, il y a de quoi hésiter entre rires et larmes, un peu comme dans Le pleurer-rire d’Henri Lopes…
Mais je te dirais que ce n’est pas sans espoir car comme tu le dis fort à propos, d’autres sont passés par là. Il y a un temps pour chaque chose, n’est-ce pas?
Merci à toi, Miss K.
@+, O.G.
Ndeko na ngaï,
A propos du cinéma justement, j’ai suivi une interview de ce MONSIEUR CINEMA à télé Congo.
A une interrogation du journaliste qui, prenant l’exemple du succès de l’indistrie audio visuelle nigérian dont les productions des soap opéras sont diffusés partout, notre expert en cinéma s’est empressé de dire que lui, travaillerait pour la qualité en sortant de vrais film en format Cinéma et non des DVD de soap Opéra.
S’était -il au moins posé la question de savoir dans quelle salle seraient projetés ses film, vu qu’il n’en existe plus….
C’est bien ce qu’on appelle; atteler la charrue avant les beufs
Ndeko na ngaï,
J’essaie de suivre cette « affaire » avec la plus grande attention et je ne vois toujours pas le sérieux de nos dirigeants, même en voulant être gentil.
Si je vais dans mon village et que je me mette à parler de courses hippiques comme projet, on ne me prendra pas pour un fou?
Il n’y a aucune salle de cinéma comme nous ne cessons de le rappeler. Pourquoi ne pas aller à l’essentiel? Il serait plus simple, plus économique de nous mettre une bibliothèque par département, déjà, que les enfants et les adultes puissent accéder à d’autres formes de connaissances, que de faire des chimères avec le « cinéma »…
@+, O.G.
Je ne peux m’empêcher de penser à cette belle histoire que me narra naguère un Frère ivoirien.
C’est un candidat à la députation qui parle dans un village, devant la foule: Votez pour moi, je vais construire un pont! Et un villageois de dire Mais il n’y a pas de rivière ici!
Réaction du candidat: On met d’abord le pont et ensuite on va amener l’eau!
Je l’ai déjà raconté mille et une fois, je ne m’en lasse pas.
@+, O.G.