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9 novembre 2012

Veillées mortuaires, à quoi ça rime désormais?

Classé dans : Société — Obambé Mboundze GAKOSSO @ 17 h 28 min

 

Veillées mortuaires, à quoi ça rime désormais? dans Société vm

Image de veillée mortuaire à Kinshasa

Modernisme, tradition, modernité, culture, us, coutumes, etc. Des mots que nous utilisons au quotidien. Certains sont galvaudés. Totalement. Mais nous ne nous en rendons pas forcément compte.

Au Congo, déjà dans les années 80, nous étions témoins de drôles de comportements dans les veillées mortuaires. Des jeunes garçons et jeunes hommes mettaient du chanvre dans les grandes marmites servant à la préparation du café, café censé permettre aux participants de tenir jusqu’au petit matin. Résultat des courses, les pauvres hères qui ne sont pas habitués à la consommation de ce genre de substances, je ne vous dis pas dans quel état ils se retrouvaient ensuite…

D’autres s’amusaient à mettre des briques (en France on dit parpaings)  dans ces mêmes grosses marmites. Le goût ? Je vous laisse imaginer. Dieu merci pour moi, du collège jusqu’à ce que je quitte le pays, je n’ai passé que très peu de nuits dans ces veillées. Cadre familial, amical ou autre, j’y allais et je ne prenais jamais de cafés.

Vu qu’en Afrique centrale, la mort naturelle n’existe plus depuis des décennies, il y a forcément un sorcier derrière chaque mort. Gare à lui ! si les jours de veillée, il n’est pas protégé par un cordon de sécurité excellent : sa propre mort peut très bien être précipitée de façon efficace. Très efficace même.

Le jour de l’l’inhumation, cela peut –être encore pire. Comment oublier ces scènes de 1995 où des jeunes filles et des moins jeunes se dénudaient et se mettaient à danser à la morgue et le long du cortège funèbre ! Cela perdue encore, au vu et au su de ce gouvernement qui tous les jours gaspille notre argent en organisant des séminaires sur les antivaleurs, sans qu’on ait au préalable défini ce que seraient ou sont nos valeurs… Il suffit d’aller sur le Net pour voir certaines de ces vidéos !

Je ne sais pas exactement pourquoi les Congolais craignent les loges maçonniques. Le mot « franc-maçon » fait très peur, tant les gens sont persuadés que cela est synonyme de sorcier. Mais comme nous ne sommes pas à un paradoxe près, certains Congolais n’hésitent pas à accuser celles et ceux qui ont des signes extérieurs de « réussite », signes qui sont une grande maison bâtie, une véhicule beau (souvent un 4*4 ), etc. Le plus drôle qu’il m’ait été donné de voir, ce sont des gens qui « cachent » leur 4*4 de peur qu’on dise d’eux qu’ils sont francs maçons !

Il est vrai que les barrières les plus difficiles à faire tomber sont dans nos têtes. Certes, on ne peut tout changer, surtout du jour au lendemain. Il y a tout de même des mesures énergiques que les pouvoirs publics peuvent très bien prendre comme l’interdiction de ces veillées mortuaires car en faisant vraiment la balance , cela nous apporte plus de désagréments que de bienfaits car il y a bien d’autres choses néfastes que je n’ai pas citées : l’occupation anarchique de l’espace public durant une ou deux semaines gênant et les voisins et la circulation ; il faut débourser beaucoup d’argent pour nourrir les gens durant la veillée ; il faut préparer des billets aller-retour pour les ruraux qui viennent participer ; etc.

Ne croyez surtout pas que je sois contre cette coutume. Il nous faut honorer nos morts. Mais j’estime que c’est plus intéressant de s’occuper des vivants, surtout quand ils souffrent et je ne pense pas que la meilleure manière d’honorer nos morts est celle qui a cours depuis plus de vingt ans.

Obambé GAKOSSO, November 2012

8 réponses à “Veillées mortuaires, à quoi ça rime désormais?”

  1. Mère Evé dit :

    Ça fait plus de 20 ans ? En tout cas, c’est accablant. J’ai vu en DVD des obsèques dans ma belle-famille, j’étais accablée. Et surtout, je ne comprends pas cette peur de mesures de rétorsion si on empêche les agitateurs/trices de commettre leurs forfaits ! Quand j’ai vu ces jeunes filles avec leurs danses et chants pornos, j’ai souffert pour la mémoire de ma tante par alliance, pour la douleur ajoutée des personnes endeuillées…
    Et c’est vrai, la mort devient une industrie qui fait fonctionner les commerces, mais on sait trop peu sortir les moyens pour prévenir en payant les médicaments. Et ensuite, parfois, on n’arrive pas à payer pour des tombes avec fondations, les cimetières sont dans des états catastrophiques où parfois on ne retrouve même pas la trace de celui qu’on a perdu, juste quelques semaines après…

  2. Obambé GAKOSSO dit :

    Oui, Mère Evé, cela fait plus de 20 ans que ces étranges et honteux comportements perdurent. Ils survivent au temps. Alors que je croyais à l’époque que c’était une mode et que, comme toutes les modes, elle serait appelée à être démodée, nous en sommes encore là à les déplorer.

    @+, O.G.

  3. Liss dit :

    Et les nuisances sonores ! Tu oublies le matraquage des tympans dont est victime tout le voisinage, lors de ces veillées, c’est un problème sur lequel le ministre de la santé aussi devrait se pencher.

  4. Molekinzela dit :

    Mère Evé,
    Effectivement, j’ai vu sur le net ces images de filles qui se dénudent, de retour d’un enterrement.
    J’ai beau réfléchir, je n’arrive pas à faire le lien entre ce comportement obscène et irrévérencieux avec l’évènement malheureux dont il est question.
    Peut-être que quelqu’un ici aurait une ébauche d’explication…

    Ndéko na ngai,

    Effectivement, quand on observe bien l’organisation des veillées mortuaires depuis 20 ans, on constate également des évolutions pas toujours dans le sens positif du terme.
    Il y a une sorte de stratification du malheur en ce sens que les familles les plus friquées peuvent louer la prestation de plusieurs chorales… groupes de musiques traditionnelles, voire même des orchestres pour animer la soirée…
    Je vous fais grâce de la location de chapiteau, des chaises, groupe électrogène d’appoint et… auxquels il faudra ajouter la grande collation après l’enterrement et toute la colonie de parents et amis prolongateurs de veillée qu’il faut continuer à nourrir et qui ne sont nullement pressés de s’en aller…
    Il y a 20 ans, ces prestations étaient gratuites.

    S’agissant du point de vue de la soeur Liss concernant les nuisances sonores générées par une veillée chez nous, je serais un peu plus compréhensif.
    En effet,je n’imagine pas une veillée mortuaire qui ne soit pas « vivante » chez nous. Ce sont aussi les traditions et nous devons nous en accommoder.
    Un « matanga » est aussi un moment d’effervescence, de gaîté et de dérision où on écoute ou raconte de bonnes blagues. J’apprécie beaucoup cette ambiance joyeuse que je ne troquerais en rien contre une sorte de veillée mortuaire à l’occidentale que je qualifierais de « mortellement ennuyeuse ».
    Il faut, à mon avis, faire preuve de compréhension face aux nuisances d’un matanga, du fait de l’exceptionalité de la situation.
    Je pense pour ma part qu’en général le voisinage est tolérant et prend aussi part au matanga.
    Comme disait Luambo Makiadi: « Edzui voisin, koséka te… »
    A l’inverse, les pouvoirs publiques devraient traquer les nuisances générées par les cérémonies des églises de renouveau qui pilulent dans tous les quartiers avec leurs chorales.
    Ces nuisances là sont permanentes et très nocives. Je reste persuadé que les « églises de renouveau » pompent l’air même au bon Dieu qui n’a sûrement pas envie qu’on lui casse les oreilles toute la journée avec tous ces chants et prières « en stéréo »…
    Le bon Dieu se fatigue aussi comme on nous le raconte dans le récit biblique de la Genèse.

  5. Alain dit :

    L’intérêt d’aller dans les veillées mortuaires c’est qu’on y fait des rencontres très passionnantes. Pour moi qui suis toujours à l’affût d’une belle paire de…, je rentrai, au pays, toujours avec un joli prénom et une belle adresse de nana à conserver.
    Ici en Europe, c’est un peu compliqué. Les appartements sont trop petits et lorsqu’on attaque une nana, tout le monde vous regarde et la fille est du coup gênée.

    Alain.

  6. Grace Bailhache dit :

    Des femmes qui se déshabillent à une veillée ? Eh bien Obambé moi qui croyais avoir vu des choses absurdes, je me rends compte à la lecture de la première partie que je n’avais en fait rien vu de particulier.

    Ce qui demeure en revanche, c’est que je ne vais pas me répéter sinon pour dire, que toutes ces abus se produisent parce que nous le voulons bien. La peur de l’occultisme doublé du besoin quasi maladif de « l’épate » à deux euros sont les mamelles de traditions déposées de leur sens. Les morts n’ont plus rien à voir là dedans, les vivants ne pensent qu’à ce que diront, penseront ou commenteront leurs voisins et tous les anonymes qu’ils veulent éblouir.

    Pitié….

    Heureusement que morte je ne serais plus là pour voir ce que font les gens…

    Grace

  7. Angela Ivoire dit :

    « il faut préparer des billets aller-retour pour les ruraux qui viennent participer ». Encore une chose que je ne comprends : la famille du défunt déjà prouvée par la perte d’un proche, qui dépense énormément pour nourrir ce beau monde doit encore assurer le voyage-retour de ceux qui sont venus compatir. Ahurissant

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