Adieu, Docteur Abega!

J’ai appris la nouvelle ce matin* sur un réseau social. Rapidement, je suis allé chercher sur la toile, en vain. N’ayant pas confirmation de l’information, je me suis abstenu de rédiger mon billet. Mais plus les heures passaient et plus l’évidence se faisait jour.

Théophile Mbida Abega, alias Docteur Abega, l’un des meilleurs footballeurs que le continent ait connus, l’un de ses tout meilleurs meneurs de jeu venait de passer de vie à trépas. Cela m’a fait un choc. Pas un de ces chocs du genre « L’Afrique a perdu un grand homme ». Celles et ceux qui lisent ce blog savent à qule point j’adore le sport et en particulier le football. Sur les 11 joueurs alignés par une équipe, j’ai un faible immense pour les meneurs de jeu. Ceux que l’on appelait à l’époque les numéros 10. Ce sont eux que je regardais le plus quand j’étais un peu plus jeune. Et Abega en faisait partie.

Le talentueux footballeur du Canon Sportif de Yaoundé a enchanté les foules. Dire que son papa, Adolphe Mbida ne voulait absolument pas qu’il devienne footeux mais plutôt qu’il brille et réussisse à l’école. Le plus drôle c’est que lui-même, le papa était préisdent du club Lion de Yaoundé : à n’y rien comprendre ! Comme beaucoup de parents, il pensait que le foot était un garage pour les enfants ratés.

Avec le Canon, Abega engrange les titres : championnats nationaux, coupes nationales et surtout la C1, la Coupe d’Afrique des clubs champions, le plus prestigieux titre continental pour un club africain. Il la remportera par deux fois (78 et 80). Mais les télés africaines de l’époque n’ont rien à voir avec celles de nos jours. Il faudra attendre la finale de la CAN 84, à Abidjan, face au Nigeria pour que les aficionados africains apprécient comme il se doit le talent de cet homme aux pieds en or. Le Cameroun remporte la partie par 3-1 et par la même occasion la première CAN de son histoire. Abega est lumineux comme ses coéquipiers. Il éclabousse le jeu. Parti du milieu de terrain, le capitaine des Lions indomptables du Cameroun élimine deux joueurs avant de faire un une-deux avec un de ses coéquipiers. Dans la surface de vérité, de la pointe du pied droit, il secoue les filets nigérians : c’est le deuxième but de son équipe. Il était fin, racé, élégant et c’est avec joie qu’il recevra la coupe du président Félix Houphouët-Boigny.

Des années plus tard, la silhouette a pris de l’épaisseur et l’homme s’était lancé dans les affaires et la politique, obligé d’arrêter prématurément sa carrière de footballeur, suite une sale blessure face à la Zambie. Il est décédé ce jeudi matin à l’hôpital général de Yaoundé alors que les médecins disaient qu’il allait mieux et qu’il devait sortir hier. Mercredi. Que la vie est ironique, parfois.

Reste en paix, cher Docteur et surtout merci pour tout.

 

Obambé GAKOSSO, November 2012©

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*: Billet écrit hier, jeudi 15/11/2012. Hélas! suite à une impossibilité d’accès à mon blog, je n’ai pu le mettre en ligne hier