Un collège qui ferme au Congo ? Et alors ?

Si le CEG d'Etoumbi avait subi les explosions du 04 mars, peut-être qu'il serait reconstruit?

C’est un frère qui m’a donné cette info. J’ai souri car dans ce pays, le Congo, rien ne marche vraiment normalement. Je le dis tous les jours. Le pilotage est à vue et il n’existe pas de vision à long terme. Depuis trop longtemps, hélas ! Oh ! encore une fois, sincèrement, je ne crois pas que je mettrai tout sur l’équipe dirigeante actuelle. Le mal est bien profond chez nous. Trop profond même.

La nouvelle, me direz-vous ? Etoumbi, vous connaissez ? Pas forcément. À moins d’être originaire de cette partie du pays, ou d’être bon en géographie ou simplement d’y avoir été. Si vous aimez l’histoire, peut-être avez-vous lu Abraham Constant Ndinga-Mbo ? Peut-être avez-vous lu Georges Mazenot ?* Si vous aimez l’huile de palme, vous avez peut-être entendu parler des palmeraies d’Etoumbi ?

Pour la petite histoire, à l’époque coloniale, Etoumbi était une des bases fortes de l’exploitation des palmiers à huile, enrichissant des entreprises occidentales. Les conditions de travail sont connues de toutes et de tous : les Kamit n’avaient pas le choix : on allait les chercher dans des villages alentours, dans les forêts où ils se cachaient afin qu’ils y travaillent et enrichissent le grand capital. Un beau jour, après qu’on ait traité les gens comme des esclaves, on est parti sans partir.

En 2003, une épidémie d’Ebola a fait 120 morts. Il y aura au total 4 épidémies de cette pathologie. Cette petite et discrète localité a de nouveau fait parler d’elle. Hier les palmeraies exploitées de manière sauvage avec des quasi-esclaves.

Le colon est parti. Il a tout pris ou presque. Il n’a rien construit. Nous avons repris les choses en mains et nous avons construit un collège**. Je ne sais pas combien d’habitants il y a actuellement à Etoumbi, mais quand j’ai appris par ce frère que le collège allait fermer… Je suis allé sur le site Internet qui en parlait***. La raison de cette fermeture ? La direction trouve que l’école est dans un état de délabrement avancé. Toitures des bâtiments emportées et murs fissurés ont obligé l’administration dudit établissement à abandonner le site, avant que le pire ne se produise. Voilà ce que nous dit entre autres l’article.

Je ne sais pas combien coûterait la réfection de cette école, mais on voit encore à quel point l’École congolais, l’Éducation nationale, la formation des enfants, censés hériter du pays demain, ne sont pas dans les petits papiers de nos dirigeants. Ils n’en ont cure ! Allez au Congo, regardez les parkings de nos administrations et voyez tous ces 4*4 rutilants qui coûtent pour certains 70.00.000 de XAF (106.714,31€). Je ne parle même pas des séminaires et autres rencontres organisées en grandes pompes pour brasser du vent, parler de choses avec des orateurs qui eux-mêmes ne comprennent pas grand-chose. Mais il n’y a rien pour les collèges, les lycées et autres écoles primaires du pays. Je ne parle même pas de l’enseignement supérieur qui jusqu’alors se résume à une seule et unique université. Voilà la gestion au Congo, sur cette question. Pourtant, Dieu sait que nous comptons régulièrement plusieurs ministres de ce domaine, en même temps.  Comptons encore (c’est épuisant, je vous avertis !) :

-          Ministre des Sports et de l’Éducation physique, Léon Alfred Opimba ;

-          Ministre de la Jeunesse et de l’Éducation civique, Anatole Collinet Makosso ;

-          Ministre de l’Enseignement supérieur, Georges Moyen ;

-          Ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’Alphabétisaation, Hello Matson Mampouya ;

-          Ministre de l’Enseignement technique, professionnel, de la Formation qualifiante et de l’Emploi, Serge Blaise Zoniaba ;

-          Ministre de la Recherche scientifique et de l’Innovation technologique, Bruno Jean Richard Itoua.

Que va-t-on faire des pauvres enfants qui ne pourront pas étudier un mois ou toute l’année ? Les profs au moins, ils auront leur paie chaque mois (puisque le gouvernement sans la moindre gêne se vante de payer les fonctionnaires alors que c’est son devoir de le faire). On ne se rend pas assez compte du crime que cela peut constituer de sacrifier autant d’enfants en les privant de formation, d’instruction. On nous bassine avec le mot émergence à longueur de journées : c’est avec ce genre de méthodes et des hommes en costume-cravate qui racontent des bêtises tous les jours à la TV que l’on va y arriver ? J’ai du mal à y croire.

Obambé GAKOSSO, November 2012©

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* : Savorgnan de Brazza, les frères Tréchot et les Ngala du Congo-Brazzaville: (1878-1960), d’Abraham Constant Ndinga-Mbo, chez L’Harmattan. Carnets du Haut-Congo 1959-1963, de Georges Mazenot, L’harmattan aussi.

** : Enfin, j’espère qu’il a été construit par les dirigeants congolais sans le moindre apport de la « coopération » européenne ou américaine.

*** : L’article fait 8 lignes, comme souvent, sur ce site.