Crash de l’avion à Makazou: le gouvernement brille toujours autant

 

Image de la carcasse et des populations

Vendredi 30/11/2012, un avion s’écrasait dans le quartier de Makazou (arrondissement 7, Mfilou) de Mfoa, capitale politique du Congo. « Encore un ! » serait-on tenté de dire. Je ne sais pas quel pays détient actuellement les records de crashs d’avion, sur les 5 ou 10 dernières années (Nigeria ? RDC). À l’allure où vont les choses, peut-être que le Congo pourra postuler ?

Le 04 mars 2012 et ses incroyables dégâts sont encore dans toutes les mémoires. Il suffit d’aller sur cet immense site dans la même ville de Mfoa pour se rendre compte des dégâts matériels. Je ne parle même pas des pertes en vies humaines, des mutilés etc. Les Congolais qui ne le savaient pas ont découvert ce jour-là que nous n’avions même pas d’ambulances pour secourir les pauvres citoyens, que nous n’avions même pas de médicaments pour soigner les blessés etc. Bref ! ces Congolais ont découvert ce jour-là que leur pays, grand exportateur (et non pas transformateur) de pétrole et de bois, n’avait en fait rien pour s’occuper d’un besoin basique de la population : la santé ! Faut-il rappeler que les quelques rares hôpitaux que nous avons sont en réalité des coquilles vides ? Allez-y faire un tour et vous ne serez pas déçus par le voyage.

Dans un pays sérieux, ou qui a la volonté de l’être, le gouvernement et les autorités municipales auraient travaillé très rapidement, avec des Hommes compétents afin que non seulement cela n’arrive plus (puisque, officiellement il s’agit d’une « catastrophe ») et qu’en cas de nouvelles catastrophes (ce qui n’est évidemment pas souhaitable), les autorités soient très réactives et que les secours ne soient plus au ras des pâquerettes. Or, nous connaissons tellement bien nos chers et aimables dirigeants que nous savions très bien qu’aussitôt le moment de grande émotion nationale (plus ou moins bien partagée), on oublierait vite les morts du 04 mars comme on avait oublié les morts de 1993, 1994, 1997, 1998, 1999, 2000 etc. La preuve vient encore d’être donnée par la gestion du crash du vendredi dernier. Prenons la journaliste de télé Congo, … qui dit, en s’adressant aux téléspectateurs (…) vous êtes certainement au courant qu’un crash se serait produit (…) On croit rêver. Mais je n’en veux que très peu à cette pauvre dame (Bibiane Kouloumbou, je crois) car nous sommes dans un pays où rien, plus rien n’est grave. 1 mort ? 100 morts ? Cela ne change rien pour nos diverses élites. La version en ligne du journal La Semaine Africaine, nous en apprend de belles : la Croix-Rouge est arrivée sur les lieux après les sapeurs-pompiers.

La Croix-Rouge est un regroupement d’organisations humanitaires. Voilà à quoi est réduit la vie congolaise et le fameux développement que l’on nous promet depuis des décennies : à coups d’aides !!!

Faisons encore parler La Semaine Africaine : Par manque d’équipements nécessaires, l’opération a continué le samedi matin, avec quatre agents de la morgue municipale mal équipés et vêtus de tenues inappropriées pour ce genre de travail. Six corps décapités ont pu être encore retirés des débris. Dois-je encore commenter et me faire traiter de méchant ? Une couche encore si vous n’en avez pas pour votre argent : En tout cas, jusqu’à 10h, le samedi matin, aucune intervention du gouvernement n’était constatée sur les lieux. Pas d’ambulances, ni de corbillards, ni de personnel médical ou d’équipes de secouristes n’étaient sur les lieux. Les mêmes flottements constatés lors du drame du 4 mars se sont répétés. Depuis le 04 mars 2012, le Congo a vendu combien de barils de pétrole et combien de mètres cubes de bois ? Tout serait parti dans le remboursement de nos créanciers extérieurs ? J’en doute fortement…

Posons-nous un peu. L’avion s’écrase vendredi soir, 17h30’ et samedi matin, 10 heures, le gouvernement est aux abonnés absents. Cela fait 16 heures 30’ pendant lesquelles nos éminences avaient sans doute mieux à faire que de s’occuper des pauvres victimes. Il faut dire que les fameux VIP*, caves, nganda et boîtes de nuit marchent tellement qu’on ne peut compter sur ces gens pour arrêter de dépenser un peu l’argent des Congolais. Peu après (le journal ne dit pas à quelle heure), le président de la République, arrive avec (…) quelques membres du gouvernement (…) sur les lieux du drame. C’est quand même un drôle de pays où chaque fois qu’il y a une caméra braqué sur le chef de l’État, il faut qu’il y ait tout son gouvernement ou une flopée de ministres autour de lui. Quand le président est souriant, ils sont tous souriants. Quand il a le visage fermé, ils tirent tous des mines d’enterrement. Je ne sais pas comment fonctionne notre gouvernement, mais on peut émettre les hypothèses suivantes :

• C’est inscrit dans les textes gouvernementaux ;
• Les ministres sont tous invités dès que le président bouge, à venir aussi ;
• Les ministres sont aux aguets et dès qu’ils apprennent que le président va aller déposer une pierre ou une fleur et hop ! ils sont tous là…

C’est triste mais c’est ainsi. Enfin ! demain, si un autre drame survenait, ne soyons pas encore une fois surpris de voir que rien de solide ne se fait. Quand un ministre ou un député a le moindre rhume, il bénéficie d’une évacuation en bonne et due forme dans les hôpitaux français, espagnol, marocains etc. Pour le reste, les gens peuvent toujours crever. C’est cela le Congo, émergent !

 

Obambé GAKOSSO, December 2012©

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* : De l’anglais Very Important Person, des Congolais ont décidé de donner cet acronyme à des lieux de vente et de consommations de boissons. Ne me demandez pas pourquoi, c’est comme ça. Je n’en sais rien.